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Quelques recettes pour sortir de la crise

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A l'encontre des déclinistes, Valérie Rabault, économiste et co-auteur de "Les Trente Glorieuses sont devant nous", prend le contrepied du pessimisme ambiant. Notre pays est certes en difficulté, mais il a les moyens de rebondir.

Quel est votre sentiment sur l'état de l'économie française ?

La situation est contrastée. D'un côté, la France est toujours, après deux ans de crise, la cinquième puissance économique mondiale. Et lorsque l'on voit les dettes publiques abyssales de certains pays ou la difficulté des Etats-Unis à relancer la machine économique, on se dit que notre pays ne va pas plus mal que nombre d'économies avancées. De l'autre, on assiste à une dégradation historique de son déficit public avec 80 milliards d'euros supplémentaires en l'espace de trois ans et à une augmentation constante du chômage. Au-delà, le plus frappant, c'est le sérieux ralentissement de la "machine à progrès" depuis le milieu des années 1990, qui limite notre potentiel de croissance future.

D'où viennent les problèmes de la France ? Faut-il remettre en cause notre modèle économique et social ?

Pas du tout. Au contraire, les difficultés françaises viennent de l'abandon de ce modèle depuis quinze ans, qui avait pourtant fait le succès de l'Hexagone pendant les "Trente Glorieuses" de l'après guerre. C'était la déclinaison économique du triptyque républicain "Liberté, égalité, fraternité". Tout d'abord la liberté, qui incarne la prise de risque et son partage entre l'Etat et les entreprises privées. C'est la France qui a inventé cette collaboration unique au monde. Chaque fois qu'il y a eu réussite industrielle innovante, c'est grâce à des allers-retours entre public et privé. Second pilier : l'égalité avec le partage des richesses via l'ascenseur social et la protection sociale. Enfin le troisième, c'est la fraternité incarnée par la construction européenne et la capacité à attirer des migrants du monde entier à fort potentiel.

Ce modèle complexe a très bien fonctionné pendant trente ans. Mais depuis le milieu des années 1990, les trois piliers sont tombés en même temps : moins de prise de risque, augmentation des inégalités et avec elles l'idée de déclassement qui condamne la promotion sociale, et enfin absence d'avancée économique en matière de construction européenne. La France a voulu s'inspirer des modèles anglo-saxon, germanique, scandinave et en faire un mélange. Ce qui évidemment ne peut pas fonctionner. Résultat aujourd'hui, la croissance patine et les inégalités explosent.

Notre pays est il condamné au déclin pendant les prochaines années ?

Non, mais la France doit agir vite et ne pas rester dans cette situation de non choix. Sinon, dans cinq ans, elle ne pourra plus recoller les morceaux et le déclin sera inévitable. L'Etat doit se remette à investir dans des secteurs à forte productivité et qui constituent des leviers pour la croissance tels que l'énergie, les transports et la santé. L'éducation et l'aménagement du territoire doivent également être des priorités. L'Etat doit enfin remettre le modèle français d'origine sur les rails. Dans ces conditions et grâce à ses atouts — une population jeune comparativement au reste de l'Europe, des talents scientifiques et quelques beaux fleurons industriels reconnus dans le monde entier —, la France peut alors raisonnablement envisager une croissance de 2,5% par an à partir de 2020.

Pour redresser la France, vous proposez un plan de relance de 90 milliards d'euros sur trois ans, mais comment est ce possible alors que la France s'est engagée à réduire son déficit public de 7,5% du PIB en 2010 à 3% en 2013 ?

Les marges de manœuvre existent. Mais il faut que le gouvernement accepte de relever la fiscalité qui a atteint un point historiquement faible en 2010 : 41,6% du PIB contre 43,9% en 2006. Des actions ciblées sur la taxation des revenus et du patrimoine permettraient de dégager au moins 18 milliards par an. J'entends par là : le renoncement au taux réduit de TVA dans la restauration, le plafonnement global du montant de défiscalisation de l'impôt sur le revenu et l'abolition du "bouclier". A cela, peut s'ajouter une refonte de l'assiette de l'impôt sur les sociétés qui permettrait de relever le montant collecté de 10 à 15 milliards d'euros par an sans affecter la rentabilité des PME.

(Source : L'Expansion)

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Mis à jour ( Mardi, 14 Juin 2011 13:21 )  

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