La France est l'un des pays développés qui a le mieux résisté à la crise : son PIB n'a chuté "que" de 2,6% en 2009 contre 4,1% dans la zone euro. Mais la reprise est poussive. Tant et si bien que l'hypothèse d'un déclin durable de l'économie tricolore, non seulement par rapport aux pays émergents mais aussi par rapport aux partenaires européens, notamment l'Allemagne, surplombe le débat français sur l'après crise. Alors, la France est-elle vraiment condamnée à une croissance molle ?
"Il est non seulement possible de rattraper notre perte de croissance liée au choc de la crise économique, mais il est aussi possible d'accélérer notre croissance, indique Benoît Coeuré, directeur adjoint du Trésor. A conditions de mettre en œuvre les bonnes politiques et de mener les bonnes réformes". La Direction du Trésor a publié ce mercredi un rapport, réalisé en collaboration avec le Centre d'analyse stratégique (CAS), qui passe au crible cinq scénarios de croissance pour la France à l'horizon 2030. Du pire au meilleur.
Le scénario noir, c'est une croissance en panne (+1,3% de hausse annuelle moyenne du PIB entre 2020 et 2030) dans un contexte de déflation généralisée, de hausse du coût du capital et un taux de chômage durablement haut (8,5%).
Le scénario intermédiaire n'est guère plus rassurant : une croissance qui redémarre, tirée essentiellement par la consommation des ménages et non par l'investissement, pour atteindre 2,4% entre 2010 et 2020, mais qui retomberait à 1,4% au cours de la décennie suivante. Le chômage structurel se stabiliserait alors à 7,8%. Pour éviter que la croissance française ne prenne cette trajectoire pessimiste, des réformes sont nécessaires, selon le rapport.
Pas de croissance soutenable sans finances publiques saines
Premier axe de réforme : la France doit investir dans l'innovation afin de réorienter l'appareil productif vers les secteurs d'avenir que sont les nouvelles technologies et les technologies vertes. Pour redresser notre compétitivité à l'export, il est par ailleurs indispensable de mieux adapter l'offre des entreprises tricolores à la demande mondiale future, et notamment identifier les besoins des économies émergentes pour les vingt prochaines années. Si ces réformes structurelles portent leurs fruits, la croissance pourrait atteindre 2,2%, générer plus de 1,3 million d'emplois et faire baisser le chômage à 6,5% à l'horizon 2030.
Si, en parallèle, la France réforme son marché du travail, le taux de croissance du PIB pourrait même atteindrait 2,3% entre 2010 et 2020 puis 2,4% au cours de la décennie suivante. Le chômage baisserait alors à 4,5%, un niveau équivalent au plein emploi. Réformer le marché du travail, cela veut dire "améliorer notre système de formation, l'orienter vers les métiers d'avenir, faciliter l'accès à l'emploi des jeunes, et poursuivre les efforts de maintien dans l'emploi des seniors", détaille Vincent Chriqui, directeur général du Centre d'analyse stratégique.
Dans ce scénario rose, le PIB par habitant passerait de 26.000 euros en 2010 à 38.000 euros en 2030. Ce mode d'emploi de la croissance ne dit pas toutefois comment la France, vu l'état actuel de son déficit et de sa dette, peut financer ces réformes et investir massivement dans des secteurs d'avenir. Le rapport du Trésor et du CAS souligne que l'enjeu est de trouver un "policy mix" entre ajustements budgétaires et investissements. "Une croissance n'est soutenable que si elle n'est pas basée sur l'endettement public et privé", précise Benoît Coeuré.
(Source : L'Expansion)
NDLR : Pour assainir les finances de l'Etat, réformer la fiscalité devient de plus en plus urgent. Au lieu de raboter sans cesse les dépenses dans une logique purement comptable sans même chercher à augmenter les recettes, au lieu de dilapider l'argent public en le reversant à ceux qui en ont le moins besoin par le biais de niches fiscales et sociales — ce que fait le gouvernement actuel —, il faut plutôt le (re)prendre où il est !
Alors que nous sommes en crise et que les sacrifices pèsent sur une majorité de Français moyens, modestes sinon pauvres, qu'on cherche à dresser les uns contre les autres, les revenus des plus riches ont explosé ! L'injustice fiscale, cause de l'endettement privé et public, est bel et bien la plaie de notre pays.
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