Dans son édition du 6 juillet 2011, Le Canard Enchaîné pointe l’héritage que Christine Lagarde a légué à François Baroin, son successeur au ministère de l’Économie et des Finances. Pour faire court, la grande argentière du capitalisme chancelant a laissé une France exsangue. Tous les indicateurs clignotent dans le rouge : Déficit budgétaire et endettement records, consommation des ménages en berne, prévision de croissance revue à la baisse, chômage revu à la hausse, déficit abyssal de la balance commerciale… On ne trouvera aucun motif de satisfaction dans le bilan de Madame Lagarde pourtant plébiscitée par ses pairs.
Si la France était au «bord de la faillite» (selon l’expression de François Fillon au lendemain de l’élection de Nicolas Sarkozy), aujourd’hui, la banqueroute menace !
Et ne comptons pas sur nos alliés européens pour raviver la flamme de la croissance qui fait cruellement défaut au vieux continent : les «cochons» du surendettement sont en passe d’être saignés à blanc l’un après l’autre. Aux PIGS du début : Portugal, Irlande, Grèce et Espagne (Spain en anglais), on peut aujourd’hui ajouter un autre « I », celui de l’Italie qui s’enfonce inexorablement dans la déconfiture et, sans doute dans les mois à venir, un « F » (comme France), puis un « B » (comme Belgique) et un « GB » (comme Grande-Bretagne)… Toutes les lettres de l’alphabet vont y passer.
À mesure que les classes populaires européennes s’enfoncent dans le marasme, le chômage, la précarité et la paupérisation – autant de maux dénoncés par des dizaines de milliers d’Indignés – les nantis, eux, ont trouvé dans la crise passée, présente et future, matière à arrondir leurs revenus, leurs patrimoines et leurs fortunes.
En France, le marché de l’immobilier en est l’indicateur le plus pertinent, le plus outrageux aussi. Sur le seul premier semestre 2011, il a gagné 7%. À Paris, le mètre carré dépasse à présent les 8.000 euros. Ce qui nous donne : 160.000 euros pour un studio de 20 mètres carrés, 320.000 euros pour un petit deux-pièces de 40 mètres carrés, 640.000 euros pour un appartement de 80 mètres carrés, soit plus de 4 millions de francs.
Prenons un couple qui dispose d’un apport de 50.000 euros et souhaite acquérir un deux-pièces à Paris. Pour rembourser son prêt de 270.000 euros sur 10 ans, il lui en coûtera 2.700 euros par mois HORS INTÉRÊTS. Et sur 20 ans : 1.350 euros par mois HORS INTÉRÊTS… pour 40 mètres carrés. Pas un de plus ! Pour y subvenir, ce couple doit disposer d’un revenu net au moins égal à trois fois le montant de son remboursement, c’est-à-dire 8.100 euros dans le cas d’un emprunt sur 10 ans, et plus de 4.000 euros pour un emprunt sur 20 ans. Ceci HORS INTÉRÊTS.
Cette flambée des prix ne contrarie d’aucune manière le marché de l’immobilier. Les biens proposés dans les agences mettent – en moyenne – moins d’un mois à trouver acquéreur. Et les acheteurs qui se disputent les rares logements disponibles à la vente sont, pour beaucoup, des «investisseurs». Ils n’y résideront donc pas et les proposeront à la location. Voilà qui donne la mesure du fossé qui se creuse entre ceux qui subissent la crise et ceux qui continuent à s’enrichir.
Et ces richards sont aussi ceux qui contribuent le plus au déficit de notre balance commerciale, par leurs achats de produits de luxe en provenance de l’étranger. Depuis 10 ans, les ventes de voitures haut de gamme, souvent allemandes, explosent. Les rues de la capitale et des grandes métropoles fourmillent aujourd’hui d’Audi, de BMW, de Mercedes, de Porsche, de Maserati, à 50.000 ou 150.000 euros le véhicule.
