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Nous ne rembourserons pas vos dettes !

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Nous ne sommes pas une jeunesse égoïste. Nous ne faisons pas le procès de nos aînés. Nous demandons une prise de conscience. Ce message est le cri d'alarme d'une classe d'âge.

Nos grands-parents ont reconstruit notre pays. Nos parents ont découvert le chômage de masse. Quant à nous, nous devons vivre dans une société plus instable, précaire et concurrentielle que jamais.

Le manque de moyens de nos universités, les difficultés à trouver un emploi stable, les problèmes pour se loger ne sont que quelques-unes de nos difficultés quotidiennes. Notre pays subit déjà la concurrence des nouvelles puissances comme la Chine ou le Brésil. Notre place sur la scène internationale décroît, l'Europe est en panne. Tout cela nous le savons et sommes en majorité prêts à l'assumer. Par contre, nous refusons de voir notre avenir hypothéqué. Depuis vingt-cinq ans, tous nos dirigeants ont agi comme s'il allait de soi que nous allions assumer la dette publique qu'ils accumulent. Aucun ne s'est demandé si nous le pourrions et, encore moins, si cela était juste.

Avec 2.000 milliards d'euros de dette (dont 900 milliards d'engagements de retraites, chiffres cités par le rapport Péberau), la France assume une charge qui pèse lourdement sur ses finances publiques : les intérêts de la dette. Chaque année, notre Etat dépense 45 milliards uniquement pour attendre. La dette n'est pas remboursée, elle nous est transférée au prix de 125 millions d'euros par jour, soit l'équivalent de 84 écoles maternelles.

Si elle avait servi à préparer l'avenir, elle serait saine, supportable et juste. Ce n'est pas le cas. Dans une société qui construit l'avenir, les dépenses publiques de Recherche & Développement et de Formation augmentent plus vite que la moyenne. En France, depuis vingt-cinq ans, c'est le contraire. De 1993 à 2003, les dépenses de formation par étudiant se contentaient d'une croissance de 0,4% par an contre 2,7% pour la dépense publique globale. Celles de R & D ont baissé en points de PIB et le patrimoine de l'Etat a été divisé par trois en vingt-deux ans.

Cette dette n'est pas saine. Due à la folle dépense de ces vingt-cinq dernières années, elle est le fruit d'une complète désorganisation de notre administration. Le Parlement n'a jamais eu si peu de pouvoir. Nos structures administratives sont pléthoriques et désorganisées. Nos dirigeants ne connaissent qu'une réponse : de nouvelles dépenses. Ils ne se demandent pas si les mesures prises sont efficaces. Ils se contentent de les empiler.

Cette dette n'est pas juste. Si certains affirment que le transfert à notre génération de 2.000 milliards de dette sera sans conséquence, c'est une tromperie. Les titres de la dette sont possédés par les plus riches des Français, et par des fonds de pension en majorité anglo-saxons. Le remboursement de la dette publique impliquera un transfert d'argent de la France vers l'étranger et des plus pauvres vers les plus riches. Et, chaque année, notre Etat rognera les services publics pour payer les intérêts de la dette. Enfin, cette dette n'est pas supportable. Des centaines d'entreprises et de futurs entrepreneurs quittent notre territoire faute de contreparties satisfaisantes à des impôts historiquement élevés.

Mais le pire est la menace que cet endettement fait peser sur nos parents : le non-paiement de leurs retraites. Seule dette de l'Etat à pouvoir juridiquement être remise en cause, les retraites serviront de variable d'ajustement. C'est en cela que, si rien n'est fait, nous ne paierons pas vos dettes. Sacrifier le paiement des retraites pour éviter de réformer notre Etat est un choix qui a été fait par deux fois, en 1993 et en 2003. Ce choix, nous le refusons, et c'est pourquoi il faut réformer notre Etat. La réforme est possible, la Suède et le Canada l'ont prouvé. Quatre principes ont guidé les dirigeants de ces pays et doivent guider les nôtres : repartir de la feuille blanche ; faire partager à tous l'effort, historique ; la réforme doit être rapide ; l'exemple doit venir d'en haut.

Nous nous sommes concentrés sur la méthode. Les choix concrets, eux, incombent à nos dirigeants politiques. Eux seuls ont la légitimité du vote populaire. Et nous, nous devons, par la mobilisation citoyenne, faire de la dette publique l'enjeu de cette année présidentielle.

par Clément Pitton pour Le Monde

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Mis à jour ( Jeudi, 28 Septembre 2006 17:30 )  

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