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Contrôle social à tous les étages

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Carlos a 34 ans. Il a une licence de sociologie. Surveillant dans un LEP puis professeur vacataire, il a perdu son emploi en 2004. Depuis, il goûte aux joies du chômage, de la précarité… et du contrôle.

Après une longue traversée du désert, depuis la rentrée 2007, il n'a pas trouvé mieux qu'un poste de professeur de Sciences sanitaires et sociales dans un lycée privé, un CDI à temps partiel de 14 h/hebdo payé 13 € net de l'heure (alors que le tarif usuel est plutôt de 19 €), emploi qu'il est obligé de cumuler avec son ASS — allocation de solidarité spécifique — faute de pouvoir en vivre.

En l'espace de six mois, cette situation inconfortable (car rien n'est plus source d'embrouilles que celle-ci) lui a déjà valu deux erreurs de l'Assedic, qui lui a annoncé sans explication qu'il avait épuisé ses droits au cumul et exigé un trop-perçu : il s'est donc déplacé à plusieurs reprises pour régler ces malentendus liés à «un problème de logiciel». S'il n'avait pas été au fait de ses droits et fait preuve de ténacité, il se serait assis dessus comme, très certainement, bon nombre de personnes non averties ou découragées. Il a eu aussi l'occasion de remarquer que le centre de traitement d'Evreux perdait régulièrement les justificatifs de salaire qu'il leur envoyait, retardant ainsi le versement de ses allocations : autant de galères et de coûts associés dont il se passerait volontiers.

Bien qu'il fasse partie des quelque 800.000 chômeurs exerçant «une activité réduite», Carlos n'échappe pas totalement au harcèlement de l'ANPE devenue Gestapôlemploi et qui, en guise de «suivi personnalisé», lui téléphone régulièrement pour savoir où il en est, ou lui adresse des propositions d'emplois bidons (par exemple, formateur en comptabilité alors qu'il n'y connait rien) auxquelles il est bien évidemment obligé de répondre... Heureusement, il n'a pas encore eu affaire à la DDTE.

Le lycée privé où il exerce — et où les parents crachent 1.500 € par trimestre pour l'éducation de leurs ados — ne vaut pas mieux. Alors qu'il s'est plaint un jour au directeur d'être obligé de déjeuner en salle de classe (il n'y a ni cantine ni coin cuisine, ni salle des professeurs), celui-ci a opposé une fin de non-recevoir en lui lançant : «De toutes façons, vous n'êtes pas rentable». Depuis, l'ambiance n'a cessé de se dégrader et les attaques à son encontre sont de plus en plus régulières.

Carlos, déprimé, est allé voir son médecin qui lui a prescrit un arrêt-maladie. Quelle ne fut pas sa surprise de recevoir, quelques jours après, une convocation de la Sécurité sociale (certainement inspirée par son employeur) visant à contrôler le bien-fondé de son arrêt ! Le plus étrange, c'est qu'il doive se rendre pour cela à un centre de santé, qui plus est à 5 km de son domicile dans une zone très mal desservie par les transports en commun.

Carlos est en colère. Il se demande qui contrôle, par exemple, la présence de parlementaires grassement payés à leurs Assemblées, qui contrôle les actions d'un gouvernement qui ne pense qu'à criminaliser et sanctionner les plus fragiles, les plus modestes ? «Ces gens votent des lois qui ne s'appliquent jamais à eux ni à leurs proches, s'insurge-t-il. Mais, au fait, qui les contrôle, eux ?»
Mis à jour ( Mercredi, 25 Février 2009 05:45 )  

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