Plus de 94% des prêts de la Banque Grameen, prix Nobel de la paix 2006 ex aequo avec son fondateur Muhammad Yunus, sont des femmes. Il faut aussi savoir qu’il y a dix ans à peine, les femmes empruntaient en réalité pour leur mari (Les Bangladeshi et la Banque Grameen). Huit prêts sur dix étaient détournés par les hommes. Quelqu’un sait si cela a changé depuis ?
La Banque Grameen ne doit pas seulement se battre contre la pauvreté. Elle doit surtout se battre contre une mentalité masculine dominatrice. Les Bangladeshis ne sont pas les seules à subir les coups et contre-coups de cette mentalité. Des centaines de millions de femmes à travers le monde sont, encore aujourd’hui, considérées comme moins aptes que les hommes à prendre les décisions.
Susy Cheston, d’Opportunity International, avoue que les femmes qui prennent confiance en elles-mêmes, grâce au micro-crédit, s’effacent dès que leur mari arrive (remarques de Susy Cheston sur le renforcement du pouvoir d’action des femmes par la microfinance). Parmi les cinq étapes qu’elle propose pour progresser figure la pratique «de l’égalité entre les sexes dans nos propres institutions».
Dans le développement international, ce sont les hommes qui mènent le bal, entre eux. Il n’est pas étonnant que les femmes attendent autour de la piste. La plupart du temps, si vous observez attentivement, elles sont amochées. Un récent rapport du secrétaire général de l’ONU, auquel ont été associés les dix plus grands spécialistes mondiaux de la violence faite envers les femmes, le constate. La violence est une dimension parmi les autres, dont les traditions, les coutumes, les stéréotypes et toutes les autres formes d’assujettissement, d’une discrimination qui maintient des centaines de millions de femmes dans la pauvreté, quand ce n’est dans la misère.
Aucun pays n’est à l’abri de cette discrimination massive. En Angleterre, un organisme mis sur pied par le gouvernement a dû intervenir dans plus de 300 cas de mariages forcés en un an !
Les crimes d’honneur font chaque année plus de 5.000 victimes féminines.
Aux États-Unis, il n’est pas rare qu’un adolescent s’en prenne physiquement à sa petite amie.
Pour que les femmes sortent de la pauvreté, il faut d’abord mettre fin à la discrimination, à commencer par la violence qui en est la forme la plus intolérable. Dans beaucoup de cas, frapper physiquement ou mentalement une femme est considéré comme tout à fait dans la normalité des choses.
Même les Nations unies n’échappent pas à cette règle universelle qu’est la discrimination envers les femmes. Elles sont très minoritaires dans les diverses instances de l’ONU, et très souvent victimes de harcèlement.
Le discours antipauvreté de l’ONU est la pire des hypocrisies sur lesquelles repose cette organisation qui doit veiller au respect des droits humains. Il sert, en vérité, à camoufler l’immobilisme, un mot masculin.
(Source : AgoraVox)
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