Déjà menacé par une saisie, il n'a pas supporté d'apprendre, au Pôle Emploi de Parthenay, qu'il arrivait en fin de droits.
«Je regrette énormément le comportement que j'ai eu envers les fonctionnaires du Pôle Emploi.»
Cet homme de 39 ans n'a rien d'un excité à la barre du tribunal correctionnel de Bressuire où il comparaissait hier. Il parle calmement et on ne l'imagine pas sautant sur le bureau d'une conseillère du Pôle Emploi de Parthenay, se jetant sur elle et lui provoquant une grave fracture du genou. C'est pourtant ce qu'il a fait, le 10 mars dernier.
«En fait, j'ai pas réalisé ce que je faisais. J'étais en fin de droits et quand cette fonctionnaire m'a indiqué ça, j'ai cru que j'allais me retrouver immédiatement sans revenu et pour moi c'était la pire des choses...»
Deux jours avant, c'est à un huissier de justice qu'il s'en était pris. Après avoir reçu un courrier le menaçant de saisie s'il ne versait pas 300 €, il avait répondu par un SMS menaçant : «Si tu viens chez moi, je te coupe en deux». Le président Damien Desforges analyse ce geste : «Au lieu de négocier avec cet huissier, là, vous coupiez court à toute discussion». L'homme mesure pleinement combien son comportement est anormal : «Depuis, j'ai engagé des soins psychologiques...»
Un calvaire économique et social
Par le biais de son avocate, l'huissier ne demande qu'un euro symbolique en réparation des dommages et intérêts, ainsi que 400 € pour frais de procédure. En revanche, la salariée du Pôle Emploi fut autrement traumatisée par le comportement de ce chômeur. Par la voix de Véronique Emmanuel-Toribio, le ministère public a requis une peine de 10 mois dont 6 avec sursis : «Les agents du Pôle Emploi n'ont pas à subir des dommages collatéraux, physiques, parce que ce monsieur n'a pas supporté la froideur de la situation économique !»
«Toute violence est illégitime», a d'emblée précisé Me Gildas Lesaichère, avocat du prévenu. Mais il apporte des éléments qui peuvent expliquer ces coups de colères : «Sur son parcours, il est très pudique, mais il faut tout de même réfléchir sur ce qu'il a vécu. Il n'a jamais été violent. L'explication, elle est bien dans le calvaire économique et social dans lequel il se trouvait. Non seulement il lui fallait vivre avec des sommes très modestes (600 € par mois) mais en plus, il lui fallait en rembourser une partie en raison d'un trop versé !» Et l'avocat montre aussi du doigt les agents du Pôle Emploi, qui avaient noté des antécédents colériques du prévenu sur le registre "Hygiène et sécurité" de l'agence : «C'est illégal, ce traitement nominatif. On a décidé qu'il était un cas difficile. Quand on base ça sur ce type de fichage, on comprend mieux comment on peut en arriver à de telles situations.»
Finalement, le prévenu a été condamné à 10 mois de prison avec sursis. Durant la période de mise à l'épreuve de deux ans, il lui est interdit de prendre contact avec ses victimes — sauf si eux le souhaitent — et il aura obligation de les indemniser. Pour les dommages de la conseillère agressée, l'affaire est renvoyée sur intérêts civils en attendant la consolidation de sa situation médicale.
(Source : La Nouvelle République)
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