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De l'influence des think tanks

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Cette semaine, Télérama est allé mettre son nez dans ces laboratoires d'idées/cabinets d'experts qui façonnent la pensée des principaux partis politiques.

Car, dans ces partis, "les cadres sont des élus dont l'emploi du temps est consacré à être en représentation". Il faut donc "être en lien avec ceux dont c'est le métier". Par conséquent, les think tanks sont leurs "boîtes de sous-traitance" intellectuelle. En creux, leur montée en charge révèle l'incapacité à penser de nos politiques, piégés dans le court-termisme.

Six "think tanks" sont passés au crible. De chaque côté de l'hémisphère cérébral : l'Institut Montaigne (2000), Fondapol (2004) et l'Ifrap (1985) à droite; Terra Nova (2008), Jean-Jaurès (1992) et Copernic (1998) à gauche.

Derrière Montaigne, il y a Claude Bébéar, ex PDG d'Axa, mais aussi l'insupportable économiste Michel Godet, Guillaume Pepy (SNCF), le juriste Guy Carcassonne ou l'avocat Nicolas Baverez.
Montaigne est exclusivement financé par le mécénat de 80 entreprises dont Areva, LVMH, Capgemini, Carrefour, SFR, Vinci, Total, Acticall…
Budget annuel : 3 millions.

Derrière Fondapol (l'inventeur de la "règle d'or"), il y a Dominique Reynié, autre expert de “C dans l'air”, Nicolas Bazire (LVMH, Carrefour…), Charles Beigbeder (Powéo, Anode), Francis Mer ou Pierre Giacometti.
Fondation d'utilité publique, ce think tank est doté de subventions publiques et de mécénat venant de grands donateurs privés et quelques multinationales comme EDF, Suez ou Véolia.
Budget annuel : 2,2 millions.

Derrière l'Ifrap, il y a Agnès Verdier-Molinié (180 passages médias depuis le début de l'année !).
Fondation d'utilité publique, il fonctionne essentiellement grâce à ses adhérents (beaucoup de PME).
Budget annuel : 1 million.

Il va sans dire qu'à droite, il y a plus d'argent qu'à gauche :

Derrière Terra Nova, il y a Olivier Ferrand. Mais aussi Michel Rocard ou les économistes Daniel Cohen (banque Lazard) et Philippe Askenazy… et à nouveau le juriste Guy Carcassonne !
Terra Nova est financé par une quinzaine d'entreprises dont Areva, Capgemini, EADS, Total… également mécènes de Montaigne !
Budget annuel : 400.000 euros.

Derrière Jean-Jaurès, il y a Pierre Mauroy, mais aussi les économistes… Daniel Cohen et Philippe Askenazy, aussi membres de Terra Nova !
Fondation d'utilité publique, ce think tank est doté de subventions publiques, bénéficie de partenariats européens, et complète son financement par des donateurs privés comme… EDF, Suez ou Véolia !
Budget annuel : 2 millions.

Derrière Copernic, il y a le sociologue Willy Pelletier et le syndicaliste Pierre Khalfa. On y trouve également Jacques Rigaudiat, Alain Lipietz ou Gérard Filoche.
Copernic ne fonctionne qu'avec les dons/cotisations de ses adhérents.
Budget annuel : 80.000 euros.

Seuls l'Ifrap et Copernic trouvent grâce aux yeux de Télérama de par leur indépendance et leurs propositions vraiment "décoiffantes".

Les quatre autres sont mis dans le même sac.

On y apprend que, dans le petit monde feutré et courtois des think tanks parisiens où l'on tutoie la crise et le chômage sans les connaître personnellement, tout le pouvoir va à ceux qui l'ont déjà. Comme dit Emmanuel Todd, "les hyper riches ont tant d'argent qu'ils ne savent plus qu'en faire. Il leur reste un terrain à conquérir : le monde des idées !" Et comme disait Gramsci, "le pouvoir se gagne par les idées".

Sauf que, qu'ils soient de droite ou "de gauche", ils ne sont qu'un relais de la pensée dominante, qu'ils font prospérer : financés par des industriels qui les pilotent pour intervenir en amont des décisions publiques et peser dans les débats, leur réflexion comporte de nombreux angles morts et se base sur un large consensus mâtiné de benchmark. Non seulement ils sont chargés de réfléchir pour les politiques, mais ils se mettent à leur tour en représentation dans les médias et sont présents dans des colloques, voire des lieux d'enseignement public.

De plus, ces think tanks, qui se dépeignent volontiers comme l'expression de la société civile, n'en reflètent absolument pas la diversité : leur composition socioprofessionnelle, ultra homogène (grands patrons, banquiers, hauts fonctionnaires, économistes, avocats d'affaires…), cultive l'entre soi. Pire, cet establishment est une armée d'hommes (à 80%) !

"Globalement, les think tanks, c'est peu d'audace et beaucoup d'eau tiède. Le bilan de la crise ? Ils font tous le même !" avoue un ancien de Fondapol à Télérama. "La pensée critique est absente, on réfléchit dans le cadre du système", déclare un ex Terra Nova. Même "à gauche", on est loin de l'époque des "intellectuels organiques" issus du monde ouvrier et formés sur le tas.

=> Lire tout le dossier de Télérama

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Mis à jour ( Vendredi, 30 Décembre 2011 05:50 )  

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