La crise, façon sujet du bac Sciences et technologies de la gestion (STG). Soit une employée, en qualité de commerciale dans l’entreprise Sectora. Elle prospecte les grandes surfaces pour tenter de leur vendre des postes de caisses ergonomiques. Mais, la conjoncture morose aidant, elle ne parvient pas à remplir ses objectifs de vente. Après plusieurs formations prescrites par son employeur, la vendeuse n’améliore pas ses performances. Sujet distribué aux candidats de la série STG, épreuve économie-droit, cette année : la salariée reçoit «la lettre jointe en annexe (une convocation pour un entretien préalable au licenciement - NDLR) et conteste la décision prise à son encontre. Elle menace de porter l’affaire devant le tribunal. Le directeur de Sectora vous demande conseil»...
Parmi les conseils attendus du candidat : «Formulez le raisonnement juridique que devra conduire l’employeur si l’affaire devait être portée devant le tribunal», «Montrez en quoi la procédure de licenciement permet de garantir les droits des salariés» (sic). Le MEDEF n’aurait pas trouvé mieux comme thème de colloque pour faire plancher les patrons... Sur un plan méthodologique, pourtant, le sujet est conforme aux enseignements des STG. «Ce sujet ne me choque pas, il est complètement dans le cadre des programmes, estime Catherine, une professeure d’éco-gestion en lycée professionnel. Et je vous rassure, en classe, on ne traite pas que des licenciements ! Nous leur apprenons aussi à savoir lire une convention collective ou encore à décortiquer les règles en matière de droit du travail…»
Autre son de cloche à l’Union nationale lycéenne (UNL), jointe par L’Humanité, choquée à la lecture du sujet, indicateur d’une «dérive» dans les apprentissages, selon le syndicat lycéen. «Le sujet n’est vraiment pas approprié dans le contexte de crise qui frappe en particulier les jeunes, on le croirait écrit par Laurence Parisot», réagit Antoine Evennou, secrétaire général. «Désormais, les apprentissages ne visent plus à apprendre à l’élève comment remplir ses droits et devoirs en tant que futur salarié, mais à justifier les licenciements». Pour le responsable syndical, «on attend de la formation en STG qu’elle permette l’accès aux connaissances qui favorisent l’insertion professionnelle des jeunes, et non qu’elle vise à justifier leur exclusion».
Au SNES, syndicat enseignant majoritaire dans le second degré, la surprise est aussi de mise. «C’est extrêmement bizarre, commente un responsable. Bien sûr, l’élève sera jugé avant tout sur sa capacité analytique pour solutionner un problème, mais on aurait pu envisager de le faire travailler sur d’autres thématiques tout autant d’actualité, par exemple : comment maintenir le poste d’un salarié handicapé dans une entreprise ? La problématique inverse (celle de la sauvegarde de l’emploi en temps de crise - NDLR) aurait été tout-à-fait pertinente et adaptée»...
(Source : L'Humanité)
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