La Chine ne compte officiellement que 4% de chômeurs. Pourtant, uniquement dans les villes, 12 millions de personnes resteront sans emploi en 2007, vient d’annoncer le ministre chinois du Travail. Vingt millions de personnes arriveront cette année sur le marché du travail, dont 5 millions de jeunes diplômés. Les statistiques chinoises ne tiennent pas compte de 200 millions de travailleurs migrants, dépourvu de permis de résidence, et de ce fait non recensés par l’administration. D’ici à 2020, 300 millions de paysans pourraient quitter les zones rurales pour gagner les villes.
Le chômage, même en Chine, est une bonne nouvelle pour les entrepreneurs et les actionnaires. C’est la garantie que les salaires vont continuer à stagner.
(...) Chômage en chine, ANPE pour tous
La théorie de l’avantage comparatif suppose que l’on atteigne un point d’équilibre dans les processus mis en jeu. Dans le cas de la Chine, les présupposés sont :
• Les salaires chinois vont monter, réduisant le différentiel et du même coup l’avantage.
• L’occident conservera une longueur d’avance dans le savoir faire.
Sur le premier point, la structure de la population active chinoise avec ses 800 millions de travailleurs laisse assez peu d’espoir :
- Agriculture 45%
- Industrie 31%
- Services 24%
Le réservoir de main d’œuvre des campagnes chinoises est loin de se tarir. La dépêche citée ci-dessus estime à 300 millions les paysans qui vont quitter leur terre d’ici à 2020, et leur arrivée sur le marché du travail tirera les salaires vers le bas.
Quand au second point, l’avance scientifique et technique dont pourrait bénéficier ad vitam aeternam l’occident, n’y a-t-il pas là comme une illusion teintée d’européano-centrisme ? Pourquoi donc la Chine, qui forme cinq millions de diplômés par an, ne serait-elle pas capable de faire aussi bien sinon mieux que les pays développés ?
(...) Les économistes contemporains se basent sur ce modèle et défendent un nouveau partage des tâches : aux pays en développement la production industrielle, aux pays développés l’innovation, les services à forte valeur ajoutée, le savoir faire. Selon ce modèle, les emplois peu qualifiés dans la production industrielle sont donc condamnés aux bas salaires et deviennent de moins en moins nombreux, tandis que les emplois très qualifiés, peu nombreux par nature, produisent les surplus qui permettent d’acquérir à bon compte à l’étranger ce qui n’est plus fabriqué sur place. Les emplois industriels perdus, quant à eux sont censés être remplacés par les services, en particulier ceux de proximité et ceux à la personne.
Le nouveau modèle social sous-jacent, c’est d’un coté une petite élite débordée de travail et très bien payée dans le secteur des services à forte valeur ajoutée, de l’autre une armée de petites mains qui s’occupent de faciliter la vie des premiers, bien trop occupés pour avoir le loisir de consacrer une part de leur précieux temps à des tâches aussi triviales que faire le marché, éplucher une carotte ou laver du linge. Nous laisserons à chacun le soin de forger son appréciation sur une telle société. (...)
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