Afin de combler le déficit public, Eric Woerth a fait de la vente du patrimoine immobilier de l'Etat un de ses objectifs. Dans une interview publiée ce mardi dans La Tribune, il se félicite d'une baisse de la surface de bureaux occupés par les fonctionnaires : 60.000 m2 en moins en 2007, 77.500 m2 l'année dernière.
Satisfaisant mais insuffisant, juge le ministre du Budget. Au total, l'Etat occupe 12 millions de m2 de bureaux. Une surface encore excessive, selon Eric Woerth, qui s'est donc fixé un objectif très concret : «D'ici à la fin du quinquennat, nous voulons parvenir à un ratio moyen de 12 m2 par fonctionnaire, contre 15 m2 dans les administrations centrales et 18 m2 en province».
«8 m2 par salarié, c'est de la folie !»
L'Etat ne fait que suivre l'exemple du privé. Selon une étude du cabinet Cushman & Wakefield, en 2008, la surface moyenne par salarié en Europe est passée de 12,8 m2 à 12,4 m2. Problème : pour lutter contre le stress et améliorer la productivité, les experts du bien-être au travail préconisent au contraire l'augmentation de la surface de travail.
Odile Duchenne, présidente d'Actineo, un «observatoire de la qualité de vie au bureau», explique ainsi sur le site de Capital que la surface idéale serait de 15 m2 : «L'installation des open space a fait tomber le nombre moyen de mètres carrés attribués à chaque salarié. Au minimum, il en faudrait 10 à 12 par personne, dans certaines entreprises on est parfois passé à 8, c'est de la folie !»
Le bureau imaginé par Eric Woerth respecterait donc le minimum vital, mais s'éloignerait de l'idéal. Entre l'Etat économe et le fonctionnaire détendu, Bercy a choisi.
François Krug pour Eco89
NDLR : 15 m2 n'est qu'une moyenne qui va du luxueux bureau de 60 m2 au placard de 5 m2. Et, comme disait Georges Clémenceau, «les fonctionnaires sont comme les livres d'une bibliothèque : ce sont les plus haut placés qui servent le moins». Noblesse oblige, si M. Woerth et ses hauts homologues continueront de bénéficier de locaux très spacieux, ceux qui sont en bas et servent le plus devront, eux, se tasser... Charité mal ordonnée ne commence pas par soi-même : ainsi va un gouvernement qui, pour faire des économies alors qu'il refuse de revenir sur le coûteux paquet fiscal, applique des logiques bassement comptables qui ne pénalisent que les petits.
Articles les plus récents :
- 05/05/2009 21:03 - Travail du dimanche : le mensonge des Champs-Elysées
- 05/05/2009 20:35 - Hortefeux va «réfléchir» à un allongement de la durée d'indemnisation du chômage
- 27/04/2009 23:11 - Emploi des jeunes : 700 millions d’€ pour le patronat
- 24/04/2009 12:36 - Abus de faiblesse : Des méthodes de voyous
- 16/04/2009 22:08 - Portrait d’un expert du licenciement qui «adore la crise»
Articles les plus anciens :
- 15/04/2009 13:26 - La Pologne ou le chômage
- 15/04/2009 12:50 - RSA, dernier bilan : un impact sur l'emploi très limité
- 11/04/2009 15:23 - Salaires en Guadeloupe : un accord pingre et de courte vue
- 10/04/2009 13:34 - Vers un plafonnement de l'indemnisation des DIF
- 08/04/2009 21:51 - UIMM, patrons pourris : l'opération vérité se poursuit