Ce sont les mêmes qui passent leurs vacances dans des destinations de rêve, à l’autre bout du monde, aux Maldives, aux Seychelles, en Australie… à 5.000 euros la semaine par personne, à 10.000 euros en couple, à 15.000 euros ou plus avec des enfants. Des budgets vacances de 30.000 euros ou de 160.000 euros par personne (pour un tour du monde) ne sont pas des cas isolés !
Ce sont les mêmes aussi qui, à la direction de leurs entreprises et de leurs commerces, délocalisent leurs productions vers des contrées où la main-d’œuvre est bon marché, entretiennent ainsi le chômage de masse et favorisent la précarité.
Les mêmes qui usent et abusent des combines pour échapper à l’impôt, pour placer tout ou partie de leurs fortunes sous d’autres latitudes moins regardantes, moins contraignantes. Les mêmes qui peuvent déployer une armada d’avocats pour défendre leurs intérêts quand les administrations s’intéressent de trop près à leurs «arrangements».
Et ce sont enfin les mêmes qui exigent un «assainissement» des comptes publics, une baisse des cotisations sociales (qu’ils qualifient de «charges») et qui préconisent la «rigueur»… pour les autres, pour tous ceux qui végètent au bas de l’échelle.
La crise, c’est eux qui en profitent, c’est nous qui la payons !
Voilà la raison pour laquelle nous ne sommes pas prêts d’en sortir. On peut d’ores et déjà annoncer qu’elle va s’amplifier.
Yves Barraud
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Commentaires
Et dans Les Echos, alors que Wall Street est préoccupé par la crise de la dette, j'ai été révoltée par ce titre d'article: «Nous risquons de connaître des jours effrayants sur les marchés»…
www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0201502464143-nous-risquons-de-connaitre-des-jours-effrayants-sur-les-marches-192823.php
Des jours effrayants… pour les marchés ? Alors que des millions de victimes de LEUR crise vivent l'enfer depuis plus de deux ans, on plaint "les marchés" et pas les individus qu'on laisse crever à petit feu, si ce n'est la bouche ouverte ! Ecœurant ! Répondre | Répondre avec citation |
Tout est réuni aujourd’hui pour une crise financière d’une ampleur potentiellement supérieure à celle de l’automne 2008 : le défaut d’un Etat suivi d’un effondrement complet du système financier. La question n’est pas de savoir si cela arrivera, mais quand. Et cela pourrait venir plus tôt que je ne le pensais…
www.marianne2.fr/Crise-l-alerte-italienne-c-est-du-serieux_a208413.html Répondre | Répondre avec citation |
La zone euro se déchire, les Etats surendettés redoutent la faillite… et les spéculateurs cherchent le moyen d'en tirer profit. Le 22 juin, à Monaco, lors du sommet GAIM International, où se rencontre le gratin des patrons de fonds spéculatifs, la remarque a échappé à Robert Marquardt, fondateur de Signet, un fonds qui investit dans différents fonds spéculatifs : avec cette crise grecque, à condition d'aimer le risque, "il y a certainement beaucoup d'argent à se faire", a-t-il lâché.
S'ils ne sont qu'une poignée, les fonds vautours, les spéculateurs ou investisseurs plus classiques, tentent et peuvent s'enrichir "grâce" aux déboires de la Grèce, avant l'Italie ou l'Espagne.
Comment ? Les opportunités sont nées de la pression exercée sur les créanciers privés d'Athènes. A ce moment-là, certaines banques, affolées à l'idée de perdre trop d'argent, ont été tentées de se défaire de dettes pour les revendre à des investisseurs plus audacieux.
Selon le Sunday Telegraph, au cours des trois derniers mois, de grandes sociétés de gestion et des fonds d'investissement américains (Loomis Sayles, BlackRock), suisse (Julius Baer), français (Natixis AM) ou allemand (Star Cap), auraient racheté l'équivalent de 150 millions d'euros de dette grecque… à vil prix.
