La DARES vient de publier une étude sur l'évolution des sorties d'inscriptions à Pôle Emploi entre 2007 et 2010. Comme elle le précise, les inscrits à Pôle Emploi ne sont qu'une part des demandeurs d'emploi.
En 2010, chaque mois, 10% des inscrits ont quitté les listes de Pôle Emploi, contre 12,5% en 2007.
Désinscrits avec emploi...
Contrairement au story-telling sarkozyen, la Dares confirme que la crise de l'emploi a commencé AVANT la crise boursière puis financière de septembre 2008, dès mars 2008 : «La baisse a été plus particulièrement marquée entre mars 2008 et mars 2009, en lien avec la dégradation de la conjoncture économique».
La Dares confirme également que la reprise de l'emploi n'a jamais eu lieu : le taux de sortie pour reprise d'emploi déclarée n'a jamais progressé depuis l'élection de Nicolas Sarkozy. Au contraire, moins de la moitié des sorties mensuelles le sont pour ce motif (4,6% en 2010), contre 6,5% en 2007. En décembre 2010, ce taux de sortie était même de 4,2%, l'un «des taux les plus bas observés depuis le début de la disponibilité des données, en juin 2002».
Un peu moins d'un tiers de ces sorties concernait des CDI, le reste étant précaire : CDD (35%), intérim (17%) ou contrat aidé (8%). L'intérim s'est effondré dès mars. Et les contrats aidés, s'ils ont augmenté en nombre, représentent une part marginale des reprises d'emploi : après un pic à 12% en 2009, ils sont retombés à 9% l'année suivante. C'est l'effet direct de la baisse des crédits consacrés à l'emploi.
Pôle Emploi n'a assuré que 14% des recrutements des sortants en 2010, contre 29% pour les relations professionnelles et personnelles, et 23% via des petites annonces hors Pôle Emploi.
En 2010, le salaire médian des sortants des listes de Pôle Emploi ayant retrouvé du travail est de 1.150 euros : cela donne une idée de l'état d'appauvrissement du pays. Enfin, un tiers des désinscrits ayant retrouvé un emploi… cherchent encore un emploi. Pourquoi ? A cause «d’une insatisfaction relative au contrat de travail (23%), à la durée de contrat (23%), au salaire (12%) ou au temps de travail (10%)».
... ou sans travail
Plus d'un chômeur sur deux est sorti des listes de Pôle Emploi sans avoir retrouvé du boulot. Ces désinscrits sans emploi se décomposent comme suit.
47% ont été sortis «involontairement» des listes de Pôle Emploi. La Dares précise les cas :
• 31% pour défaut d’actualisation suivi d’une réinscription,
• 12% suite au «non renouvellement accidentel» de leur demande (problème de carte de séjour, de téléactualisation...),
• 4% suite à une radiation administrative.
38% sont sortis «volontairement» des listes de Pôle Emploi :
• 19% sont partis en formation,
• 15% ont interrompu leur inscription pour cause de maladie, de vacances, de congé maternité ou parental,
• 3% sont partis à la retraite ou en dispense de recherche d’emploi.
Enfin, la Dares précise que 6% de sortants supplémentaires «n’ont simplement pas souhaité renouveler leur inscription sur les listes de Pôle Emploi (par exemple parce qu'ils n'étaient plus indemnisés)» et que 9% se sont désinscrits pour un «autre motif», tels un déménagement ou un emprisonnement (sic!).
La France précaire
Cette étude fournit également quelques éléments d'analyse sur la France précaire.
Les plus de 50 ans : leur taux de sortie pour reprise d'emploi déclarée, déjà très faible avant la crise (3,5%), s'est affaissé à 2,4% en 4 ans. Cette évolution est à rapprocher des grands discours sur l'inévitable amélioration de l'emploi des seniors.
Les régions industrielles : Limousin, Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Haute-Normandie affichent les taux mensuels de sortie pour reprise d’emploi les plus faibles, inférieurs à 4% en moyenne.
Les professions non qualifiées : le taux de sortie pour reprise d'emploi a été dégradé de 30% en 4 ans, pour tomber à 3,9% (manœuvres) ou 4,7% (ouvriers) quand celui des cadres restait au-dessus des 5%. «La baisse des taux de sortie conjuguée à l’afflux de nouveaux inscrits sur les listes de Pôle emploi explique la forte hausse du nombre de demandeurs d’emploi ouvriers : +24,9% entre 2007 et 2010 contre +5,9% sur la même période pour les cadres.»
(Source : Sarkofrance)
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