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Crise : la balle est dans le camp des peuples

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La Crise : après les saisons 1 et 2, vous adorerez la saison 3 ! Mais, à vrai dire, les scénaristes hésitent encore entre deux versions...

Bref rappel des épisodes précédents :

Saison 1 : crise des subprimes (c'est en quelque sorte le «pilote» de la série), mise en faillite «pour l'exemple» de la banque Lehman Brothers, capilotades en cascade des banques de par le monde, sauvetage en catastrophe du «système» par l'injection massive d'argent public, à la fois pour éviter l'effondrement des dites banques et la récession généralisée. Ouf !
Saison 2 : les banques sont sauvées, les gouvernements respirent, les marchés financiers se redressent, les profits augmentent (business as usual), le chômage et la précarité aussi, les déficits publics se creusent à mesure que les bénéfices des banques et les bonus de leurs dirigeants et des traders se gonflent. Les grandes entreprises et leurs dirigeants ne sont pas en reste.
Saison 3 : les marchés financiers, via les fameuses agences de notation, font les gros yeux : il faut combler au plus vite tous ces déficits publics. Austérité budgétaire, amputation des traitements des fonctionnaires, coupes dans les budgets sociaux (retraites, indemnités pour les sans-emplois…), le chômage reste à un haut niveau, la précarité s'accroît, le niveau de vie stagne, la croissance rechute.

Vous avez aimé les épisodes précédents ? Vous adorerez ceux qui sont en cours de tournage. Mais, à vrai dire, les scénaristes hésitent entre deux versions.

1. Quand l'indignation fait tache d'huile

Dans la première, l'épisode suivant se nomme «L'indignation fait tache d'huile». Dans la foulée des manifestations d'Athènes, de Lisbonne, de Madrid, ce sont la plupart des pays européens qui s'embrasent. Seules l'Allemagne et l'Autriche restent un peu à la traîne avec moins de chômage, plus de croissance et des comptes publics moins dégradés.

A la surprise presque générale, c'est à Londres que les choses vraiment sérieuses commencent. En réaction à la répression sévère des manifs d'Indignés de Birmingham (5 blessés graves, 250 arrestations), la capitale britannique est le lieu de la plus importante manifestation qu'ait connu le Royaume-Uni aux cris de «libérez nos camarades». Tout le centre de Londres est paralysé. La famille royale prend sur le champ ses quartiers d'été à Windsor.

A Paris, à Rome, à Bruxelles, des places symboliques sont occupées jour et nuit par des milliers de personnes, beaucoup de jeunes, mais aussi des familles et un nombre conséquent de retraités… Aucun gouvernement n'ose plus utiliser la force.

A l'initiative de Daniel Cohn-Bendit, Stéphane Hessel et Edgar Morin, une coordination européenne des Indignés où sont présents les délégués de quinze pays européens se réunit à l'abbaye de Royaumont et, après plusieurs jours de discussion animée, se constitue en Comité européen de résistance (CER). Lequel comité est chargé de rédiger un programme, le désormais fameux «programme du CER» qui sera soumis – pour lui être imposé – au Conseil des ministres européen réuni exceptionnellement le 4 août… En attendant, les occupations continuent.

2. Le chantage des banquiers

Dans l'autre version, les marchés mènent le bal : après avoir baissé la note de l'Italie, Standard & Poors vient le même jour de dégrader celle de l'Espagne et de mettre sous surveillance négative la note de la Belgique, tandis que, au même moment, Moody's et Fitch diminuent encore celles de l'Irlande et de la Grèce. Les cours de l'euro plongent.

Réunis d'urgence à Bruxelles, les ministres des Finances de la zone euro chargent Jean-Claude Juncker – président de l'Eurogroupe – d'une mission «visant à l'étude d'une restructuration ou d'un rééchelonnement éventuels des dettes des pays plus vulnérables de la zone».

La formule alambiquée ne trompe personne. Surtout pas les grandes banques françaises et allemandes qui ont en portefeuille plusieurs centaines de milliards d'euros de prêts à l'Etat grec. Les dirigeants des grandes banques allemandes (Commerzbank, Deutsche bank, Postbank) et françaises (Société Générale, BNP Paribas, Crédit Agricole) se réunissent en urgence à Baden-Baden dans une suite luxueuse de l'hôtel Steigenberger Europäischer.

Par la voix de Martin Blessing, le président du directoire de Commerzbank (qui, à elle seule, détient près de 3 milliards d'euros de dette grecque), les banquiers européens déclarent «déplorer solennellement les décisions de l'Eurogroupe sur tout rééchelonnement des dettes souveraines qui risquerait de replonger le système bancaire dans la crise et menacent de tirer toutes les conséquences nécessaires. Ils exigent des pays débiteurs qu'ils accentuent leurs efforts de remise en ordre de leurs comptes et de leurs économies». Une sorte de chantage !

Voilà. Les co-scénaristes se retrouvent dans quelques jours pour arbitrer entre les deux versions, voire pour les articuler l'une l'autre. La balle est dans le camp des peuples.

(Source : Rue89)

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Mis à jour ( Jeudi, 15 Mars 2012 16:34 )  

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