"C'EST LE JACKPOT"
De fait, aujourd'hui, sur ce marché de seconde main, la dette à 10 ans de la Grèce s'achète environ 50% de sa valeur initiale, celle à 5 ans à 47%. Plus le temps passe, plus l'investisseur empoche de l'argent car la dette grecque, jugée très risquée, rapporte en ce moment plus de 15% l'an. Or, les investisseurs ont sûrement emprunté à un taux de l'ordre de 1,5%, calcule un analyste.
Autrement dit, le jeu est gagnant sur le court terme et si la Grèce parvient à honorer sa dette, "c'est le jackpot", poursuit-il. L'investisseur a empoché de juteux coupons et récupère, en plus, la mise initiale qu'il n'a payée que la moitié de son prix. En investissant à très court terme, "les rendements peuvent atteindre 50% !", s'enthousiasme cet expert.
En cas de restructuration de dette, c'est une autre histoire : il faut que l'effort réclamé aux créanciers privés ne soit pas trop sévère, et requière un abandon de créance de moins de 50% de la mise, pour ne pas être perdant. Autrement dit, les spéculateurs n'ont pas intérêt à ce que le pays fasse défaut. En outre, s'ils peuvent se faire beaucoup d'argent, ils sont peu à naviguer dans ces eaux troubles. En ce moment, le marché de la dette grecque est déserté. "Les volumes sont dix fois inférieurs à ce qu'ils étaient avant la crise", constate un opérateur.
Reste une autre méthode pour s'enrichir : jouer avec des credit default swaps, ou CDS, ces titres de garantie servant à se couvrir contre le défaut d'un pays. Un marché de 78 milliards d'euros pour la Grèce, selon Natixis. Mais pour en profiter, il fallait être visionnaire et s'emparer de CDS à un prix raisonnable, avant la tourmente.
Aujourd'hui, les propriétaires de CDS peuvent gagner de l'argent s'ils parviennent à empocher la prime versée en cas de défaut officiel du pays, ou s'ils arrivent à les revendre plus cher. En faisant, par exemple, courir le bruit que le pays va droit à la catastrophe pour augmenter le prix de la prime d'assurance ? La méthode serait malhonnête, mais les experts soupçonnent certaines rumeurs d'être issues de financiers sans scrupule.
www.lemonde.fr/economie/article/2011/07/13/pour-les-hedge-funds-speculer-sur-la-dette-souveraine-peut-rapporter-tres-gros_1548139_3234.html#ens_id=1268560 Répondre | Répondre avec citation |
exemple plan d'austérité (source wikipedia):
la suppression des 13e et 14e mois dans la fonction publique compensée par une prime annuelle de 1 000 euros pour les fonctionnaires gagnant moins de 3 000 euros et
gel des salaires des fonctionnaires pendant trois ans
si le treizième mois est maintenu dans le secteur privé, la flexibilité du marché du travail sera renforcée
la durée de cotisations retraites sera portée de 37 annuités à 40 annuités en 2015
ouverture de professions fermées
taxe sur les résidences illégales
nouvelle hausse de la TVA portée à 23%
réduction de 10% des budgets des ministères,
intensification de la lutte contre l'évasion fiscale et une diminution des transferts financiers aux collectivités locales
réduction de 25% des salaires dans la fonction publique et de 15% des allocations de chômage, de retraite et de congé de maternité Répondre | Répondre avec citation |
En 2012, ils vont passer à une autre échelle, j'en suis convaincu, quand la stabilité politique sera assurée. La/le futur président(e) va faire le sale boulot des marchés financiers comme en Grèce, au Portugal et maintenant en Italie.
Régression sociale sur toute la ligne pour faire allégeance aux vampires qui détiennent la dette.
Nous pouvons être assurés du soutien du prochain locataire du palais présidentiel à cette poignée de très riches pour qu'ils continuent à s'en mettre plein les poches et à nous traiter comme des bêtes de somme bonnes qu'à travailler ou à finir à la boucherie si nous sommes malades ou trop vieux pour marner. Répondre | Répondre avec citation |