L’embauche de vacataires ou de contractuels à l’Education nationale est devenue courante ces dernières années. Notamment pour pallier le manque de profs remplaçants titulaires, décimés par les suppressions de postes. Mais jusqu’ici la pratique, dénoncée par les syndicats, était discrète, s’exerçant via des annonces à Pôle Emploi ou sur des sites Internet. Cette fois, l’Académie de Paris passe la vitesse supérieure.
Les candidats, amenés à être recrutés pour l’année scolaire 2011-2012 et titulaires d'un master ou d'une licence, voire d'un niveau de diplôme inférieur dans certains disciplines professionnelles, ont du postuler dans un premier temps sur le site Internet de Pôle Emploi. Ensuite, les présélectionnés devaient se présenter ce jeudi 26 mai, entre 10 heures et 16 heures, au centre d’information et d’orientation Mediacom (14e arrondissement) avec curriculum vitae, lettre de motivation, original et photocopie de leur diplôme. Hier, de bon matin, environ 200 personnes se bousculaient au portillon.
Les postes à pourvoir concernent 25 disciplines : électrotechnique, économie, gestion, génie thermique, techniques hospitalières, puériculture, langues étrangères, éducation physique et sportive, philosophie, biotechnologie, mathématiques, musique, sciences de la vie et de la terre... «Ce n’est pas la première fois qu’on recrute avec Pôle Emploi, mais c’est la première fois que nous organisons une telle journée», explique-t-on à l’Académie de Paris. Ce faisant, elle s’inscrit dans la volonté du ministère qui prône désormais, tout à fait officiellement, ce type de recrutement à la va-vite afin «d’introduire de la souplesse» dans le système de remplacement.
Interrogé en avril sur le fait que des parents d’élèves avaient passé une petite annonce pour trouver un prof remplaçant, Luc Chatel avait rétorqué que ce «n’est pas le rôle des parents de passer des annonces de recrutement», mais qu’en revanche il avait demandé «aux proviseurs qu’ils le fassent et qu’ils se mettent en contact avec Pôle Emploi». Le ministère avait alors expliqué que «cette pratique existait ponctuellement» et que «maintenant, ce recrutement complémentaire faisait partie officiellement de l’arsenal des mesures dont disposent les chefs d’établissement pour améliorer l’efficacité du remplacement». Comprendre par « efficacité », le fait de mettre un adulte devant les élèves. Car pour le reste, à savoir la qualification et l’expérience, les rectorats se contentent d’exiger un niveau bac+3.
«C’est une foire aux non-titulaires. L’académie se constitue un stock de précaires et même d’ultraprécaires auxquels on peut faire appel à tout moment, au dernier moment», explique Thierry Ananou, secrétaire académique du syndicat Snes. Il ajoute : «L’académie dit que c’est un moyen pour eux de connaître le métier. Mais on va les mettre directement devant des élèves, sans formation. Si on veut les dégoûter, on ne s’y prendrait pas autrement». Pour Thierry Cadart, qui est à la tête du Sgen-CFDT, «la vraie solution est la reconstitution du corps de remplaçants titulaires. Car là, on met en place un système parallèle de recrutement des remplaçants qui les dévalorise, et dévalorise notre métier».
(Source : L'Humanité)
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