C'était pourtant l'une des mesures phares de l'acte 2 de la réforme des retraites intervenue en 2008 sous la houlette de Xavier Bertrand. Les entreprises qui ne signeraient pas d'accord augmentant significativement leur taux d'emploi de seniors se verraient prélever une cotisation équivalente à 1% de la masse salariale. Le patronat avait hurlé à la mort, les syndicats fait la moue...
La raison du recul de Brice Hortefeux, chargé de ce dossier au gouvernement ? La crise rend plus difficile l'augmentation du nombre de seniors dans l'entreprise, ces dernières se débarrassant — plus que d'habitude encore — en priorité de leurs salariés âgés quand elles doivent faire des coupes claires dans leurs effectifs. Le problème c'est que cette mesure (une cotisation de 1% de la masse salariale) était la contrepartie, certes minime, du passage progressif à 41 ans de cotisation d'ici à 2012 pour pouvoir toucher une retraite à taux plein.
Résultat, seuls les salariés vont recevoir un coup de bâton (la hausse de la durée de cotisation) pour soulager — partiellement — les comptes de l'assurance-vieillesse, et les entreprises ne vont pas avoir à se saigner. C'est bien dommage. Outre les salariés en activité, ce sont les seniors qui sont les grands perdants de l'opération. La crise donne en effet une excuse aux entreprises pour continuer à les exclure massivement, mais cette fois-ci avec un blanc-seing officiel des pouvoirs publics.
Ce n'est pas de cette manière que la France atteindra en 2010 les 50% de plus de 55 ans en emploi (objectif de Lisbonne fixé en 2000). Pour mémoire, la France, mauvais élève européen en la matière, dépasse péniblement les 38% aujourd'hui. Depuis 2000, son taux n'a que très peu progressé : 5 points !
Je doute que le doublement du nombre de tuteurs seniors dans l'entreprise, auquel réfléchit actuellement Laurent Wauquiez, soit de nature à les maintenir en emploi. En tout cas, tout le plan de 2008, basé sur l'incitation (cumul emploi retraite, tutorat, surcote…), prend l'eau de toutes parts avec la crise. La facture et les mesures correctrices à apporter (en 2010 ?) n'en seront que plus salées.
Marc Landré pour Le Figaro
NDLR : Sans compter que la nouvelle convention d'assurance-chômage leur est tout autant défavorable et que l'AER (allocation équivalent retraite) a été supprimée depuis le 1er janvier : on parle de la rétablir, mais uniquement pour 2009. Les seniors sont, une fois de plus, les dindons de la farce !
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