D'ici au second tour de l'élection présidentielle, le ministère du Travail publiera quatre nouveaux chiffres mensuels du chômage. Ces échéances sont à haut risque pour l'exécutif, en particulier la dernière qui promet d'animer l'entre-deux tours. La pression est d'autant plus forte que, avec 2.844.800 chômeurs de catégorie A, on approche du cap symbolique des 3 millions de demandeurs d'emploi.
Une concentration de l'effort pour limiter la casse
Pour tenter de juguler ce risque, avant même le sommet du 18 janvier, le gouvernement a décidé de mettre les bouchées doubles sur les contrats aidés, un des rares outils à avoir un impact immédiat sur les statistiques [1]. Non pas qu'il est prévu - pour l'instant du moins - d'augmenter leur nombre sur l'ensemble de l'année. La loi de Finances pour 2012 a au contraire réduit la voilure avec 390.000 contrats uniques d'insertion programmés (secteurs marchand et non marchand). Mais l'Etat compte concentrer son effort sur le premier semestre pour limiter la casse avant l'élection présidentielle.
C'est ce que révèle la traditionnelle circulaire de programmation des contrats aidés que le ministère du Travail vient d'adresser à ses services déconcentrés. En date du 19 décembre, elle prévoit que, sur les 340.000 contrats du secteur non marchand (CUI-CAE) inscrits au budget, 225.000 devront être conclus au premier semestre. Cela correspond à une moyenne de 37.500 par mois. Un rythme particulièrement soutenu si on le compare à celui décidé pour le premier semestre de 2009, au plus fort de la récession, qui était de 32.000 par mois. Du reste, la circulaire elle-même précise que «cette enveloppe semestrielle correspond à des objectifs plus ambitieux que ceux du second semestre 2011». Décimée par la RGPP, l'Education nationale sera en particulier mise à contribution avec 50.400 contrats.
Rallonge budgétaire espérée
Sur les contrats du secteur marchand (les CUI-CIE), le rythme restera plus classique, avec même au passage une petite diminution de l'objectif global sur l'année par rapport au projet de loi de Finances pour 2012 (45.000 au lieu de 50.000). Mais, là encore, une concentration de l'effort au premier semestre est demandée (avec 25.000 contrats à réaliser entre janvier et juin).
Cette stratégie d'anticipation de la consommation des contrats aidés risque de ne pas suffire. Alors que Nicolas Sarkozy réunit les partenaires sociaux le 18 janvier, le ministère du Travail espère donc bien obtenir le principe d'une rallonge budgétaire avec d'autres mesures à la clef. C'est ce qui s'était déjà produit l'an dernier à la suite d'un sommet sur l'emploi en février.
(Source : Les Echos)
[1] On rappelle que les chômeurs en contrats aidés n'apparaissent pas dans les catégories B ou C — celles des demandeurs d'emploi "en activité réduite" — mais dans la catégorie E, jamais citée par les médias.
A (re)lire :
• Ces contrats aidés qui servent mal l'emploi
Coûteux, complexes et peu efficaces en termes d'insertion professionnelle, ils restent l'arme antichômage préférée des politiques français. Un bilan de 5 pages paru en 2006 dans L'Expansion, toujours d'actualité...
• 400.000 contrats aidés par an : Pour qui, pourquoi, comment ?
Le tour d'horizon de la CGT-Chômeurs...
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