Ci-dessous, un article rédigé en 2009 qui reste furieusement d'actualité. La seule mobilisation utile serait celle contre… le réchauffement démographique.
Son titre originel était : «Et si Claude Allègre avait raison ? Espérons-le !». Cet ancien ministre de l'Éducation nationale et de la Recherche étant connu pour son climato-scepticisme. Il ne croit pas à un réchauffement qui serait la conséquence des rejets de C02 des activités humaines.
À l'heure où 200 personnalités signent dans Le Monde du 3 septembre 2018, un appel sur le changement climatique, il est utile de rappeler que si l'homme est responsable d'un réchauffement cataclysmique, il est inéluctable puisque la population ne cesse d'augmenter.
Pour préserver la biodiversité et le climat, il faudrait limiter notre emprise démographique sur la planète. Nous n'en prenons vraiment pas le chemin !
Revenons le 15 décembre 2009, c'était il y a près de 9 ans. J'écrivais alors :
Figurez-vous que ces histoires de réchauffement climatique, c’est du réchauffé ! Et je suis bien placé pour en parler, moi qui, jeune étudiant en climatologie, travaillait déjà sur cette question… en 1984. Il y a plus de 30 ans. À l’époque, je planchais avec une équipe de chercheurs français sur un vaste programme initié par la NASA, dénommé «Global Change» pour «changement global»… du climat. Les grands patrons de ce programme venaient régulièrement à Paris animer des conférences sur ce thème, à grand renfort de diagrammes et de prévisions statistiques attestant d’un réchauffement rapide de l’atmosphère terrestre dans les 20 années à venir.
Vingt-cinq ans avant Al Gore, Nicolas Hulot et consorts, ces éminents spécialistes nous alertaient sur cette menace qu’ils jugeaient imminente mais dont on attend encore les premiers effets réels, en dehors de la fonte de la banquise et des glaciers dans certaines régions du globe. Car, dans d’autres – qu’on le sache –, les glaciers sont plus étendus et épais qu’ils ne l’étaient il y a 20 ans.
Loin de moi l’intention de jouer ici les «Claude Allègre» en niant les effets de l’activité humaine sur le climat de la planète. Pour autant, notre capacité à le modifier est bien moindre que celle des cycles solaires qui, depuis plusieurs millions d'années, font la pluie et le beau temps sur notre bonne vieille Terre.
Alors, faut-il réduire ou non nos émissions de CO2, responsables selon «tout le monde ou presque» du réchauffement climatique et d’inévitables catastrophes à venir ? Et, si Oui, comment y parvient-on ?
C’est LA question qui taraude les dirigeants de la planète réunis à Copenhague (pour la 15e conférence - COP 15 - des Nations unies sur les changements climatiques, du 7 au 18 décembre 2009).
La France compterait, de ce point de vue, au rang des «bons élèves». Elle a beau jeu, la France, elle qui s’est débarrassée ces 30 dernières années de plus de 50% de ces industries polluantes (chimiques, métallurgiques, centrales électriques au charbon…), en les délocalisant ou en les abandonnant aux pays émergents.
Le meilleur exemple en attestant nous vient… de l’industrie nucléaire, ce fleuron national, qui, comme chacun sait, «ne pollue pas». Enfin, n’émet pas de CO2 ! Car pour ce qui est des résidus hyper radioactifs et toxiques de nos centrales, personne ne sait vraiment comment et où ils finissent… Peut-être au fin de fond de la Sibérie, comme l’atteste Greenpeace, ou enfouis dans les sous-sols de la Meuse. Qui sait ?
Donc la France, comme la plupart de ses voisins européens, a délocalisé une bonne partie de ses industries polluantes, et envoie à l’autre bout du monde (en Inde, en Chine, au Pakistan…), par containers pleins à craquer, ses déchets les plus toxiques (téléphones portables, batteries, piles, ordinateurs… et même porte-avion. Ah non, celui-là n’est jamais arrivé à bon port, par l'intervention de Greenpeace).
Ainsi, à Copenhague, envisage-t-on de réduire les émissions mondiales de CO2. Même que la Chine serait prête à jouer le jeu de la modération… Ben voyons !
Si, un temps, nous avons confié aux Chinois le soin de nous débarrasser de nos déchets et de nos activités toxiques pour l’environnement, la Chine, elle, est en passe de refourguer la «patate chaude» à ses nouvelles conquêtes économiques… en Afrique.
Si dans les années à venir certains pays émergents pourraient devenir plus «responsables» sur les questions environnementales, c’est en s’en déchargeant sur d’autres pays plus pauvres, donc moins regardants sur les activités industrielles polluantes qu’on y installe… massivement. C’est ainsi que les Européens ont refourgué leurs capacités de nuisances écologiques à la Chine, qui se chargera de les délocaliser en Afrique dans les 10 prochaines années. Voilà le tour de passe-passe.
