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Qu'à cela ne tienne ! Jean-Louis Borloo, qui n'a peur de rien (1), a même déclaré ce matin tabler sur un taux de chômage à 7,9% de la population active à la fin 2007, faisant fi de sa modeste présence dans un futur gouvernement, et surtout des résultats définitifs de l'INSEE attendus pour l'automne.
Les incertitudes sur le taux de chômage en France posent problème à Eurostat
La décision de l'INSEE de reporter son Enquête Emploi annuelle, "falsifiant" d'ici là toutes les estimations mensuelles, n'est pas non plus du goût du service des statistiques dépendant de la Commission européenne, chargé de collecter et d'harmoniser les données économiques des pays membres de l'UE, et qui doit à son tour publier vendredi le taux de chômage harmonisé de la zone euro et de l'UE pour le mois de février. "On a deux solutions. Soit on adopte la position de l'INSEE et on attend l'automne. Soit au contraire on utilise les données de l'Enquête Emploi que l'Insee nous a transmises pour le troisième et le quatrième trimestre de l'année dernière", a expliqué un porte-parole d'Eurostat, sans préciser quelle option avait été retenue. Mais si c'est la seconde, le "bon chiffre" du gouvernement pourrait être remis en cause dès demain.
(1) Le député communiste Alain Bocquet a même dit que "le ministre de la Cohésion sociale fait avec trois grammes de savon sept baignoires de mousse" !!!
=> => DERNIÈRE MINUTE : Ça n'a pas loupé ! Pour Eurostat, c'est 8,8% et non 8,4% (lire en commentaire)... Selon ses calculs, le gouvernement de Villepin enregistre la moins bonne performance de la zone euro puisque l'office statistique a aussi revu à la hausse notre taux de chômage 2006 à 9,4% au lieu de 9%. La France affiche en conséquence le taux le plus élevé de la zone euro, et le troisième plus élevé parmi les 27 pays de l'Union européenne.
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Commentaires
L’INSEE vient de publier les chiffres des créations d’emploi pour 2006. La comparaison des données de cette législature avec ceux de la législature précédente est effrayante pour l’UMP de Nicolas Sarkozy…
Le résultat de 2006 (192.000 créations nettes) n’est pas du tout à la hauteur de celui de 2001 (248.000 créations nettes).
En fait, jamais durant l’actuelle législature le nombre de créations nettes annuelles n’a atteint le plus faible nombre obtenu durant la précédente législature : le maximum de l’actuelle législature est de 192.000 en 2006, tandis que le minimum obtenu sous la précédente législature est de 261.000 en 1997.
Pire ! Le total des créations nettes d’emploi de l’actuelle législature est inférieure à la seule année 1999 (442.000 créations nettes d’emplois). Les créations nettes d’emploi de la précédente législature frôlaient les 2 millions (1,8 million)…
Ce résultat plaide pour la pertinence du projet des socialistes et de leur candidate et justifie que l’on jette à la poubelle la pseudo étude de l’institut du patronat Rexecode, qui ose affirmer que seul le projet de Sarkozy serait créateur d’emplois alors que ceux de Royal et de Bayrou seraient destructeurs d’emploi. Au vu des bilans des uns et des autres, ceci n’est absolument pas crédible.
(Source : Betapolitique)
Pour illustrer cet article pertinent, voici la courbe des créations d'emplois de 1995 à 2004 :
Nous remarquons en 2003 un solde négatif qui a été qualifié d'historique : 73.000 emplois détruits ! Jean-Pierre Raffarin, alors premier ministre, disait "la route est droite mais la pente est raide"… Effectivement elle est bien raide, tant et si bien qu'on n'a jamais réussi à la remonter. Répondre | Répondre avec citation |
Face à la décision de l'INSEE de reporter les résultats de son enquête annuelle "pour des raisons techniques", la DARES puis la FSU ont demandé la suspension de la publication des estimations mensuelles du taux de chômage pour cause de crédibilité scientifique et d'approximations fantaisistes. Répondre | Répondre avec citation |
Le collectif Les Autres chiffres du chômage (ACDC), qui conteste le taux de chômage donné chaque mois par le gouvernement, affirme que ce chiffre officiel "ne veut rien dire" et qu'il est calculé sur la base de "statistiques manipulées", permettant d'afficher une "baisse du chômage fictive".
