«L'intérim, c'est difficile quand on élève seule ses deux enfants. On ne connaît pas le lendemain. Et on redécouvre à chaque fois un nouvel environnement professionnel.» Sylvie, 40 ans, habite un HLM dans l'agglomération nantaise. Elle a d'abord travaillé dix ans comme secrétaire en contrat à durée indéterminée. Mais, après son congé parental de trois ans pour élever sa deuxième fille, elle n'a plus retrouvé d'emploi fixe. Ce n'est pas faute d'avoir cherché : «Je n'ai eu que des propositions à temps partiel. C'est insuffisant pour vivre.»
Elle alterne alors contrats d'intérim et périodes de chômage indemnisées. Et, depuis deux ans, elle travaille à temps plein, sans discontinuer, en intérim. Elle est pourtant restée inscrite parmi les demandeurs d'emploi de catégorie 1, qui regroupe les personnes libres immédiatement et à la recherche d'un travail durable. Une catégorie sur laquelle reposent les statistiques du chômage.
Patatras. Début mars, Sylvie reçoit un courrier de l'ANPE l'informant qu'elle n'est plus inscrite sur la liste des demandeurs d'emploi, parce qu'elle travaille à temps plein depuis plus de deux mois. «Pourquoi maintenant ? s'interroge-t-elle. Je suis rigoureusement dans la même situation qu'il y a deux ans. Est-ce pour contribuer à la baisse du chômage en période électorale ?» Sylvie trouve cette décision "injuste" : «Si, après ma mission actuelle, je n'en retrouve pas une nouvelle, il faudra que je me réinscrive à l'ANPE. Cela retardera mon indemnisation en raison du délai de sept jours pour rouvrir les droits Assedic.» Pour elle, l'intérim, ça reste précaire : «Ça peut s'arrêter à tout moment.»
Mais, pour l'ANPE, Sylvie exerce une activité professionnelle. «Nous prenons simplement acte qu'elle travaille de façon régulière depuis deux ans», indique Jean-Loup Geny, le directeur délégué de l'ANPE du bassin de Nantes. Mais pourquoi la rayer de la liste seulement aujourd'hui ? «L'actualisation de situation est effectuée chaque mois par les demandeurs d'emploi auprès de l'Assedic. L'ANPE consulte ces dossiers à tous moments pour faire un plan d'action, proposer des solutions. Nous avons dû découvrir à cette occasion la situation de Sylvie.» Il insiste : «Nous n'avons aucune consigne pour radier des gens, ni les changer de catégorie. Notre but est de les sortir du chômage en leur trouvant des emplois durables.» La porte n'est pas fermée, ajoute-t-il. «Nous sommes prêts à écouter ses arguments, voire à réviser notre position.»
Sylvie a contesté la décision de l'ANPE. L'intérim est une "solution d'urgence", écrit-elle en soulignant : «Je suis toujours à la recherche d'un emploi stable.»
(Source : Ouest-France)
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