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Chômage, salaires : les sales idées du patronat de la métallurgie

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L'UIMM propose de rétablir la dégressivité des allocations chômage et de moduler les salaires et la durée de travail en fonction des aléas de la conjoncture. Rien que ça !

Le «Manifeste pour l'industrie» que la célèbre fédération patronale de la métallurgie (UIMM) prépare pour l'automne dans le cadre de la présidentielle commence à se dessiner. Et ses grandes lignes devraient détonner ! Dans un document préparatoire, l'UIMM avance plusieurs «pistes à explorer» ambitieuses, afin de «construire une flexicurité du marché du travail». «Il s'agit d'axes que nous devons affiner et chiffrer», confirme un cadre de la plus importante fédération du Medef, qui tenait jeudi sa convention.

Cette note a été rédigée par Pierre Cahuc [1], professeur à Polytechnique, après avoir auditionné une vingtaine d'universitaires, chercheurs, hauts fonctionnaires, consultants, avocats, responsables syndicaux, chefs d'entreprise, DRH… L'économiste propose des angles de réforme sur trois champs : l'assurance-chômage, le service public de l'emploi et le contrat de travail.

Rétablir la dégressivité des allocations

«Il est souhaitable de limiter le coût et l'impact de l'assurance-chômage», écrit-il, suggérant de revenir sur les conditions d'indemnisation généreuses accordées aux travailleurs temporaires et surtout aux intermittents du spectacle. Un sujet tellement explosif que syndicats et patronat l'ont prudemment «oublié» lors des dernières négociations sur l'assurance-chômage.

Autre pilule qui risque d'être difficile à avaler par certains syndicats : considérant enfin que «les modalités d'indemnisation sont insuffisamment incitatives pour certaines catégories de salariés, notamment les plus qualifiés» [2], Pierre Cahuc suggère de verser une prime aux chômeurs qui retrouvent un emploi avant la fin de leur durée d'indemnisation, mais surtout de rétablir une forme de dégressivité des allocations. «On a eu un système dégressif dans les années 1990 qui n'a pas prouvé son efficacité», a critiqué jeudi, lors de la convention, Stéphane Lardy, le «M. Emploi» de FO.

En revanche, «afin de limiter l'usage des contrats courts», Pierre Cahuc juge utile d'étudier un système «dans lequel les cotisations diminuent avec l'ancienneté dans l'entreprise», ou encore un «bonus-malus sur les cotisations patronales» — deux revendications syndicales.

Moduler les salaires et la durée de travail

L'économiste propose également de donner plus de marges de négociation aux partenaires sociaux dans l'entreprise en permettant, via un accord collectif, d'«ajuster temporairement la durée du travail et les rémunérations des salariés, à la hausse comme à la baisse, en fonction de la conjoncture» [3]. Bref, pouvoir augmenter salaires et temps de travail quand l'entreprise fait face à une hausse temporaire de ses commandes… et les baisser en période de vaches maigres.

«De tels ajustements ont contribué à amortir l'impact sur l'emploi de la récession de 2008 en Allemagne, plaide Pierre Cahuc. En France, les très fortes limites imposées à de telles pratiques contraignent les entreprises à ajuster l'emploi» — en clair, à remercier intérimaires et CDD, voire à licencier — pour «s'adapter aux fluctuations de leur activité».

Redéfinir le licenciement économique

Le chercheur, qui militait en 2007 pour un contrat de travail unique — idée reprise par le candidat Sarkozy mais jamais mise en œuvre, faute de soutien patronal et syndical —, recommande enfin de revoir la définition du licenciement économique «qui repose sur une distinction peu claire entre sauvegarde et amélioration de la compétitivité des entreprises». Pour lui, la France se caractérise par «une exceptionnelle insécurité juridique de la rupture du contrat de travail» et des obligations de reclassement «particulièrement contraignantes», qui conduisent les entreprises à multiplier le recours aux CDD et à l'intérim «pour préserver leurs capacités d'adaptation».

(Source : Le Figaro)


NDLR : [1] Pierre Cahuc s'est déjà distingué dans un rapport sur le Smic où, estimant que celui-ci n'est pas «un moyen efficace pour réduire la pauvreté et les inégalités», il remettait en cause les règles de son indexation. Selon lui, au lieu de le revaloriser, il convient de «s’appuyer sur des mesures fiscales et des prestations sociales ciblées plutôt que sur un salaire minimum élevé et uniforme». Outre que le Smicard appréciera le caractère «élevé» de sa rémunération, Pierre Cahuc proposait ouvertement de transférer une partie du coût du travail des entreprises vers la collectivité.
[2] Comprenez : il faut coûte que coûte obliger les chômeurs, même qualifiés, à accepter les salaires misérables actuellement en vigueur sur le marché de l'emploi.
[3] L'idée est directement inspirée des préconisations d'un très récent rapport du Conseil d'analyse économique intitulé «Refonder le droit social» : plus antisocial, tu meurs !

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Mis à jour ( Mercredi, 22 Février 2012 13:23 )  

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