Nicolas Sarkozy bénéficie-t-il d'un régime policier de faveur lors de l'organisation de ses réunions publiques ? Vendredi 13 avril, le candidat UMP était en déplacement à Meaux (Seine-et-Marne). Il devait rencontrer des habitants du quartier populaire de Beauval, puis tenir un meeting. A cette occasion, une centaine de salariés des entreprises JDC Imprimerie et LSG-Gate-Gourmet, sous la menace de licenciements massifs, souhaitaient se rendre à Meaux pour interpeller M. Sarkozy. C'était sans compter sur un imposant dispositif policier : 320 personnes, dont plus de 200 membres des forces mobiles.
Michèle Guzman, responsable départementale du Parti communiste, accompagnait les salariés de LSG auxquels le PCF avait fourni un bus. "Une voiture de police nous attendait à la sortie de l'usine, dit-elle. Cinquante mètres plus loin, trois motards nous ont demandé de nous mettre sur le bas-côté." Il était près de 18 heures. Officiellement, il s'agissait d'un banal contrôle routier. Les policiers se sont contentés de prendre les papiers du véhicule, selon Mme Guzman. "Ça ressemblait à une méchante provocation, poursuit-elle. On a fait prévenir la préfecture, qui nous a fait savoir que tout cela relevait du ministère de l'intérieur." Le bus n'a été autorisé à partir qu'à 20h30.
"Ils étaient plus nombreux que nous !"
Une mésaventure identique est survenue au deuxième bus, parti de JDC. Après un premier contrôle à la sortie de l'usine, il a été arrêté par deux motards au moment d'entrer sur l'autoroute. Devant les protestations des passagers, les policiers ont accepté de les escorter jusqu'à Meaux : ils n'y sont jamais arrivés. Le bus a été de nouveau stoppé dans une petite commune où des renforts policiers avaient été postés, notamment une compagnie républicaine de sécurité. "Ils étaient plus nombreux que nous, explique Jean-Paul Brinon, délégué intersyndical CGT-FO dans l'usine. On a eu le droit pendant deux heures et demie à une garde à vue en pleine campagne, sans aucun motif."
Selon la direction centrale des CRS, les consignes avaient été données par la direction départementale de la sécurité publique (DDSP), sous l'autorité du préfet. La DDSP, elle, renvoie sur le ministère. Dans l'entourage du candidat, on affirme n'être informé que du dispositif policier autour du lieu de meeting. "Pour le reste, ça relève de la préfecture", dit-on.
Le lendemain de ces événements, M. Sarkozy tenait une réunion publique sur la place de la mairie de Châteauneuf-du-Pape (Vaucluse). Cette fois, pas de bus à intercepter ; simplement une dizaine de perturbateurs, peu décidés à écouter l'appel à la mobilisation lancé par le candidat à la "majorité silencieuse". Repérés par le service d'ordre de l'UMP et les gendarmes, ils ont été écartés le temps du discours. "Il n'y a pas eu d'interpellations, juste des contrôles d'identité pour prévenir tout trouble à l'ordre public, explique Guy Parayre, directeur général de la gendarmerie nationale. En cette période électorale délicate, on fait preuve d'une vigilance préventive dès qu'il y a un rassemblement important, et ce pour tous les candidats de premier plan."
(Source : Le Monde)
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