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Racisme à l'embauche : l'Etat "conscient" des problèmes

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Le gouvernement est "pleinement conscient des problèmes et des efforts qui doivent être accomplis", a indiqué mercredi 14 mars le ministère de l'Emploi après la publication d'une nouvelle enquête réalisée par le Bureau international du travail, pointant le racisme à l'embauche en France.

Près de quatre fois sur cinq, un employeur français préfère embaucher un candidat "d'origine hexagonale ancienne" plutôt que son collègue d'origine maghrébine ou noire africaine, indique un rapport du BIT, basé sur un testing géant de plus de 2.000 entreprises réalisé fin 2005-début 2006 à Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Paris et Strasbourg. "Le gouvernement, pleinement conscient des problèmes existants et des efforts qui doivent être accomplis, a mis en place dès 2003 les instruments législatifs et opérationnels pour lutter contre les discriminations", a indiqué le ministère de l'Emploi, rappelant notamment la création de la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde).

Regrets de SOS Racisme. Sa publication a provoqué des commentaires mitigés de SOS Racisme. Son vice-président, Samuel Thomas, a regretté au micro de France Info "de n'utiliser la méthode du testing qu'à la moitié de son intérêt". "Recueillir ces preuves-là simplement pour une mesure statistique, c'est un peu du gaspillage", a-t-il estimé. Selon lui en effet, "la méthode du testing a aussi l'intérêt de recueillir des preuves pour faire sanctionner les auteurs de la discrimination". "Un testing, ça doit être fait pour faire un procès", comme l'a fait à plusieurs reprises avec succès l'association de lutte contre le racisme, a poursuivi le vice-président de SOS Racisme.

Les pratiques dénoncées. "Collectivement, les employeurs testés ont très nettement discriminé les candidats minoritaires (d'origine maghrébine ou noire africaine) et seulement 11% des employeurs ont respecté tout au long du processus de recrutement une égalité de traitement entre les deux candidats", note le BIT. "Près de 90% de la discrimination globale est enregistrée avant même que les employeurs ne se soient donné la peine de recevoir les deux testeurs en entrevue", souligne l'enquête.
Différentes pratiques sont dénoncées, du mensonge basique ("Le poste est déjà pourvu") à la réponse embrouillée ("Rappelez-moi en fin de semaine, on est quel jour ? ... on est vendredi... euh oui donc, rappelez-moi la semaine prochaine pour voir s'il y a du changement."). Le BIT note également "une forme assez sournoise de discrimination" qui consiste à mettre en attente le candidat discriminé ("Envoyez un CV", "Rappelez" ou "On vous rappellera") alors que le candidat majoritaire reçoit une proposition d'entretien.

Diplômes et expériences équivalents. Le BIT a testé ainsi 2.440 offres d'emploi à Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Paris et Strasbourg, en ayant recours à des étudiants ou des comédiens, de 20 à 25 ans, dûment formés pour l'exercice. Tous Français, les candidats qui ont répondu à des offres de basses et moyennes-basses qualifications, dans le secteur de l'hôtellerie-restauration, de la vente, du commerce et d'autres domaines comme les services à la personne, transports, accueil, etc., se font appeler, pour le "candidat majoritaire" Julien Roche ou Jérôme Moulin pour les hommes, Marion Roche ou Emilie Moulin pour les femmes, et Kader Larbi, Farid Boukhrit, Aminata Bongo ou Binta Traoré pour le "candidat minoritaire".
Tous ont des CV rigoureusement équivalents en termes de scolarité, formation, qualifications, expérience, mobilité, résidence et se distinguent simplement par la consonance de leur nom.
Les vrais faux candidats ont téléphoné, envoyé un CV ou se sont présentés directement.

Réponses différentes aux deux candidats. Dans 32,8% des cas, les deux candidats concurrents ont essuyé un refus après le premier contact. 22,3% ont été priés de patienter, 13,3% ont tous les deux été convoqués pour un entretien ou pour une évaluation (3,6%) ce qui constitue, souligne le BIT, la meilleure manière de prévenir les discriminations. Dans les autres cas (28%), la réaction la plus fréquente a consisté à donner des réponses différentes aux deux candidats, les trois quart du temps au détriment du candidat d'origine maghrébine ou noire africaine. Parfois, après un rendez-vous, la discrimination a quand même eu lieu, l'excuse invoquée par certains employeurs étant de faire croire au candidat discriminé qu'il est refusé sous prétexte qu'il habite loin.
Un seul test a eu pour résultat une discrimination à l'encontre d'un candidat prénommé Julien et intéressé par un poste de serveur. L'employeur a retenu le vrai faux Farid Boukhrit, après lui avoir posé une foule de questions sur ses origines et sa religion "parce que, lui a-t-il dit, j'ai un cuisinier originaire de Sétif qui visiblement n'accepte pas tellement les musulmans non pratiquants".

(Source : Le Nouvel Obs)

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Mis à jour ( Jeudi, 15 Mars 2007 15:27 )  

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