En effet, selon le collectif, "il n'existe pas un 'vrai chiffre du chômage', mais une diversité de situations de chômage, de sous-emploi et de précarité, qu'il faut éclairer par quelques indicateurs réguliers et pertinents". Le collectif a donc réalisé sa propre estimation des situations de précarité, rendue public jeudi matin, en s'appuyant sur la définition du Bureau international du travail (BIT) concernant le chômage et "l'emploi inadéquat".
ACDC se base sur des données chiffrées qui datent de 2005. "L'emploi inadéquat recouvre quatre types de situations socialement inacceptables et économiquement injustifiées : les bas salaires (moins de 818 € pas mois), les contrats précaires, le déclassement professionnel, le travail dangereux pour la santé", précise ACDC dans un document remis à la presse jeudi.
Selon l'estimation du collectif, qui se base sur les définitions du BIT et sur des statistiques officielles mais précise avoir réalisé ses propres calculs, "11,4 millions de personnes se trouvent en 2005 dans un situation d'emploi inadéquat au sens du BIT". "Si on y ajoute les chômeurs, toujours au sens du BIT", poursuit le collectif, "14 millions de personnes sont touchées par le chômage total ou l'emploi inadéquat, soit 51% de la population active".
"Cette proportion n'a cessé d'augmenter depuis 1990", affirme ACDC. "Au-delà des fluctuations conjoncturelles d'un chômage qui se maintient à un niveau élevé, la qualité des emplois s'est donc continûment dégradée sur la période".
Le collectif ACDC regroupe des syndicats de l'ANPE, de l'INSEE et des associations de soutien aux chômeurs. Il est à l'origine de la polémique lancée depuis décembre dernier sur le chiffre mensuel du chômage publié par le gouvernement dont il prend systémtiquement le contre-pied depuis quatre mois.
(Source : Le Nouvel Obs) Répondre | Répondre avec citation |
Eurostat, l'Office européen de statistiques, a révisé en nette hausse, ce vendredi 30 mars, le taux de chômage français. D'après Eurostat, celui-ci se situait en France à 8,8 % en février.
Dans la foulée, les statisticiens européens ont revu en hausse d'un demi-point de pourcentage leurs propres estimations portant sur les six mois précédents : en janvier, le taux de chômage selon Eurostat ressort ainsi à 8,9% - contre 8,4 % d'après sa précédente évaluation. Le seuil des 9% n'a été franchi à la baisse qu'en janvier 2007 et non pas en août 2006, comme calculé en février avant la prise en compte des enquêtes sur l'emploi les plus récentes.
Le bras statistique de la Commission européenne a décidé d'effectuer ces corrections en utilisant partiellement l'enquête sur l'emploi du troisième trimestre 2006 de l'INSEE, que celle-ci a renoncé à traiter pour des "raisons techniques", reportant à l'automne 2007 ses traditionnelles opérations de correction. Selon les calculs d'Eurostat, le gouvernement de Villepin enregistre la moins bonne performance de la zone euro, dont le taux de chômage continue de reculer (à 7,3%). L'Allemagne affiche – selon la méthode de calcul comparative d'Eurostat pour l'Union européenne – une décrue beaucoup plus rapide, son taux de chômage étant passé de 8,9% en février 2006 à 7,1% en février 2007 (contre respectivement 9,7 et 8,8% en France). La France se situe, selon ces chiffres, en queue de peloton au sein de l'Union européenne, où le taux de chômage moyen est désormais de 7,5% juste devant la Slovaquie et la Pologne. Avant cette révision, la France faisait mieux que la Belgique, l'Espagne et la Grèce.
