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Accueil Mobilisations, luttes et solidarités La crise a accentué la déconnexion de nos élites

La crise a accentué la déconnexion de nos élites

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Flore Vasseur, auteur de «Comment j'ai liquidé le siècle», estime que la crise de 2008, qui aurait du sonner le glas des dérives du système financier, a au contraire renforcé la déconnexion entre le peuple et l'oligarchie au pouvoir.

Cette impression de déconnexion entre pouvoirs et réalité, entre une élite de plus en plus exsangue et ratatinée sur ses acquis et une société qui s’effondre sur elle-même devient douloureuse.

Tout démarre vraiment en 2008. La finance fait son lit – de mort – avec les subprimes. La bulle éclate, la société trinque. Le Politique a la formidable opportunité de reconnecter l’économie à la réalité. En lieu et place d’un projet de véritable ampleur, ou même d’une remise en cause, on a un sauvetage des banques sur les deniers publics.

Depuis, l’écart se creuse : le taux de chômage réel aux États-Unis dépasse les 22% selon shadowstats.com, un site qui démaquille les statistiques officielles. Le déficit extérieur américain augmente de 43%. Pourtant les marchés, Nasdaq en tête, renouent avec les records d’avant crise. Les liquidités injectées en masse par la FED, la Banque centrale Américaine, pour relancer l’économie n’auront servi qu’à acheter des biens à l’étranger et à doper les marchés. Ils se sont jetés sur cet afflux d’argent frais pour investir dans les produits spéculatifs : matières premières, valeurs technologiques.

N’y a-t-il pas un dirigeant, une entité, pour dénoncer cette fuite en avant ? Cette déconnexion précisément avec la réalité ? Surtout pas ! Gardons nous surtout de les empêcher de prospérer tranquille en avançant quelques revendications. Les augmentations de salaires, c’est pour les traders ! Le CAC 40 explose, la finance se régale mais pour Jean-Claude Trichet, le patron de la Banque Centrale Européenne, ce serait une «grosse bêtise», ce sont ses mots, que d’augmenter les salaires. Entre nous, cela ne l’a pas empêché, lui, d’augmenter le sien. Oyez, oyez pauvres pécheurs, faites ce que je dis pas ce que je fais ! Et regardez les bulles passer en silence.

Va encore que nos dirigeants ne saisissent pas l’injustice de leurs politiques économiques. Ils peuvent prétexter que les marchés vont trop vite, que la mondialisation, ma bonne dame, c’est bien compliqué, que le capitalisme est une tyrannie, que les institutions bancaires sont trop puissantes. Tiens d’ailleurs, comme un fait exprès Barclays est entrain de changer de statut juridique pour éviter d’avoir à se soumettre à la loi Dodds-Franck sur la nouvelle régulation bancaire. Encore une qui n’est pas prête de se reconnecter à la réalité.

Prospérons tranquille donc ! C’est ce qu’a dit aussi et entre autres l’un des fils Khadafi dimanche à la télévision pour calmer les protestants ivres de liberté : «Arrêtez, leur a-t-il dit, vous êtes en train de faire échouer un plan de 200 milliards d’investissement».

Comme en Égypte, il leur a coupé Internet. La déconnexion, mesure panique de gouvernements mal en point. Hillary Clinton en sait quelque chose : dans un étonnant numéro de claquettes toutes technocratiques, elle a dévoilé son plan pour défendre la liberté d’Internet dans les dictatures quelques jours après que le Sénat américain, son Sénat ait prolongé le Patriot Act qui précisément verrouille la liberté de l’internet aux États-Unis…

Mais la déconnexion la plus affligeante dans cette histoire, c’est la non réaction ou les réactions à contre temps de notre démocratie roupillante face aux soulèvements du Moyen Orient : silence radio au Quai d’Orsay alors que le régime libyen ordonne à son armée de tirer sur les manifestants et de brûler vifs les soldats qui refusent. Pourquoi ce silence ? Michèle Alliot-Marie subitement dépêchée au Brésil, on pourrait demander à Patrick Ollier, son mari, le Monsieur Libye du gouvernement.

Coincé entre des contrats en panne, un baril de pétrole qui explose et des électeurs qu’ils espèrent atones, notre gouvernement se tait, espérant que le souffle révolutionnaire passera en les épargnant.

C’est la Real Politik. Elle a rarement été glorieuse. L’internet l’a rendue plus crue.

C’est que, de déconnexion en clivage, notre élite n’arrive plus à penser. Morte de trouille, elle fonce droit vers la rupture. C’est comme la Bourse, une énorme fuite en avant. Un crash assuré. Heureusement, l’Elysée a son plan de com’ : Carla S. va chanter Trenet et susurrer Douce France en italien. Déconnexion donc…

Flore Vasseur - http://blog.florevasseur.com/


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