Depuis la fin 2008, 2,3 millions d’actionnaires individuels ont pris la poudre d’escampette, selon le baromètre TNS Sofres pour La Banque postale et Les Echos publié mardi. Ils ne sont plus que 4,1 millions de boursicoteurs en France (hors actionnariat salarié) soit 8,5% des Français, contre 13,8% il y a moins de quatre ans. Et pour cause.
Alors que le CAC 40 était au-dessus des 6.000 points en 2007, il a perdu depuis 50% de sa valeur et se trouve juste sous la barre symbolique des 3.000 points. Signe du désintérêt des investisseurs pour ce segment, seuls 5% d’entre eux sont incités aujourd’hui à acheter des actions, malgré des valorisations attractives. Ils étaient 52% en 2009 ! Pas étonnant alors que 91% des sondés considèrent la Bourse comme un placement risqué tout comme les obligations, pénalisées par la crise de la dette (81%).
Dans les deux cas, c’est une très mauvaise nouvelle pour les entreprises hexagonales et notamment les PME, qui souffrent d’un déficit endémique de capitaux pour se développer. «Aux Etats-Unis, 70% des entreprises se financent grâce au marché financier, contre 30% grâce au crédit bancaire. En France, c’est l’inverse», rappelait récemment Dominique Cerruti, directeur général de Nyse Euronext, dont dépend la Bourse de Paris. Or, les difficultés grandissantes pour obtenir du financement bancaire risquent d’entraver leur croissance.
Crise de confiance
La défiance vis-à-vis de la Bourse n’a jamais été aussi élevée. Une crise de confiance qui, depuis la crise financière de 2008, ne s’est pas résorbée. «Les banques ont servi les Kerviel, les Madoff et les UBS aux dépens des épargnants et actionnaires. Et avec de tels dysfonctionnements, il est normal que le nombre de petits actionnaires individuels recule. Parce que ceux qui magouillent sont protégés. Prenez Jean-Marie Messier et Vivendi : il était accusé d’abus de biens sociaux et de délit d’initié, rien que ça ! Pourtant, c’était un banquier d’affaires reçu, respecté, protégé par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF). Et ce sont les actionnaires qui, dans cette affaire comme dans tant d’autres, ont perdu leur argent. Alors ils n’ont plus confiance», explique le président de Proxinvest, Pierre-Henri Leroy.
Convaincre les Français de réorienter leur épargne vers les marchés actions ne sera pas une tâche facile. Surtout «à un moment où les indices ont perdu leurs repères et sont déconnectés de la réalité économique», souligne Vincent Mag, le directeur du salon Actionaria. Si la confiance ne revient pas et que cette tendance se confirme, alors il y aura une chute de l’investissement, donc de l’activité donc, in fine, de l'emploi.
Comment redonner cette fameuse «confiance» et faire revenir les actionnaires individuels ? «Cela se joue à trois niveaux, selon Pierre-Henri Leroy : dans les entreprises, à l’AMF et dans la loi. D'abord, il faut resserrer les boulons sur les comportements dans les entreprises. Elles sont volées de l’intérieur par certains dirigeants, et c’est insupportable pour les petits actionnaires. L’AMF ne fait pas son travail de gendarme. Il faut renforcer ses moyens et mettre à sa tête des gens courageux. Enfin, il faut durcir les textes de lois pour que ces attitudes soient sanctionnées durement. Ainsi, les actionnaires pourront investir sans se dire qu’ils finiront par se faire flouer.»
(Source : 20 Minutes)
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