Il ne fait pas bon récupérer de la nourriture dans son entreprise, indique L'Express qui relate l'histoire hallucinante de deux salariés, licenciés pour avoir ramassé des restes de buffets organisés au sein du cabinet d'avocats parisien où ils étaient employés depuis plus de trois ans. On leur reproche "la disparition régulière de nourriture et de bouteilles à l'issue de repas servis dans le cadre de réunions clients ou de réunions internes". Les intéressés reconnaissent s'être servis, mais uniquement d'aliments entamés et après s'être assurés que tout partait à la poubelle... Ils ont reçu le 27 juin leur convocation pour un entretien préalable de licenciement le 7 juillet et ont été mis à pied à titre conservatoire. Ils vont, évidemment, saisir les Prud'hommes.
Autre affaire tout aussi sidérante — peu de temps après celle, très médiatisée, du salarié de Monoprix à Marseille qui a failli perdre son emploi après avoir récupéré des melons dans la poubelle de l'enseigne —, celle de cette agent de maîtrise d'un magasin ED à Nieppe, dans le Nord, qui fait l'objet d'une procédure de licenciement pour faute grave après la découverte dans sa voiture de légumes "défraichis" : Licenciée pour un vol de poireaux pourris, tel est le titre de L'Expansion. Parallèlement, dans le cadre de son travail, cette mère célibataire devait jeter pour 300 euros de marchandise par jour... Ecœurant !
Elle aussi va poursuivre son employeur devant les Prud'hommes. A l'instar des deux salariés du cabinet Gide-Loyrette-Nouel, elle échappe de justesse au "droit de timbre" de 35 euros, taxe instaurée en catimini par le Parlement (article 20 du projet de loi de finances rectificatives adopté le 6 juillet 2011) et dont devra s'acquitter, à compter du 1er octobre, tout justiciable qui entamera une procédure. Car en France, avec l'UMP, l'accès gratuit à la justice pour tous, c'est terminé !
Et pendant qu'on jette des salariés qui ne supportent pas qu'on jette de la nourriture, les pays les plus riches pinaillent sur le milliard d'euros qu'il faudrait débloquer pour sauver les victimes de la sécheresse et de la famine en Somalie.
Et, pendant qu'on jette des salariés qui ne supportent pas qu'on jette de la nourriture, nous vient à l'esprit la chanson de Denis Robert : «Ils s'en prennent toujours aux voleurs de poules, jamais aux pilleurs de foule». Le courageux journaliste évoquait alors Clearstream, mais ce constat est valable pour Monoprix, ED, "l'aristocratie des avocats" comme celle des actionnaires, et tant d'autres voleurs si présentables, drapés dans leur puissance...
SH
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