Depuis plus de deux ans, nous assistons impuissants à un profond séisme qui ébranle et ruine des acquis sociaux gagnés au fil des décennies et même des siècles. Cette casse sociale motivée par l’idéologie ultralibérale dominante, a trouvé depuis un an un prétexte imparable à sa poursuite et à son amplification : la CRISE.
Une crise systémique provoquée par cette idéologie rétrograde qui gangrène le monde, dont le principal postulat consiste à laisser aux marchés le soin de s’autoréguler, rendant inopportune et malvenue toute intervention du pouvoir politique dans la bonne marche de l’économie. C’est ainsi que Ronald Reagan, Président des États-Unis dans les années 80, déclarait : «Le gouvernement n’est pas la solution, c’est le problème», résumant en une phrase l’idéologie qui allait dorénavant dicter les règles de l’économie mondiale.
On a pu en mesurer depuis tous les bienfaits. Les marchés ne s’autorégulent pas, ils déréglementent. Ils distillent le poison du dumping financier, économique et social à court terme, avec pour conséquence la mise en concurrence déloyale des travailleurs entre eux, qui conduit invariablement au nivellement par le bas des salaires et des protections sociales. Le cas des salariés de Continental est de ce point de vue malheureusement exemplaire, eux qui avaient accepté de revenir aux 40 heures de travail hebdomadaire pour préserver leur emploi en France, avant qu’on ne leur annonce la fermeture de leur usine… sur fond de crise dans le secteur automobile et donc, par ricochet, dans l’industrie du pneumatique.
Face à ce forcing ultralibéral visant à produire au coût le plus bas (quelles qu’en soient les conditions et les conséquences), les ouvriers n’ont pas d’autre choix que de se battre pour obtenir des indemnités de licenciement les plus «avantageuses» par l’occupation de leurs usines, par la menace de les faire sauter ou la séquestration de leurs patrons. On peut comprendre ces sursauts de désespoir !
Leurs emplois sont condamnés, leurs perspectives de reclassement sont quasiment inexistantes dans des bassins industriels sinistrés. Le seul moyen de tenir, d’assurer un peu son avenir et celui de ses enfants, c’est de partir avec 20.000 ou 30.000 € avant de toucher le chômage puis, au bout de deux ans, l’ASS ou le RSA pour ceux qui y auront droit.
Des dizaines de milliers d’ouvriers sont aujourd’hui condamnés à cette perspective. Chaque jour apporte son lot de plans de licenciements un peu partout en France. Après les chômeurs qui ont peu de chance de retrouver du travail, les intérimaires en panne de missions et les CDD non renouvelés, les ouvriers vont, ces prochains mois et toute l’année 2010, remplir les charrettes à destination de Pôle (sans) Emploi. Nous en mesurerons l’hécatombe dès septembre…
Pendant ce temps, on assiste à une véritable débâcle syndicale, une piteuse retraite sur le front de la casse généralisée du tissu industriel français. Les ouvriers sont abandonnés à leur sort par des centrales résignées (ou collaborationnistes ?) qui, en 2009, n’ont rien fait d’autre que d’organiser de grands défilés improductifs.
Quand mettrons-nous enfin des visages sur les centaines, les milliers de drames qui se jouent en province, souvent dans des villes isolées ? Quand, dans une grande convergence de mobilisations, toutes celles et tous ceux qui voient leur emploi menacé (ou qui l’ont déjà perdu) vont marcher sur Paris pour montrer à la population que derrière les chiffres des licenciements actuels et à venir se cachent autant de drames professionnels, personnels et familiaux ?
La riposte tente de s’organiser, notamment dans l’est de la France où l’on annonce la création d’un Collectif de Résistance Ouvrière. Vous trouverez en commentaire ci-dessous un premier communiqué, en espérant que cette initiative ne reste pas sans lendemain.
Verrons-nous à l’automne plusieurs centaines de milliers d’ouvriers manifester leur mécontentement dans les rues de Paris ?
Avec nos petits moyens, nous soutenons cette volonté de RÉSISTER !
Yves Barraud pour Actuchomage.org et Rénovation-démocratique.org
=> Plus forts (et poignants) que les mots : LES IMAGES ET LE SON
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