À 50 balais, tu ne vaux quasiment plus rien sur le marché de l’emploi. Pas un kopeck ! T’as beau adresser des candidatures par dizaines, elles ne passent pas le cap du premier écrémage : ta putain de date de naissance.
À 50 balais, t’es plus qu’un candidat en bout de course, un ringard, un has-been, une nana ou un mec qui a fait son temps… T’es bon pour la casse.
Si ça ne sent pas encore le sapin pour ta pomme, tu empestes la poussière, le renfermé, le froissé… le vieux machin usé.
On ne prend même plus la peine de répondre par la négative à ton CV long comme le bras, à tes expériences concluantes, à ta farouche volonté de poursuivre un parcours qui reste en panne, à 50 ans, alors que t'en as peut-être autant à vivre devant toi.
Chez Pôpole, dans l’agence d’en face, ils entretiennent l’illusion : «Faites jouer votre réseau. Ne vous découragez pas. Postulez, vous n’avez rien à perdre !».
Au fond, tu sais que tu n’as surtout plus grand-chose à gagner. Les dès sont pipés. Game Over !
Ailleurs pourtant, le quinqua est hyper tendance, dans le mouv’… Les conseils d’administration des grands groupes, ceux qu’on cite en exemple, sont blindés de grisonnants, de «comme toi», de plus vieux que toi même, qui cumulent fonctions, honneurs, jetons de présence et retraites chapeaux. Pas autant que sur les bancs du Sénat, de l’Assemblée aussi, ou à la tête de l’État.
Un moins de 50 balais éprouverait aujourd’hui encore la plus grande difficulté à être élu Président de la République. «Trop jeune, trop inexpérimenté», dirait-on de lui.
Mais toi, t’es trop vieux, trop expérimenté… pour le poste. Trop cher aussi. Comme si t'étais incapable de revoir à la baisse tes prétentions salariales pour décrocher le job qui te fait cruellement défaut.
Toutes les raisons sont bonnes pour t’exclure de la course à l’emploi, cette carotte des temps modernes que se disputent 6 millions d’inscrits à Pôpole.
Alors t’attends l’heure d’une retraite qu’on repousse à mesure qu’on réforme nos protections sociales à l'aune des dogmes de la mondialisation. Il faut travailler plus longtemps mon gars !
«J’voudrais bien mais j’peux point !», fredonnait la clairvoyante lanceuse d’alerte Annie Cordy quand tu n’étais qu’un minot. Œuvre prémonitoire… mais bonjour les références de vieux con !
Toi, le quinqua, t’es planté-là au milieu du marigot, empêtré jusqu’aux genoux. Devant, tout plein de retraités qui ont acquis leurs droits pendant les Trente Glorieuses, à 5% de croissance l'an. Bons salaires, pas de périodes de chômage, une retraite au soleil du Midi ou sous les tropiques tout aussi lumineux : le jackpot ! Derrière, une myriade de jeunes qui aspirent à se mettre à l’abri des intempéries, en ces temps orageux. On les comprend.
T’as pas les moyens de tes aînés, plus la souplesse de tes enfants. Ton CV et ta date de naissance sont trop rigides, trop lourds à porter.
Pourtant à les écouter, tu dois te surveiller, te contraindre pour vivre plus longtemps encore. Perdre du poids, arrêter la clope, siroter avec modération, satisfaire aux examens médicaux, aux coloscopies, aux check-up… Et surtout, rester actif ! Ce qu’on te refuse dans le boulot.
On attend de toi que tu préserves cet avenir… qui se dérobe. Absurde !
Il te reste ta famille, tes enfants, tes amis, tes hobbies, tes passions, ta curiosité, ta vitalité, ton appétit de vivre que tu auras du mal à satisfaire quand tu auras croqué tes économies et que tu survivras au minimum vieillesse faute d’avoir cotisé toutes ces années durant.
Quinqua bedonnant au chômage puis retraité famélique, enthousiasmante perspective !
Édouard Henry pour Actuchomage.org (qui précise que ce bide n'est pas le sien).
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Commentaires
C'est vrai qu'on est hors course, hors norme !
Cela fait un long moment que je me bats pour créer une dynamique de cinquantenaires , en même temps y'a pas grand monde …
Moi je fais du batiment, de la photo, de la mécanique !
Et vous ?
Et si on le faisait savoir ?
Alors A+ ! Répondre | Répondre avec citation |
Pourtant, nous en avons entrepris des actions. Nous fûmes les premiers à saisir la HALDE (aujourd'hui le Défenseur des Droits) de cas de discriminations à l'embauche sur critères d'âge. Nous avons porté plainte contre 40 entreprises et obtenu plusieurs condamnations (au civil et au pénal).
Nous nous sommes bcp investis sur la question de l'emploi des travailleurs expérimentés (improprement appelés Seniors).
Disons que sur ce thème (comme sur quantité d'autres), nous sommes suivis par une infime proportion des concernés. En France, on râle bcp mais on ne se bouge pas le cul pour que les choses changent. Nous en sommes l'illustration.
6 millions de chômeurs et à peine quelques centaines à militer dans les associations et collectifs. Des centaines de milliers de quinquagénaires exclus du monde du travail, comme Édouard, mais combien à se mobiliser ? Quelques dizaines… et encore, les bons jours.
Voilà la triste réalité à laquelle nous sommes confrontés depuis 11 ans alors que nous avons les "outils" pour nous organiser et échanger, à travers sites, assos, articles, dossiers, forums, réseaux sociaux…
Mais rien ne bouge (ou quasiment). Et comme rien ne bouge, rien ne change. Logique !
Nous avons le sort que mérite notre passivité et notre résignation. Répondre | Répondre avec citation |
Je viens d'avoir 54 ans et suis au chômage depuis maintenant très longtemps et me reconnais évidemment dans ce texte, sans toutefois la physionomie, ayant su et pu préserver une alimentation tant soit peu équilibrée, sans sombrer non plus dans l'alcool ou la drogue, en réussissant à tenir à distance la dépression qui rôde (l'absence de moyens financiers conduit inexorablement à l'isolement et à la raréfaction des liens sociaux).
Je deviens donc par obligation un être asocial, qui trouve sa raison d'être dans les plaisirs culturels (lecture, musique, cinéma et écriture de manière plus sporadique).
En fait, je ne comprends pas ce qui a pu se passer, qu'un jour je suis descendu du train (avec mon consentement, je dois être honnête) et ne suis plus jamais remonté dans aucun. La gare dans laquelle j'ai à présent échoué n'en verra plus passer, hormis ceux qui finiront de laminer (radiation, contrôle, etc…)
En tout cas, j'adhère à l'idée de Rémy Poibleaud.
Cordialement Répondre | Répondre avec citation |
Sinon perso j'ai 60 ans, svelte, pleine de vie même si au chôm'du depuis mes (à ballets. On ne veux plus de moi à cause de mon âge, tant pis pour eux !!! Quant à popol il y a belle lurette qu'il a compris que sa chansonnette ne marche pas avec moi. Pas de temps à perdre à prospecter pour rien. 4 candidatures par moi pour le cas où j'aurai un contrôle et basta. Pas de déprime bien au contraire, je profite du temps libre que j'ai enfin NA !!! Répondre | Répondre avec citation |
Il s'agit évidemment d'une illustration pas d'une généralité.
Il est cependant certain que des quinquas "bien portants" (pour atténuer le propos) finiront avec la peau sur les os à l'heure de la retraite. Répondre | Répondre avec citation |
Inacceptable idéologiquement le consentement (pour ceux qui conduisent le train);
Je compatis.
Cordialement Répondre | Répondre avec citation |