Ce n’est plus une crainte mais une réalité bien tangible : selon une étude de la Banque de France publiée sur son site, 77% des établissements bancaires ont durci leurs conditions de prêt aux entreprises et aux particuliers au 3e trimestre, arguant une baisse de la demande et des difficultés à se financer en raison de la crise.
«Si l’on a pour le moment échappé au pire, c’est-à-dire à un "credit crunch" [pénurie de crédit, ndlr], le resserrement en revanche est très net, particulièrement pour les PME, et devrait se poursuivre au 4e trimestre», confirme le secrétaire général de la CGPME (Confédération générale des petites et moyennes entreprises) Jean-Eudes du Mesnil.
Assurance vie. Tandis que les garanties exigées par les banques ne cessent d’augmenter, les montants accordés ainsi que leur durée sont en revanche revus à la baisse. La CGPME, qui a mené son enquête, cite le cas d’une PME du Val-de-Marne dont le dirigeant a été obligé de contracter à titre personnel une assurance-vie en indiquant sa banque comme bénéficiaire en cas de décès afin d’obtenir un prêt. Elle met aussi en avant ces 20% de patrons, sur 1.500 PME interrogées, contraints pour débloquer un crédit de renoncer à leur «garantie Dutreil», du nom de cette disposition introduite par l’ex-ministre des PME, qui permet aux entrepreneurs de déclarer leur résidence principale insaisissable. Ce durcissement généralisé a été bénéfique aux banques puisqu’il s’est traduit, dans la quasi-totalité des cas, par une hausse des marges !
Menace. Face à cette détérioration du crédit qui risque d’accentuer le ralentissement économique, l’Etat multiplie les initiatives en prenant l’opinion publique à témoin. «Si les banquiers ne jouent pas le jeu, alors l’Etat n’hésitera pas à prendre des participations au capital des banques pour éviter qu’il y ait un dérapage», a menacé hier le médiateur du crédit René Ricol, selon lequel «une large partie de la crise sera évitée si les banquiers acceptent de soutenir toutes les lignes de crédit en cours pour les entreprises saines qui rencontrent des difficultés conjoncturelles». En échange d’une garantie de l’Etat à hauteur de 360 milliards d’euros, les banques se sont en effet engagées à accroître leur encours de crédit de 3 à 4% en rythme annuel et à ne pas revenir sur leurs engagements passés.
«Urgence». Alors qu’un site (www. mediationducredit.fr) doit ouvrir à la fin de la semaine pour collecter plus facilement les plaintes des entreprises, plus de 1.000 dossiers ont déjà été reçus chez le médiateur. «On ne peut pas dire qu’on soit installé dans une situation de crise, mais on se prépare à une dégradation des situations», note René Ricol. Le médiateur se dit confiant sur la collaboration des banques au dispositif de contrôle mensuel mis en place par le gouvernement, sans précédent depuis la fin de l’encadrement du crédit en 1987. «Il est trop tôt pour dire si cela va fonctionner, tempère la CGPME. Les outils sont là mais rien n’a encore changé. Au-delà de l’urgence, cette crise pose aussi la question du rééquilibrage des rapports entre banques et PME.»
(Source : Libération)
Lire également => La menace bidon d'une nationalisation partielle des banques
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