Ils touchent un RSA de complément parce que leur salaire est trop faible. Des salariés de l'entreprise de prêt-à-porter Camaïeu demandent à rencontrer "au plus vite" le ministre du Travail pour dénoncer leur situation, a-t-on appris vendredi auprès de FO.
"Lorsque je suis allé voir mon DRH pour lui demander une augmentation de salaire, il m'a clairement dit : Pourquoi tu veux une augmentation ? Tu as le complément du RSA pour ça", a expliqué Cherif Lebgaa, délégué syndical Force Ouvrière. "Cette mesure, c'est clairement un effet d'aubaine pour la direction de Camaïeu qui en profite pour maintenir ses salariés dans la misère. C'est écœurant d'exploiter les gens ainsi", a ajouté cet employé logistique dans les entrepôts roubaisiens de la marque.
M. Lebgaa a précisé qu'après dix-huit ans d'ancienneté dans l'entreprise, il touche 1.180 euros nets de la part de son employeur, et 296 euros au titre du RSA activité. Selon lui, son cas est "très répandu dans l'entreprise. Rien que dans l'entrepôt à Roubaix, on est au moins une vingtaine dans le même cas. Je dis au moins une vingtaine mais c'est sans doute plus, car beaucoup de gens ont honte d'en parler. Toucher le RSA, personne n'aime s'en vanter", a-t-il souligné.
Sciemment maintenus dans un statut de travailleurs pauvres
"Cela fait des années que la direction nous refuse la moindre augmentation. Et pendant ce temps-là, les actionnaires touchent chaque année 500 millions de dividendes. En plus de ça, nous n'avons aucun avantage : pas de tickets resto, pas de chèques vacances, pas de primes, rien !", a dénoncé le syndicaliste.
"Camaïeu nous maintient sciemment dans un statut de travailleurs pauvres. Des salariés en CDI qui se retrouvent à toucher le RSA en 2012, mais c'est Germinal ! Si Zola avait été là, il aurait soutenu notre combat, c'est sûr !", a relevé M. Lebgaa. Les salariés de Camaïeu, qui avaient déjà mené une grève de plusieurs semaines en janvier 2011, réclament une augmentation de 100 euros par personne.
Après avoir envoyé un courrier au président François Hollande pour dénoncer leur situation, ils réclament d'être reçus "au plus vite" par le ministre du Travail. Un débrayage de deux heures est déjà prévu dans les magasins du groupe le 22 juin.
Créé en 1984, le groupe Camaïeu, majoritairement détenu par le fonds d'investissement Cinven, a réalisé en 2010 un chiffre d'affaires de 810 millions d'euros et un bénéfice net de 84,5 millions d'euros. Il possède plus de 1.000 magasins dans le monde, dont 600 en France où il emploie 4.000 personnes.
(Source : Le Monde)
NDLR : Camaïeu n'est pas un cas isolé : c'est juste l'arbre qui cache la forêt. Outre l'aubaine que représente le RSA activité, prétexte rêvé pour ne pas augmenter les rémunérations, les employeurs de ce type bénéficient des «allègements Fillon» sur les bas salaires qui les exonèrent de cotisations sociales.
En mai 2009, nous dénoncions déjà les dérives de cette subvention aux bas salaires instituée par Nicolas Sarkozy et son compère Martin Hirsch, spécialiste de l'emploi bradé.
Fin 2011, quelque 465.000 travailleurs pauvres percevaient le RSA "activité" pour un montant moyen de 170 €/mois.
Selon le dernier rapport du Comité national d'évaluation sur le RSA, plus de 1 million de foyers qui pourraient y prétendre ne le réclament pas : pour 30% d'entre eux, c'est par ignorance; mais pour les 70% d'autres, ce renoncement est un choix, voire un principe.
Petite séquence souvenir...
Non, le travail ne paie plus et c'est normal, ma bonne dame ! Travailler et ne pas s'en sortir est un fait établi qui ne souffre aucune contestation.
Maintenant, dans nos sociétés modernes, il est aussi normal de rester pauvre tout en travaillant. C'est même vivement conseillé parce que croupir au chômage, c'est l'infamie suprême.
Pourtant, la grande majorité des chômeurs ne demande qu'à travailler pour sortir de l’«assistanat» dans lequel on les accuse de se vautrer. Mais avec le RSA activité qui subventionne l'emploi au rabais devenu une norme, non seulement c'est l'aumône mais c'est l'assistanat… à durée indéterminée !
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