C'était écrit noir sur blanc :
LOI n°2008-758 du 1er août 2008 relative aux droits et aux devoirs des demandeurs d'emploi
[...]
Article 4
[...]
IV. ― Avant le 30 juin 2011, le Gouvernement dépose au Parlement un rapport sur l'impact sur le retour à l'emploi des intéressés de la suppression progressive de la dispense de recherche d'emploi et, le cas échéant, au vu de ces éléments, sur l'opportunité d'un aménagement de la législation.
(Source : Légifrance)
Or nous sommes le 1er juillet, et rien ne transpire. Surtout pas dans les médias qui occultent au maximum l'actualité sociale à grands renforts d'écrans de fumée permanents.
Du côté des syndicats non plus : n'étant pas destinataires de ce document, ils ne peuvent nous en dire plus.
Du côté du Parlement, la chose est difficile : j'ai, par exemple, demandé à ma Députée si elle avait eu vent de quelque chose. Son assistant, m'avouant qu'ils étaient submergés de rapports en tous genres, m'a assuré qu'il mènera son enquête, y compris auprès d'autres députés. J'attends sa réponse avec impatience.
Donc, pour l'instant, pas moyen de savoir si ce bilan d'étape a bien été réalisé, puis déposé comme promis au Parlement. Mais, à l'instar du récent rapport sur les heures supplémentaires défiscalisées par la loi Tepa, nous ne pouvons qu'en imaginer les conclusions... Il est évident que la suppression de la DRE n'a eu aucun impact positif sur l'emploi des seniors, puisqu'ils continuent à gonfler les chiffres de Pôle Emploi.
Tous ces vieux qui se la coulent douce et attendent la retraite…
Aussitôt élu, Nicolas Sarkozy nous faisait croire que tout allait pour le mieux, qu'il y avait de l'emploi pour tout le monde (malgré un taux de chômage qui gravitait autour de 8%) et que les chômeurs étaient des fumistes. Quant au problème des seniors, il a voulu nous faire croire qu'il était dû à l'existence des préretraites et de la dispense de recherche d'emploi — considérée comme «un système de préretraite financé par l'Unedic» —, qu'il fallait supprimer au plus vite.
C'est Christine Lagarde, alors ministre de l'Emploi, qui s'en est chargée. Les seniors «doivent pouvoir chercher du travail parce que tout simplement on est dans un monde qui vieillit mieux, qui vieillit bien et qui va travailler plus longtemps», affirmait-elle, surfant à dessein sur l'appellation fallacieuse de la DRE — qui est en réalité une dispense de pointage mensuel et de suivi à Pôle Emploi, non de recherche d'emploi : ainsi, beaucoup de «dispensés», qui n'ont jamais compté sur l'ANPE et refusaient de se résigner, continuaient à postuler. En vain.
Un "plan senior" qui n'a servi à rien
Car, déjà à l'époque, les seniors (considérés comme tels dès l'âge de 40 ou 45 ans) étaient la cible privilégiée des licenciements, puis de la discrimination à l'embauche. Avec l'instauration de la rupture conventionnelle en août 2008, à ce jour, ils sont particulièrement exposés à son utilisation abusive.
C'était en grande fanfare que Christine Lagarde, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez ont alors présenté leur "plan seniors" qui visait à les inciter à rester dans l'emploi tandis que les entreprises s'en débarrassaient. Au menu : fin des préretraites et des mises à la retraite d'office (qui n'ont servi à rien sauf à déplacer le problème), hausse de la surcote, suppression de la DRE et de l'allocation équivalent retraite (AER), facilitation du cumul emploi retraite (véritable aubaine pour les employeurs) et, comble de l'incurie, mise en place d'«accords obligatoires sur la gestion des âges» complètement bidons, car non contraignants.
Telle fut leur «politique vigoureuse en faveur de l'emploi des seniors» où il était question d'inciter les entreprises à changer de mentalité via une campagne de pub aussi ridicule que coûteuse. Résultat : il n'en fut rien. Par contre, l'objectif de faire porter le chapeau des archaïsmes patronaux aux chômeurs fut, lui, une réussite.
Puis la crise nous est tombée dessus…
Aujourd'hui, en France métropolitaine, on compte 533.000 chômeurs de 50 ans et plus en catégorie A. En ABC, on en compte 786.000 dont plus de la moitié (407.600) sont des femmes. En glissement annuel, la progression est de 14,1%. Et les actuels bénéficiaires de la DRE, qui ne figurent dans aucune des catégories de Pôle Emploi, sont 234.000 (variation annuelle : -24%). Ils étaient 383.000 fin 2007.
La suppression progressive de la DRE a donc été parfaitement INUTILE, l'espoir de retrouver un emploi aux abords de 60 ans étant quasiment impossible. Elle a aussi été INJUSTE, car elle bénéficiait surtout aux ouvriers et aux employés.
On ne s'éternisera pas non plus sur la suppression définitive de l'AER qui plonge cette année quelque 30.000 chômeurs âgés aux minima sociaux alors qu'ayant travaillé tôt, ils ont tous leurs trimestres de cotisation mais ne peuvent prendre leur retraite parce qu'ils n'ont pas atteint l'âge légal. Cette suppression permet à l'Etat d'économiser quelque 250 millions d'euros... Tandis que la DRE, elle, ne lui coûtait pas un rond.
Toucher à la DRE fut le degré zéro de la politique de l'emploi : car ce n'est pas en la supprimant que tous ces chômeurs âgés ont été davantage "incités" à retravailler, les principaux responsables de cet ignoble gâchis étant bel et bien les employeurs.
Alors, où en est ce rapport ?
Affaire à suivre...
SH
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