CONTRE-ENQUÊTES. "Cette décision est purement technique, et a été prise à l'issue de multiples échanges avec l'INSEE", assurait-on jeudi en fin d'après-midi auprès d'Eurostat, à l'heure où les chiffres n'étaient pas encore définitivement arrêtés. Habituellement, certains écarts existent entre les statistiques françaises et celles de l'Office européen : ce dernier prend en compte le chômage dans les départements d'outre-mer, ce qui n'est pas le cas à Paris.
Mais cette fois, la différence s'explique par l'utilisation des enquêtes sur l'emploi de l'INSEE pour les troisième et quatrième trimestres de 2006, qui permettent, selon les statisticiens, d'affiner les données administratives collectées par l'Agence nationale pour l'emploi chaque mois.
En raison des difficultés rencontrées par son homologue français, l'Office européen a reçu les deux enquêtes-emplois en même temps après la réunion, le 8 mars, du Conseil national de l'information statistique, où l'INSEE avait tenté de justifier la non correction de ses propres résultats en mars.
Après de longues hésitations, la décision a été prise de les utiliser en les assortissant d'un avertissement qui n'exclut pas une nouvelle correction : "Les estimations sont basées sur les résultats de l'enquête sur les forces de travail qui sont provisoires et susceptibles d'être révisées en cours d'année", devait préciser Eurostat lors de la publication de ces chiffres en fin de matinée, vendredi.
Les chiffres publiés jeudi par le gouvernement à Paris sont calculés par la DARES, le service des statistiques du ministère de l'emploi, à partir des données fournies par les services de l'ANPE. Selon ces chiffres du ministère de l'emploi, la baisse du chômage en février touche toutes les catégories. Celui des jeunes a reculé, selon la DARES, de 0,5% soit 43.000 personnes. Sur un an, la baisse atteint 10,4%. Le chômage des personnes âgées de plus de 50 ans a aussi reculé de 1,4% sur un mois et de 9,6% sur un an. Enfin, le chômage de longue durée est aussi en recul de 3,1% sur un mois et de 16,9% sur un an.
Le ministre de l'emploi, Jean-Louis Borloo, énervé par les polémiques sur les chiffres, met en avant le nombre des créations d'emploi révélées par l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS) : 252.000 emplois ont été créés en 2006, pour un recul du nombre de chômeurs presque équivalent.
(Source : Le Monde) Répondre | Répondre avec citation |
Il fallait faire mieux que Jospin. C’est fait. Sur le papier. Le taux de chômage en France s’affiche à 8,5% fin janvier 2007 contre 8,6% fin juin 2001, lorsqu’il atteignit – grâce en partie aux 35 heures, on ne le redira jamais assez – le point le plus bas depuis… 1983. Champagne et petits fours dans le camp sarkozien, autocongratulat ions et péroraisons. De quoi donc parlez-vous, répond Nicolas Sarkozy à un auditeur de France Inter qui lui demandait s’il osait être fier du bilan de l’actuelle majorité : le taux de chômage est moindre que sous la gauche.
Je pèse mes mots : cette affirmation est un mensonge et les hommes du pouvoir n’en sortent pas grandis. Pour justifier ce jugement que d’aucuns pourraient estimer excessif – mon caractère sanguin, diront-ils –, quelques mots d’explication ne sont pas de trop. En route pour un peu de technique, que les lecteurs me pardonnent.
