Cette proposition a été faite lors d'une rencontre avec un conseiller fin novembre dans une agence du 14e arrondissement de Paris, à une chômeuse âgée de 52 ans, inscrite à l'ANPE depuis 1999, qui souhaite garder l'anonymat. Après son refus de suivre une "prestation" (aide à la rédaction d'un CV etc…), il lui a été conseillé de ne pas donner suite à une prochaine convocation, ce qui provoquerait sa radiation automatique dans le cadre d'une procédure de sanction. "Le conseiller m'a dit qu'il ne voyait pas en quoi l'ANPE pouvait m'être utile si je refusais une prestation", affirme-t-elle à l'Associated Press.
Le 24 novembre, un courrier "type" pour une convocation à un entretien mensuel d'actualisation de "projet personnalisé d'accès à l'emploi" lui a en effet été envoyé. Ce document, dont l'AP a obtenu une copie, précise : "Cet entretien est indispensable. En cas d'indisponibilité, je vous remercie de nous contacter. A défaut de présentation, je serai contraint(e), conformément à la loi, d'annuler votre inscription comme demandeur d'emploi". Juste au-dessus de cette formule, qui figure sur toutes les convocations similaires envoyées aux chômeurs suivis par l'ANPE, la mention manuscrite suivante a été rajoutée, avec signature : "Madame, Réfléchissez à votre désinscription comme convenu. Si c'est le cas, ne venez pas et la procédure de radiation suivra son cours".
"C'est honteux, stupide", a réagi le porte-parole de la CGT-ANPE Vincent Strobel, interrogé par l'Associated Press. Pour lui, il s'agit d'un acte "isolé", mais qui "découle d'une imprégnation quotidienne", d'une "pression au quotidien sur les personnels". "Je ne peux pas vous dire qu'il existe des objectifs chiffrés pour dire «on va radier tant de personnes», mais quant on laisse par exemple entendre que les fichiers sont encombrés par des gens qui ne cherchent pas forcément beaucoup de travail, ça passe dans les mœurs", ajoute-t-il, en soulignant toutefois que les procédures de radiation "n'ont pas explosé".
De plus, pour Vincent Strobel, "les gens qui ne sont pas directement indemnisés par l'Assedic, on a tendance à estimer qu'ils n'ont pas forcément besoin de l'ANPE. Voir un courrier comme celui-là, ça fait sauter au plafond, mais c'est la logique du système. Alors par dérives successives, on peut arriver à écrire ce genre de chose".
Au cabinet du ministre de la Cohésion sociale et de l'Emploi Jean-Louis Borloo, on assure qu'aucune consigne pouvant donner lieu à une démarche de ce type n'a été passée, et on renvoie sur la direction générale de l'ANPE. Du côté de la direction de l'ANPE, on se déclare "fortement surpris". "Sur le principe, ce n'est pas notre politique. On ne pousse pas à la désinscription", affirme-t-on, tout en disant ne pas être en mesure de se positionner "sur le fond sans connaître le dossier de cette personne et ce qui s'est dit pendant l'entretien".
(Source : Le Nouvel Obs)
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