Un de nos lecteurs, actuellement suivi par un opérateur privé dans le cadre d'une «recherche intensive d'emploi», nous signale les agissements de celui-ci.
D'abord, son CV a été «retouché». D'ouvrier d'entretien il s'est transformé en agent d'entretien, ce qui n'est pas du tout la même chose : le premier assure l'entretien et la maintenance de bâtiments, d'espaces verts, alors que le second fait… du nettoyage. Mais on lui a assuré qu’«agent d'entretien» est bien le terme employé dans les administrations (tant il est vrai que, de nos jours, il est peut-être plus facile de se faire embaucher pour faire du ménage à temps partiel et au Smic que de la maintenance à plein temps et pour un salaire décent).
Puis il a commencé à recevoir des réponses de la part d'entreprises qu'il n'a jamais contactées...
Efficacité, ou pression du rendement ?
On se demande quel est l'intérêt de ces méthodes : outre le fait de passer pour un con auprès de l'employeur qui vous téléphone (et croit, à juste titre, que vous êtes au courant), si c'est pour vous proposer un poste qui ne correspond ni à votre profil ni à vos attentes, tout cela est non seulement discourtois mais voué à l'écueil.
Alors, certes, on peut avancer l'argument de l’«efficacité» : quand il faut joindre le candidat pour avoir son accord au préalable, on perd un temps précieux pendant lequel l'offre peut être pourvue, surtout lorsqu'il s'agit de postes demandant un niveau de qualification peu élevé... Donc certains «coachs» ou «consultants», connaissant (en principe) vos critères de recherche, «anticipent» sur votre accord afin d'améliorer vos chances de décrocher le job. Mais le minimum, dans ce cas, c'est aussi d'en informer très rapidement l'intéressé pour éviter l'effet désastreux du candidat atteint de sénilité lorsque l'employeur le contacte.
Maintenant, cet empressement des consultants à «postuler sur tout ce qui bouge» et qui s'apparente, de près ou de très loin parfois, aux demandes des premiers concernés est aussi dû — ne nous leurrons pas — au fonctionnement de ce genre de boîte où le personnel, pour la plupart recruté en CDD (des précaires au service des chômeurs à l'heure de la privatisation), est périodiquement évalué à l'aune de ses «performances». Si les chiffres baissent, pas d'état d'âme : on leur indique la porte ! Dans ces conditions, beaucoup en oublient les règles de politesse les plus élémentaires, tellement ils sont pressurisés et stressés par le taux de réussite qu'on leur a assigné.
Est-ce légal ?
Nous avions eu le cas d'un chômeur qui a eu maille à partir avec son ANPE : une conseillère particulièrement zélée, et qui n'était même pas sa référente, adressait à des employeurs des CV de demandeurs d'emplois qui n'étaient pas dans son «portefeuille», sans leur demander leur avis ni même les en avertir. Ce procédé, contre lequel il s'est insurgé, lui a valu une menace de radiation de quinze jours ! Heureusement, sa ténacité lui a permis de faire classer cette affaire sans suite, et la conseillère zélée s'est fait remonter les bretelles. Car — que cela soit clair — un conseiller Pôle Emploi ne peut transmettre à une entreprise votre candidature que s'il a obtenu votre accord au préalable.
Même chose pour un prestataire privé. Le premier jour, on vous fait signer un «contrat d'engagement» qui est censé spécifier tous ces petits détails qui ont une grande importance. Or, notre ami lecteur nous raconte que ce contrat a été signé à la va-vite : on ne lui a pas laissé le temps de le lire en entier, on lui a juste dit que c'était une «formalité pour valider la prestation auprès de Pôle Emploi» (comprenez : actionner la tirelire !), et on ne lui en a même pas remis un exemplaire !!!
Quels genre de «clients» — puisque les chômeurs sont des clients, n'est-ce pas ? — traite-t-on habituellement de la sorte ? Les pigeons. Pas de double, pas de discussion possible, pas de délai de rétractation, rien ! Dans le commerce, cela s'apparente à de la vente forcée et à de la tentative d'escroquerie.
A tous les chômeurs qui vont passer à la moulinette du privé (ils seront 320.000 d'ici fin 2011 pour un coût évalué à 300 millions d’€; mais à 3.500 € la prestation, cela fait visiblement bien plus alors que leur efficacité n'est toujours pas prouvée…) nous recommandons la vigilance :
• Exigez de pouvoir lire tranquillement les formulaires qu'on vous présente avant de les signer.
• Imposez vos souhaits et soyez ferme : après tout, c'est Pôle Emploi et l'Unedic qui paient, rubis sur ongle, l'addition pour vous «accompagner» et cette manne financière, ne l'oubliez pas, est issue de vos cotisations salariales.
Vous êtes un «client» ? Soyez exigeant et faites valoir vos droits !
Vous êtes le «client» d'une entreprise privée : vous avez donc voix au chapitre.
A lire également => La face cachée d'Ingeus
Certains conseillers de l'opérateur privé qui assurait le suivi de chômeurs dans la région nord pourraient être licenciés. Du coup les langues se délient dans l'entreprise australienne, symbole de la privatisation rampante du service public de l'emploi : management à l'anglo-saxonne, course au résultat, pressions des objectifs, radiations...
A lire aussi => Souffrance au travail : un salarié d'un prestataire privé témoigne
Que ceux qui n'ont jamais fait un boulot avec des consignes ou des objectifs stupides lèvent la main !!!
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