A l'occasion du Forum européen des marchés de taux, à Paris, le ministre de l'Economie et des finances, Thierry Breton, a commencé à préparer le terrain à la publication du rapport Pébereau. Voire à le déminer. L'état des lieux que devrait dresser le président de BNP Paribas dans quelques semaines s'annonce en effet sans concessions : aux côtés des 1.100 milliards d'euros de dette publique aujourd'hui affichée par la France, le rapport révélera l'existence d'au moins 900 milliards d'euros d'engagements retraite supplémentaires qu'il faudra financer un jour ou l'autre. La moitié de ces engagements sont destinés à la fonction publique et l'autre moitié aux fonctions hospitalières et territoriales. Selon les normes comptables internationales qui imposent de comptabiliser tous les engagements figurant en hors-bilan, la France serait donc endettée de plus de 2.000 milliards d'euro.
Aux yeux de Bruxelles, la dette publique française s'élève aujourd'hui à 66% du PIB. Elle dépasserait en réalité les 120%. Pour Thierry Breton, il est essentiel que les Français prennent rapidement conscience de cet endettement astronomique, qu'ils «se l'approprient» à titre individuel pour comprendre la nécessité de réagir au plus vite. «Je serai très heureux lorsqu'il sera politiquement rémunérateur pour moi-même ou mon successeur de mener de vraies politiques de réduction de l'endettement», a-t-il poursuivi.
La première partie du rapport Pébereau devrait revenir en détail sur les raisons de l'explosion de l'endettement de la France au cours des vingt dernières années. La seconde sera réservée aux préconisations. «Il faut que les Français comprennent pourquoi il est essentiel de faire des efforts budgétaires permanents, de stimuler la croissance par tous les moyens et de continuer à vendre les actifs non stratégiques de l'État», espère Thierry Breton. C'est-à-dire poursuivre les privatisations ou les ventes de titres détenus dans les entreprises publiques à un rythme soutenu.
Alors que le service de la dette française absorbent la quasi-totalité des recettes d'impôt sur le revenu, la hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE), attendue jeudi, s'annonce comme une mauvaise nouvelle. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, Thierry Breton a indiqué que «si elle reste cantonnée à une seule hausse, l'économie française pourra faire avec» ce resserrement. Mais pas question d'accepter les arguments de la BCE selon lesquels l'inflation serait en train de déraper dans la zone euro. «Au contraire, la bonne nouvelle c'est que malgré un environnement très difficile, notamment en matière de prix des matières premières, il n'y a pas eu de tensions salariales et donc aucun effet de second tour sur les prix», a insisté le ministre. Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, présent lui aussi au forum à Paris, a refusé de répondre à ces critiques ou de s'exprimer sur les décisions prévues après-demain. Cela ressemble à un dialogue de sourds.
Un article de Cyrille Lachèvre dans Le Figaro.
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