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Faut-il indemniser les chômeurs ?

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Une question posée par Patrick BOULTE, vice-président de Solidarités nouvelles face au chômage.

A quel niveau indemniser le chômage ? Cette question se pose à chaque nouvelle négociation de l'accord Unedic, comme celle en cours actuellement, et quelquefois dans l'intervalle entre deux négociations quand, comme en décembre 2003, l'état des finances du système révèle une erreur dans les anticipations et conduit à revenir sur les engagements pris.

Alors qu'en général l'opinion publique est prompte à soutenir les revendications catégorielles d'où qu'elles viennent, ce n'est pas le cas quand il s'agit des demandeurs d'emploi. Il convient de mettre à part le cas particulier des intermittents du spectacle, qui, eux, ont un public et ont su mettre en scène leurs revendications pour arriver à prélever plus que leur part dans le pot commun de l'Unedic. L'accord se fait pour trouver légitime la progression du salaire minimum à un rythme une fois et demie supérieur à celui du taux de productivité ou l'instauration d'une prime pour l'emploi pour améliorer les revenus des moins rémunérés. Le monde patronal n'y trouve rien à redire, n'étant lui-même pas économe - c'est le moins que l'on puisse dire - quand il s'agit de ses propres rémunérations.
De toute façon, c'est le budget de l'Etat qui supportera - pour combien de temps ? - le poids de ces libéralités. Pour éviter que ces suppléments de revenus non causés par la valeur ajoutée aient un effet par trop négatif sur l'emploi, il les compense en consacrant annuellement plus de 20 milliards d'euros à des allégements de charges sociales.

20 milliards d'euros, c'est seulement 5 milliards d'euros de moins que ce que verse, bon an mal an, l'Unedic en revenus de substitution (hors ASS) à ceux des demandeurs d'emploi qu'elle indemnise. Mais cette dépense-là paraît beaucoup moins légitime. D'un côté, les salariés méritants, de l'autre, des chômeurs, vite soupçonnés d'être des profiteurs, tant par des titulaires d'emplois protégés, que par des micro-entrepreneurs dont le risque d'échec, lui, n'est pas indemnisable, ou par tous ceux qui, faute de rencontrer des chômeurs et d'accepter de les voir, ne prennent pas la dimension de ce qu'ils vivent et véhiculent l'idée que, s'ils n'ont pas d'emploi, c'est faute de faire ce qui serait nécessaire pour en retrouver un.

D'où l'idée récurrente que le système d'indemnisation n'est pas suffisamment incitatif et que ce n'est que parce qu'on lui aura coupé les vivres que le demandeur d'emploi se trouvera stimulé dans sa recherche. Dans d'autres pays, on estime, à l'inverse, que c'est en lui maintenant un haut niveau de revenus de substitution que l'on évite à la personne en quête d'emploi de consacrer toute son énergie à sa seule survie et qu'elle pourra faire face aux dépenses et à l'investissement que représente toute recherche d'emploi.

Pour ce qui concerne notre pays, il semble que l'on s'achemine vers une remise en question, non plus seulement de la lettre, mais de l'esprit du plan d'aide au retour à l'emploi (PARE), en abandonnant l'équilibre contractuel auquel il s'était efforcé de tendre : une amélioration de l'indemnisation accompagnant l'implication conjointe des demandeurs d'emploi et des employeurs en vue d'une maximisation du retour à l'emploi. Ces derniers avaient sans doute promis plus qu'ils ne pouvaient tenir, d'où leur tentation aujourd'hui de réduire l'indemnisation et de revenir sur la suppression de sa dégressivité. Ceux qui la prônent arguent du fait que le taux de retour à l'emploi s'élèverait lorsque l'on se rapproche de la fin de la période d'indemnisation.

Mais qui s'est posé la question de la façon dont se passe un retour sur le marché du travail, du temps qu'il faut pour se remettre de ce qui a été vécu comme une violence subie, du temps qu'il faut pour apprendre le métier de chercheur d'emploi, pour prendre la mesure du marché du travail, pour se familiariser avec les critères souvent malthusiens, discriminants et sans imagination des recruteurs. Ces derniers, entre autres, se méfient de ceux qui envisagent, faute de mieux, d'accepter un déclassement - comme l'a si bien expliqué Philippe d'Iribarne -, mais aussi de ceux qui pourraient opérer une reconversion, pour laquelle le dispositif d'accès à la formation tout au long de la vie professionnelle ne prévoit rien, comme il ne prévoit quasiment rien pour les demandeurs d'emploi tout court.

Il faut donc que le système d'indemnisation des demandeurs d'emploi en cours de renégociation ne soit pas configuré en fonction des idées véhiculées sur eux, mais en fonction de la réalité du marché du travail, des opportunités qu'il offre, des moeurs qu'on y observe, ainsi que du niveau de performance du service public de l'emploi.
Les demandeurs d'emploi paient déjà suffisamment par la durée moyenne du chômage ou la faiblesse des taux d'emploi de certaines catégories d'âge, ce que l'on a appelé la préférence française pour le chômage. Il ne faut pas y ajouter un risque accru de paupérisation et d'exclusion, alors même que ceux auxquels ils aspirent à ressembler, leurs pairs en emploi, verraient leur situation continûment améliorée.

Avec l'extension des formes de précarité du travail, beaucoup pensent que le temps est venu d'en appeler davantage à la solidarité nationale pour ne plus faire dépendre le financement du régime des seuls prélèvements sur le travail dans le secteur privé, et que le système de cotisation soit bâti de façon à inciter davantage à la responsabilité sociale des employeurs vis-à-vis de ceux qui sont remis sur le marché du travail.

(Source : www.lesechos.fr)

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Mis à jour ( Samedi, 26 Novembre 2005 15:28 )  

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