Dividendes en hausse, salaires en baisse. Selon les estimations de Factset, les profits des 40 plus grosses sociétés françaises (celles du CAC 40) ont atteint le niveau record de 96,3 milliards d’euros en 2006. En 2005, ils se sont élevés à 85 milliards. Ce qui représente une hausse de 11,3% en un an. Inutile de préciser que les salaires, eux, n’ont pas connu une telle progression. Pas plus que l’emploi dans ces groupes (Le Monde diplomatique publiera dans son numéro d’avril, en vente à partir du 29 mars, une enquête sur les bas salaires en France et en Europe). Il n’est donc pas étonnant que les profits grimpent cinq fois plus vite que la production de richesses (2% de croissance en 2006).
Mais l’argent accumulé, qui ne sert pas aux besoins collectifs des salariés, n’est pas davantage utilisé pour moderniser l’appareil productif, ni pour relever le niveau de la recherche privée, notoirement insuffisant en France et en Europe. Il va directement dans le portefeuille des actionnaires. Les dividendes versés devraient atteindre quelque 38 milliards d’euros, selon les estimations des spécialistes (les comptes sont clos fin mars). Soit une augmentation de 20% sur l’exercice 2005. Déjà, entre 1999 et 2005, les dividendes versés par les entreprises du CAC 40 avaient effectué un bond de 71,4% (passant de 14 à 24 milliards d’euros). Durant la même période, leurs investissements ont dégringolé de 35,8% (de 120 à 77 milliards d’euros).
Ce choix de gestion des multinationales a contaminé l’ensemble des entreprises. En 2005, selon les comptes nationaux publiés par l’INSEE, les dividendes offerts aux actionnaires dans l’ensemble des entreprises non financières (hors banques et assurances) en France représentent 16% des richesses produites (valeur ajoutée). Et, selon l’économiste Nasser Mansouri-Guilani, qui travaille à partir des données de la comptabilité nationale, «pour chaque euro investi, 75 centimes vont aux actionnaires».
A noter que ces dividendes représentent évidemment, au même titre que les salaires, un coût pour l’entreprise, et participent donc très directement à la formation des prix. On parle beaucoup du prétendu «coût du travail» ; et si on s’attaquait enfin au coût du capital ? Le réduire pour accroître les salaires et les emplois qualifiés est l’une des pistes pour dynamiser la croissance sans toucher à la compétitivité...
(Source : Le Monde Diplomatique)
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