
Il est vrai que, malgré son explosion, certains secteurs continuent à recruter, qu'ils échappent miraculeusement à la crise ou «manquent cruellement de main-d'œuvre», c'est-à-dire connaissent par tout temps un turn-over récurrent exclusivement lié — on le rappelle — aux non moins cruelles conditions de travail qu'ils imposent à leurs salariés. Le fantasme des 200.000 ou 500.000 «offres non pourvues» vient d'ailleurs de là, prêt à nous être resservi en toute occasion.
Mais cette bonne nouvelle masque, plus que jamais, la question centrale du SALAIRE qui est bel et bien devenu «un gros mot», comme l'a affirmé Jean-Claude Mailly (FO) la semaine dernière au Grand journal de Canal+. Désormais, grâce au chômage de masse, la majorité des rémunérations proposées dépasse rarement le Smic, même pour des postes qualifiés, tant l'idéologie du «c'est toujours mieux que rien» triomphe, profitant ainsi au patronat.
Faut pas rêver !
Selon Sylvie Sanchez, directrice de la Maison de l'Emploi blésoise, renoncer à ses savoir-faire et prétentions en acceptant un travail peu qualifié pour ne pas s'enliser dans le chômage — c'est-à-dire subir un déclassement afin de ne pas perdre en «employabilité» — est la solution : «C'est un tremplin. On n'est plus coincé à vie dans un métier et on peut parfaitement envisager une évolution de carrière». Face à un marché de l'emploi inquiétant, les chômeurs s'adaptent de mieux en mieux, estime-t-elle : «Les demandeurs d'emploi sont plus réalistes. Ils sont souvent prêts à mettre leurs rêves de côté. Ils sont alors plus efficaces dans leurs recherches, c'est-à-dire qu'ils sont prêts à chercher là où il y a du travail». D'où, certainement, l'idée du nouveau système de rapprochement des offres de Pôle Emploi qui incite à élargir sa recherche plus que de raison tandis que les employeurs, eux, durcissent toujours plus leurs critères de sélection.
En clair les chômeurs, résignés par la peur, mettent enfin leurs exigences et leur «rêves» au placard : mission accomplie ! Le pragmatisme économique est en train de l'emporter sur la dignité humaine, avec l'assentiment — hélas — des principaux intéressés...
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Commentaires
Le problème c'est que, à l'image des emplois aidés qui emprisonnent le chômeur dans ce type de contrats une fois qu'il en a accepté un, une fois que l'on a accepté des emplois déclassés par rapport à ses compétences et à sa qualification, il devient encore plus rare de retrouver un poste répondant à ses "rêves" car l'employeur se questionne encore plus sur le profil de la personne qui n'a pas un déroulé de carrière de progression logique.
Bref, la déqualification entraîne la déqualification . Répondre | Répondre avec citation |
Serveur dans le milieu de la restauration, commercial, agent d'usinage ou de production dans un abattoir, télévendeur, peintre en bâtiment…
(…)
« C'est un tremplin. On n'est plus coincé à vie dans un métier et on peut parfaitement envisager une évolution de carrière. »
J'aimerai bien connaître l'évolution de carrière d'un peintre en bâtiment.
Handicapé pour cause de chute d'un échafaudage?
Et le serveur dans le milieu de la restauration, qu'elle est son évolution de carrière?
A quand le rétablissement de l'esclavage pour aider les chômeurs à obtenir un emploi? Répondre | Répondre avec citation |
Je me souviens de La Chercheuse d'Or, cette pièce de théâtre dont nous avions parlé ici même l'année dernière.
L'actrice, interprétant le rôle d'une chômeuse mère-célibataire à la recherche d'un emploi, était bouleversante alors qu'elle énumérait ses rêves : avoir un travail épanouissant, un appartement plus grand… avoir une retraite !!! Des «rêves à la con» qui, d'ailleurs, «ne devraient même pas être des rêves», disait-elle. Répondre | Répondre avec citation |
Faisons-en un cauchemar pour l'ami des patrons qui nous gouverne !!!! Répondre | Répondre avec citation |