Le Premier ministre, François Fillon, est ravi. Au premier trimestre, la croissance s’est établie à 1%, bien au-delà des prévisions de l’Insee qui avait misé sur 0,6%. Le chef du gouvernement a souligné que le pays faisait "deux fois mieux que la Grande-Bretagne et plus de deux fois mieux que les États-Unis sur la même période". "C’est en effet une performance exceptionnelle", confirme Mathieu Plane, économiste à l’Office français des conjonctures économiques (OFCE) : la France n’avait pas connu une telle croissance depuis le deuxième trimestre 2006.
Christine Lagarde, ministre de l’Économie, a pour sa part estimé vendredi que "tous les clignotants étaient désormais au vert", soulignant la bonne tenue de la consommation des ménages, de la production, et a salué le retour des investissements.
La France se place ainsi parmi les bons élèves européens ce trimestre. La croissance moyenne dans la zone euro a été de 0,8%. Mais, la France fait moins bien que l’Allemagne qui affiche 1,5% de croissance. Néanmoins, "ce trimestre, la France a rejoint l’Allemagne comme moteur de l’économie européenne", note Mathieu Plane.
Facteurs techniques
La crise ne serait-elle donc plus qu’un mauvais souvenir pour la France ? "C’est un phénomène conjoncturel. La croissance a surtout été portée par des facteurs techniques", avertit Mathieu Plane. Ainsi, une grande partie des entreprises a été contrainte de refaire ses stocks, ce qui explique la forte progression de la production qui représente 0,7% des 1% de croissance. "Depuis le début de la crise, l’inquiétude poussait, en effet, les sociétés à vider leurs stocks plutôt qu’à produire", confirme l’économiste de l’OFCE.
La bonne tenue de la consommation s’explique, quant à elle, essentiellement par les derniers effets de la prime à la casse. "Les prochains trimestres devraient être marqués par un ralentissement des dépenses des ménages", estime Mathieu Plane.
Facteurs démographiques… et rigueur européenne
Plusieurs facteurs indiquent en fait que cette croissance est avant tout un phénomène ponctuel. Le front de l’emploi fait toujours grise mine. Le gouvernement a beau se réjouir des 58.800 emplois créés (dont 13.500 en intérim), sur une croissance de 1%, "cela ne correspond qu’à 0,4% de créations d’emplois", souligne l’économiste. Le reste n’est que gain de productivité, ce qui préserve les marges des entreprises, mais au détriment de l’embauche de salariés.
De plus, selon le calcul de l’OFCE, le nombre d'actifs va encore s’accroître en 2011 de 140.000, compte tenu à la fois du facteur démographique et de la réforme des retraites. Pour faire reculer le taux de chômage cette année, les créations nettes d’emplois doivent donc dépasser les 140.000, ce qui reste encore incertain.
Cette croissance, qui ne génère que peu de nouveaux emplois, hypothèque également le pouvoir d’achat pour l’année à venir. "D’un côté, les ménages ne vont pas avoir beaucoup plus d’argent à dépenser et de l’autre, les prix vont continuer à grimper à cause de l’envolée du pétrole", explique Mathieu Plane.
Enfin, il y a les plans de rigueur européens. "Sans eux, la croissance française aurait pu dépasser les 3% en 2011", juge Mathieu Plane. Et non pas seulement 2% comme le prévoit le gouvernement qui s’est dit, vendredi, conforté dans ses objectifs par ce bon premier trimestre.
(Source : France24)
Selon BFM-TV, nombre des postes créés ne sont pas des temps plein
et au rythme actuel, il faudra encore 3 ans pour remonter la pente :
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