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Quand l'Etat et le Medef ruinent l'assurance chômage

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Voici un état des lieux tout à fait limpide sur la situation alarmante de Pôle Emploi et de l'Unedic dont l'essorage est délibéré. C'est de la redite, mais en cette rentrée qui s'annonce difficile malgré le positivisme effréné de ceux qui nous dirigent, toute piqûre de rappel n'est jamais inutile.

L'Etat et le Medef assèchent les caisses de l'assurance chômage, qui se retrouve dans l'impossibilité matérielle de mener sa mission à bien. Qu'à cela ne tienne, les chômeurs seront confiés à des opérateurs privés pour un coût 7 à 10 fois plus élevé et des résultats… catastrophiques. C'est ce qu'on appelle "un plan qui se déroule sans accroc"...

L'assurance chômage n'est jamais qu'une assurance. Lorsqu'une tempête foudroie une région, les assureurs mettent la main à la poche pour indemniser les populations touchées, quitte à augmenter les cotisations l'année suivante. C'est le principe. Dans le cadre de Pôle Emploi, qui gère dorénavant l'assurance chômage, la situation est totalement différente. Une catastrophe bien peu naturelle...

Un gouffre financier programmé

La tempête, c'est la crise qui laisse des centaines de milliers de Français sans emploi. Ses effets sont en outre démultipliés par une volonté politique claire de laisser les comptes de l'organisme unique se déliter d'eux-mêmes. Le gouvernement et le Medef portent une responsabilité évidente dans ce phénomène, poussant systématiquement en faveur des baisses de cotisations patronales. Pour s'en assurer, il suffit de jeter un œil sur le dernier accord signé fin 2008 par la seule CFDT aux côtés des trois organisations patronales (Medef, CGPME, UPA). Celui-ci réduit le montant des cotisations patronales et prévoit de futures baisses quasi-automatiques en cas de résultat semestriel excédentaire. Et pour combler les déficits de 18 milliards prévus sur la période 2009-2010 ? Le conseil d'administration de l'assurance chômage a décidé de souscrire un nouvel emprunt afin de "restructurer sa dette", et donc aussi la creuser… pour ne pas alourdir encore le fardeau fiscal des entreprises. Et tant pis pour les demandeurs d'emploi !

Pôle Emploi lessivé par l'Etat, essoré par le privé

Car l'état des comptes de Pôle Emploi a des conséquences directes sur l'accueil des chômeurs. "Avec un effectif d'environ 19.000 conseillers pour 3.843.100 demandeurs d'emploi inscrits au mois de mai, un conseiller suit en moyenne 200 demandeurs d'emploi !" s'est plaint le SNU-Pôle Emploi dans un communiqué daté du mois de juillet. Pour réaliser les objectifs imposés par le gouvernement, "il faudrait donc tripler cet effectif ! Au lieu de quoi, on nous propose de recruter 1.840 conseillers, dont 800 en CDD ! C'est environ 5% des besoins !", affirme le syndicat. Quant aux chiffres officiels, selon Les Echos, au 1er janvier dernier, Pôle Emploi reconnaissait qu'un conseiller suivait en moyenne 90 demandeurs d'emploi. Soit 50% de plus que l'objectif de 60 fixé par la convention tripartite signée par Pôle Emploi avec l'Etat et l'Unedic. D'autant que ce chiffre recouvre des situations très diverses, la Franche-Comté détenant le record avec une moyenne de 121 dossiers par conseiller, 114 pour le Poitou-Charente...

Privatiser pour privatiser, moderniser pour moderniser

Des finances dans le rouge, des conseillers en surchauffe, et à l'heure où l'Etat consacre des dizaines de milliards d'euros aux différents plans de relance, rien n'est prévu pour Pôle Emploi. Mais le gouvernement a un plan. Imparable ! La privatisation... Pour faire face à l'afflux de chômeurs, l'Etat a décidé de confier dès maintenant près de 10% des inscrits – 320.000 dossiers en deux ans – à des opérateurs privés (BPI, Altédia, Ingeus, Adecco, etc). Des prestataires dans leurs petits souliers… qui toucheront 450 millions d'euros sur les deux premières années. L'association Agir ensemble contre le chômage (AC!) se rebelle : "Nous ne sommes pas de la chair à actionnaires !" dénonce-t-elle dans un communiqué. Selon AC!, les premières études montrent que dans le privé "un placement coûte de 7 à 10 fois plus cher qu’avec le service public". "Entre 3.500 et 7.000 €, contre 800 € par an pour Pôle Emploi", selon Maurad Rabhi, représentant CGT de l'organisme… pour des résultats trois fois moins bons, selon Le Canard Enchainé du 22 juillet qui cite les évaluations réalisées du temps de Jean-Pierre Raffarin. Pourtant, à cette époque, les entreprises privées étaient laissées libres de "trier les clients", sélectionnant les chômeurs les plus faciles à placer.

Mais le gouvernement ne s'arrête pas à ça : "Ça fait partie aussi d'un Etat moderne de piloter des réformes et d'externaliser, quand c'est nécessaire, quand il y a une surcharge ponctuelle d'activité, une partie des tâches" a affirmé Luc Chatel à La Tribune. Et pour savoir si la "modernité" est efficace ? Une nouvelle étude a été commandée… qui livrera ses résultats après le lancement de l'opération. Ça ne s'invente pas.

(Source : Les mots ont un sens)

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Mis à jour ( Mardi, 06 Octobre 2009 19:56 )  

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