"L'objectif de certaines communes est de cacher la misère et de l'exporter au-delà des frontières du centre-ville, a-t-il dit. Pour beaucoup de municipalités, il y a la tentation de casser le thermomètre pour ne pas voir le mauvais temps de l'exclusion. Et l'éloignement des associations, c'est le renforcement de l'exclusion".
Olivier Berthe a fait part de ces difficultés au Premier ministre Dominique de Villepin, venu lundi en début d'après-midi saluer bénéficiaires et bénévoles des Restos du Coeur dans les nouveaux locaux de l'association, situés près de la Gare de Lyon.
A Paris, les Restos, qui sont implantés dans sept sites différents, ont eu du mal cette année à trouver un local de remplacement à celui qui était situé au coeur de Paris, rue Rambuteau. Ce local, "prêté" par la ville de Paris, a dû en effet être libéré après quatre ans d'usage pour une opération de rénovation. Les nouveaux locaux, situés rue Erard, dans le XIIème arrondissement, appartiennent à l'Opac (office public chargé des HLM) et ont pu être alloués aux Restos juste à temps pour la campagne d'hiver qui se déroulera jusqu'au 24 mars.
Véronique Colucci, veuve de Coluche, qui a accueilli le Premier ministre ainsi que Catherine Vautrin, ministre déléguée à la Cohésion sociale, a pour sa part déploré qu'il y ait aujourd'hui "dix fois plus" de personnes qui s'adressent aux Restos qu'il y a vingt ans. "Michel n'aurait jamais pensé, a-t-elle dit devant les caméras, qu'un jour viendrait où des jeunes, des personnes âgées auraient aussi besoin de nous".
Olivier Berthe, qui a rappelé que les Restos avaient livré l'an dernier 67 millions de repas distribués à 630.000 personnes, a voulu, lui, lancer "trois coups de gueule pour éviter l'endormissement des pouvoirs publics". "D'abord, a-t-il dit, en direction de l'Europe : il est grand temps que l'on passe de la régulation des stocks à une vraie politique de solidarité". "Au niveau de l'Etat, a-t-il ajouté, il est grand temps aussi que les programmes de logement social et d'hébergement d'urgence soient dopés parce qu'il y a 90.000 personnes qui vivent dans la rue et qu'il manque des centaines de milliers de logements sociaux". Son troisième "coup de gueule" est pour les collectivités locales, a-t-il ajouté, qui "voudraient repousser la misère sociale dans les banlieues".
Le président des Restos s'est par ailleurs félicité que la diminution du budget envisagé pour le Plan européen d'aide aux plus démunis (PEAD) ait pu être évitée et que l'enveloppe budgétaire de 48 millions d'euros destinée à la France ait pu être "sauvée" pour l'année prochaine. "Notre inquiétude, a-t-il dit, est pour l'après 2006". (...)
(Source : Voila.fr)
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