(...) Avec la crise, tous les contrats à temps partiel ont été supprimés. On voit que le RSA a été une variable d'ajustement utilisée par les entreprises pour avoir de la main d'œuvre à temps partiel. Je ne porte pas de jugement. Les allocataires bénéficient à la fois d'allocations et d'une activité à temps partiel, donc ce n'est pas négatif. Le problème, c'est que le RSA n'a pas résisté à la crise.
N'y a-t-il pas un risque de voir les employeurs céder régulièrement à la tentation du temps partiel ?
La loi n'a pas prévu de limite. On peut rester allocataire du RSA toute sa vie. Une commission nationale a fait une proposition pour éviter que quelqu'un reste dans cette situation indéfiniment, au lieu de tabler sur un CDD ou un CDI. Mais cette proposition a été rejetée. C'est un choix gouvernemental.
Quel bilan tirez-vous de l'expérimentation du RSA en Sambre-Avesnois ?
L'expérimentation n'a pas abouti à ce que le RSA soit une porte d'entrée suffisamment efficace en matière de retour à l'emploi. Selon les évaluations portées à la connaissance du gouvernement, le retour à l'emploi était d'environ 3,5% des allocataires. Sur notre territoire, le chômage a augmenté de 23,4% en un an. Alors, je me dis que ces 3,5%, c'est bien pour les intéressés, mais ce n'est pas grand-chose en définitive.
Vous n'avez jamais caché votre scepticisme...
Il est prévu une orientation qui sépare le parcours unique. Martin Hirsch a utilisé le mot "employable". Ceux qui sont considérés comme "inemployables" sont orientés vers l'accompagnement social. On met en cause cette notion de parcours unique. C'est très dangereux car certains peuvent rester au "RSA socle" [à la charge des départements, tandis que le "RSA chapeau" est à la charge de l'Etat - ndlr Actuchomage] toute leur vie. C'est une conception américaine de la société, avec des portes d'entrée.
Quels sont les secteurs d'activité porteurs quand on est au RSA ?
L'aide à la personne. C'est éloigné des emplois classiques, mais ce n'est pas négligeable. [Comme contasté dès les premières lignes, les socialistes, eux aussi, prêchent pour le misérabiliste «C'est mieux que rien» - ndlr Actuchomage]
Ne craignez-vous pas de voir le nombre d'allocataires dépasser vos prévisions budgétaires ?
Le budget du Département est de 394 M E alors qu'il était de 368 M E en 2008. Si nous sommes amenés à dépasser cette somme, ce sera à l'État de voir. Nous n'irons pas plus loin.
(Source : La Voix du Nord)
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