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Accueil La revue de presse Relance par la consommation : les mensonges de l'UMP

Relance par la consommation : les mensonges de l'UMP

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Xavier Bertrand affirme que la relance par la consommation, rejetée par Nicolas Sarkozy qui estime que «c’est comme de l'eau dans le sable» et préconisée par le PS, profiterait autant aux pays étrangers qu'à la France. Faux, assure l'OFCE.

Comment relancer la croissance ? Ou, plutôt, comment éviter qu’elle ne s’effondre davantage alors que l’INSEE devrait annoncer ce matin un recul autour de 1,2% pour le quatrième trimestre ? Deux thèses s’affrontent. Celle de la gauche, qui préconise notamment de distribuer de l’argent aux ménages pour doper la consommation. Ou celle retenue par Nicolas Sarkozy, qui entend favoriser l’investissement seul en aidant les entreprises pour préserver les emplois.

Quel est le plus efficace dans la crise actuelle ? Sur le plateau de France 2, le 29 janvier, le patron de l’UMP, Xavier Bertrand, face à Martine Aubry, la première secrétaire du PS, a dégainé un chiffre choc pour monter l’inefficacité d’une relance par la consommation : «Quand vous mettez 1 euro dans la consommation, vous ne mettez que 50 centimes dans la croissance. Parce que les 50 centimes qui restent, vous les mettez dans la croissance des autres pays. Parce que, bien évidemment, quand on achète, on n’achète pas toujours français !»

Martine Aubry, tout aussi sûre d’elle, le reprend de volée : «Ce n’est pas 50% de produits qui sont importés… c’est à peine 10% !» C’est la même règle, dit-elle, pour la TVA : «Quand on baisse la TVA et qu’on augmente la consommation, il n’y a que 10% des produits importés. C’est l’INSEE qui le dit ! Ce sont vos services !»

LES FAITS

L’argument qui veut qu’en aidant la consommation on jette l’argent par-delà nos frontières est répété à l’envi par le chef de l’Etat. La salve n’est pas dénuée d’arrière-pensées. Le plan de relance du PS, dévoilé le 22 janvier, fait la part belle à la consommation. A son menu, une prime immédiate de 500 € à tous les bénéficiaires de la prime pour l’emploi (PPE) et des minima sociaux, le relèvement de 30 € nets du Smic, le tout assaisonné d’une baisse de 1 point de la TVA (19,6% à 18,6%). Alors de Xavier Bertrand ou de Martine Aubry, qui a raison ?

L’INSEE, citée par Martine Aubry, refuse de les départager : «Les chiffres produits par Martine Aubry ne viennent pas de chez nous : On n’a pas travaillé sur le sujet.» Les économistes de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) sont plus loquaces. L’OFCE a été associée à un rapport d’information, à l’initiative du sénateur Bernard Angels (PS) et publié par le Sénat. Le titre du rapport est explicite : «La relation entre consommation des ménages et importations.» Mais son contenu a été peu médiatisé.

Que dit-il ? L’OFCE a regardé par type de bien (automobile, produits alimentaires, habillement…), quelle proportion est importée. Pour les produits alimentaires, la part des importations est de 8 à 10%. Pour les meubles, elle est de 20%. Et pour le textile, elle grimpe jusqu’à 40%. Au final, Martine Aubry, en brandissant son chiffre de 10%, n’est donc pas très loin de la réalité calculée par l’OFCE. L’organisme évalue en effet à 14% le contenu en importations de ce que consomme, en moyenne, un ménage. Mieux encore, si l’on s’intéresse aux foyers les plus modestes — les 10% des ménages ayant les plus bas revenus et ceux ciblés par le plan du PS —, le contenu en importation de leur chariot descend même à 12,7%.

Henri Sterdyniak, économiste de l’OFCE qui a planché sur le sujet, avance une raison supplémentaire de cibler les plus modestes : «Quand on regarde la structure de la consommation des ménages, on peut dire que les plus pauvres dépensent tout de suite 95% de ce qu’on leur donne. Tandis que chez les plus riches, c’est 20% seulement du montant restitué qui est consommé. C’est ce qu’on a mesuré pour les ménages qui ont bénéficié de réduction d’impôts.» Et puis, ajoute-t-il, «l’argument invoqué par le passé que si on ponctionne trop les riches, ils seront découragés de travailler… n’est plus tellement d’actualité». Voilà donc le groupe socialiste conforté dans son plan de relance.

En revanche, la baisse d’un point de la TVA laisse dubitatif Clément Carbonnier, économiste et auteur d’une étude publiée par l’INSEE. Parce que la baisse n’est pas toujours répercutée dans le prix du produit et que le consommateur, de son côté, n’augmente pas sa consommation dans les mêmes proportions que la baisse du prix. Tout dépend des produits. Si on prend l’automobile et que l’on baisse la TVA de 19,6 à 18,6%, le calcul de l’économiste donne ceci : la baisse d’un point de TVA donne seulement 0,21% d’automobiles vendues en plus. Une façon assez dispendieuse pour les finances publiques de booster la consommation.

(Source : Libération)
Mis à jour ( Lundi, 16 Février 2009 13:13 )  

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