Parmi les engagements qui avaient été pris par les professionnels de l’hôtellerie-restauration en contrepartie de la baisse de la TVA de 19,8% à 5,5% figurait le développement de l’apprentissage dans les entreprises du secteur. La dernière étude publiée par la DARES concernant la formation en alternance des jeunes nous montre que sur ce point, les engagements n’ont pas plus été tenus qu’ils ne l’ont été en matière de baisse des prix.
Dans un nombre total de contrats d’apprentissage en quasi stagnation entre 2009 et 2010, ceux signés dans le secteur de l’hôtellerie-restauration baissent de 2,4%.
Et comme pour montrer le caractère relativement inefficace des mesures prises pour inciter les entreprises de plus de 250 salariés à avoir davantage recours à l’alternance, c’est la catégorie d’entreprises dont le nombre d’apprentis baisse le plus : - 4,7%.
Enfin, l'apprentissage dans le secteur public, toujours trop peu développé avec une part de l’Etat très faible par rapport aux collectivités territoriales et aux établissements publics, se réduit à 6,2% en 2010 contre 6,5% en 2009 : ce qui signifie que l’Etat a signé environ 500 contrats d’apprentissage en un an seulement ! S’il appliquait à lui-même la pénalité sociale prévue à l'encontre des entreprises de plus de 250 salariés qui ont moins de 3% de jeunes en alternance, l’Etat devrait payer des sommes colossales. Mais sa force est, justement, de pouvoir ne pas appliquer à lui-même ce qu’il impose aux autres, ce qui explique ses inerties.
On se demande, face à de tels chiffres, qui a bien pu déclarer : «La Fonction publique s’ouvrira à l’apprentissage. Rendez-vous compte qu’alors que l’État depuis des années plaide pour le développement de l’apprentissage, il y a moins de 6.000 apprentis dans la Fonction publique. C’est un scandale parce que cela consiste pour l’État à dire aux entreprises "Faites ce que je dis et surtout pas ce que je fais". Et quelle est la crédibilité de l’État de pousser les entreprises à proposer des places d’apprentissage et lui-même, dans ses propres services, de ne pas en donner ?» Notre président de la République, qui a prononcé ces mots dans son discours d’Avignon du 29 septembre 2009, est vraiment le champion du monde des discours non suivis d’effet.
A travers ces trois points, on peut s’interroger sur l’efficacité des leviers choisis par le gouvernement pour développer l’apprentissage :
- les baisses de TVA dans la restauration, qui coûtent si cher à l’Etat, induisent une baisse du nombre d’apprentis sans même que la remarque ne soit faite aux professionnels;
- les mesures de la loi Cherpion ont continué à viser les seules entreprises de plus de 250 salariés, où l’apprentissage baisse le plus;
- et l’Etat se montre incapable de mettre en œuvre ce qu’affirme avec force le président de la République pour développer, même de façon symbolique, l’apprentissage dans ses services.
Et dire que nous avons, pour la première fois, une ministre de l’Apprentissage ! Bravo à Nadine Morano, en charge de cette politique, pour sa cohérence.
(Source : Alternatives Economiques)
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