Alors, pourquoi la Conférence de Copenhague est-elle une vaste fumisterie ? Parce qu’au final, on ne fera rien pour réduire les émissions de CO2 de l’ensemble de la planète. Et pourquoi ne ferait-on rien, je vous prie ? Parce qu’il n’y a rien à faire !
On peut réduire de 15% les émissions de CO2 des véhicules sur 10 ans, mais si le parc mondial de voitures augmente de 20% à 25% sur la même période, le bilan carbone sera invariablement orienté à la hausse. Et c’est exactement la situation qui se dessine en Chine ou en Inde par exemple.
Ces 10 prochaines années, on peut réduire de 10 ou 15% notre alimentation carnée en Europe ou aux USA (sachant que la production de viande est responsable de 18% des émissions de CO2), mais si dans le même temps elle augmente de 20 à 22% en Chine, le bilan carbone sera invariablement orienté à la hausse.
Ces 10 prochaines années, on peut réduire de 10 à 20% la consommation de kérosène des avions (responsables de 4 à 5% des émissions de CO2), mais si le trafic mondial augmente de 3 à 4% par an (ce qui est le cas depuis 10 ans), cette économie de carburant n’aura aucun effet positif.
Et la liste est infinie, tout simplement parce que la population mondiale est en forte croissance. On comptait un milliard d’habitants sur Terre au début du XXe siècle, 3 milliards dans les années 60, 6 milliards en 2000… Et nous devrions être entre 9 et 10 milliards en 2030. Cet accroissement s’est accompagné – logiquement – de l’augmentation de notre consommation de matières premières, et donc d’énergies fossiles dont la combustion rejette du CO2 dans l’atmosphère.
Il faut alors qu’on m’explique comment à 9 ou 10 milliards d’habitants sur Terre, on peut rejeter moins de CO2 qu’à 6 milliards ? Par quel miracle ?
Par une consommation plus raisonnable, plus responsable, se gargariseront les optimistes. Ah bon, mais nous n’en prenons absolument pas le chemin, ni du côté de Sarkozy ni du côté d’Obama qui comptent justement sur une relance de la consommation pour sortir de la crise.
Par des économies et le développement d’énergies renouvelables, positiveront les autres. Et quelle est la part du «renouvelable» dans la production énergétique de la France. 1 à 2%, c’est ça ?
Depuis combien de temps parle-t-on des énergies solaire et éolienne ou de la géothermie ? L’année dernière ? Non, depuis 30 ans déjà !
Mis à part quelques rares pays comme le Danemark (qui ne compte pas au rang des grandes puissances industrielles), les choses ont peu changé depuis les années 80. Les quelques économies réalisées ont été effacées par notre insatiable voracité énergétique.
Même si ces 20 prochaines années, nous réduisons de 10% l’empreinte écologique des 6,7 milliards d’êtres humains que nous sommes (sachant qu’une large majorité n’a même pas les moyens de l’envisager ni techniquement ni financièrement), sur la même période la population mondiale va augmenter de 1 à 1,5 milliards d’habitants, entre +15% et +20%.
Les réductions obtenues ne compenseront pas l’augmentation des émissions planétaires !
Nous le savons, si l’ensemble de la population mondiale vivait sur le rythme de consommation des Européens, il nous faudrait 4 planètes pour subvenir à ses besoins en matières premières. Et il nous en faudrait 8 si le rythme était celui des États-uniens.
Voilà l’équation impossible à résoudre à laquelle se heurteront toutes les grandes conférences internationales visant à préserver notre environnement.
La seule issue est de ralentir notre consommation pour assurer notre approvisionnement en matières premières et réduire nos capacités de nuisances environnementales. Mais de ça, il ne sera jamais question dans un monde qui se construit sur le consumérisme à outrance, dont le corollaire est la pollution au sens large.
Si le CO2 émis par l’Homme est bien le principal responsable du réchauffement climatique et des désastres qu’on nous annonce, il n’y a aucune possibilité d’enrayer à brève échéance ce phénomène. Au contraire, il ne fera que croître !
Notre seul espoir : Que Claude Allègre ait raison… et que l’activité humaine ait donc une influence mineure sur le réchauffement.
Yves Barraud - Climatologue de formation
Rajout en date du 10 octobre 2018. L'AFP (Agence France Presse) a déclenché un tollé en publiant une infographie démontrant - une fois n'est pas coutume - que le vrai moyen de contrecarrer notre impact climatique est de limiter le nombre de naissances. Ainsi, selon l'AFP, avoir un enfant en moins réduit considérablement les émissions de CO2. Une évidence qui a pourtant généré une levée de boucliers sur les réseaux sociaux. La vérité est-elle à ce point dérangeante ?
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