Mesurer le chômage ne peut pas se faire à partir des statistiques de l’ANPE. Parce qu’elles ignorent les chômeurs qui ne sont pas inscrits à l’ANPE et parce qu’elles dépendent des modes de gestion des fichiers de l’Agence. Or, justement, ces modes de gestion ont pas mal changé depuis un an : suivi mensuel des demandeurs d’emploi, création d’une convention de reclassement personnalisé (dont les bénéficiaires ne sont alors plus considérés comme demandeurs d’emploi), etc… Les experts estiment que ces changements amènent à réduire le taux de chômage d’environ 0,3 point. Ce qui voudrait dire que le chômage n’aurait pas diminué autant que ne le disent les données issues de l’ANPE, et que le taux de chômage serait de 8,8% fin janvier et de 9,4% en moyenne pour l’année 2006.
Pour trancher entre ces différentes estimations, il existe un juge de paix : l’INSEE et son enquête emploi, la plus importante et la plus lourde (1) de toutes les enquêtes effectuées par la statistique publique. Menée auprès de 70.000 ménages, chacun étant interrogé six trimestres de suite, elle possède un énorme avantage : elle permet de mesurer le chômage selon des normes internationales (dites du Bureau international du travail, BIT) indépendamment de l’inscription à l’ANPE. Mais elle a un inconvénient : publiés une fois par an, les résultats de l’enquête ne permettent pas de suivre l’évolution du taux de chômage chaque mois. Aussi, les statisticiens du ministère de l’Emploi utilisent les résultats de la dernière enquête emploi publiée (en général en mars) pour estimer les coefficients qu’ils appliqueront chaque mois aux statistiques de demandeurs d’emploi, afin de déterminer à quel taux de chômage «au sens du BIT» ces statistiques correspondent, des estimations qui seront éventuellement corrigées en mars de l’année suivante, en fonction des résultats de la nouvelle enquête emploi.
Cette année, l’INSEE a déclaré forfait : l’enquête donne pour 2006 un taux de chômage moyen de 9,8%. Le même que l’année précédente, et nettement plus que ce que les coefficients estimés l’an dernier donnaient (9,1%). Un tel écart n’avait jamais été constaté. Dans un scrupule scientifique qui l’honore, l’Insee a donc décidé de vérifier les résultats de son enquête. Donc de ne pas les publier avant septembre. Donc de repousser à cette date la correction des coefficients estimés l’an dernier. Donc de permettre à quelques fanfarons gouvernementaux de laisser publier n’importe quoi pour se faire mousser.
S’il ne s’agissait que de ces fanfarons, la gravité de l’affaire serait limitée : ce ne sont que des fanfarons. Mais la statistique publique vient de nous priver de thermomètre, laissant la porte grande ouverte à toutes les manipulations et à tous les soupçons. Comme la femme de César, la statistique publique ne doit pas être soupçonnée si elle veut jouer son rôle et servir d’arbitre impartial. Aucun scrupule scientifique, aussi fondé soit-il, ne peut justifier la décision prise qui, je pèse mes mots, me paraît dramatique, car renforçant une conviction hélas déjà bien trop répandue, celle qui voudrait, comme le prétendait Gladstone, que la statistique soit la forme la plus élaborée du mensonge. Déjà, face à la grogne de l’opinion publique persuadée que l’indice des prix sous-estime l’inflation, l’actuel ministre de l’Economie, dans un bel élan de démagogie populiste, avait imaginé un panier type et imposé à l’Insee d’en suivre la mesure. Maintenant, l’Insee donne à chacun la possibilité de calculer son «indice». Ce qui aura inévitablement pour effet de décrédibiliser celui qui nous servait de thermomètre (et de guide des politiques publiques pour réévaluer chaque année les minima sociaux, le Smic et un certain nombre de prestations).
Trop d’indices tuent l’indice. Pelle après pelle, la statistique publique serait-elle en train de creuser sa tombe et de nous priver d’un bien public dont nous avons impérativement besoin ?
(1) A l’exception des enquêtes de recensement, puisque celui-ci n’est plus désormais exhaustif et s’effectue chaque année sur une fraction du territoire et, pour les villes les plus importantes, sur un échantillon représentatif de la population de chacune de ces villes.
Denis Clerc pour Alternatives Economiques) Répondre | Répondre avec citation |