Laurence Parisot, la présidente du Medef, a une position simple : elle appelle à une réforme du contrat de travail permettant une "séparabilité" à l'amiable. Elle n'a pas hésité à comparer la relation entre un salarié et son employeur à une relation de couple. Puisque désormais les couples se séparent quand l'amour est mort, pourquoi donc faire un drame du licenciement ? Mais faut-il rappeler à Madame Parisot que si de nombreux couples se séparent désormais sans drame, c'est que l'émancipation des femmes et leur accès à l'autonomie financière leur permettent, dans la plupart des cas, de négocier d'égal à égal avec leur conjoint. Peut-on sérieusement en dire autant de la relation entre un salarié et son employeur ? Evidemment non : le salarié par définition lui est subordonné.
Tout le droit du travail s'est précisément construit sur l'idée que la relation de travail ne pouvait être assimilée à un contrat de droit commun, qui présuppose l'égalité des parties. Faire comme si le contrat de travail établissait une relation égalitaire, c'est revenir, au nom de la liberté de chacun, au "renard libre dans le poulailler libre" dénoncé jadis par Marx.
Faut-il alors ne rien changer ? Non, car dans le monde actuel, les entreprises doivent pouvoir adapter plus aisément leurs effectifs aux variations de la conjoncture et aux mutations des marchés. A cette fin, elles recourent aujourd'hui massivement à l'intérim et au contrat à durée déterminée, notamment pour les jeunes. D'où l'idée de réunifier les conditions d'emploi. Pourquoi pas ? Reste à voir quelles garanties seront proposées aux chômeurs en termes de revenu de remplacement et de formation. Or, non content de réclamer une baisse continue des cotisations sociales, le patronat, au nom de la compétitivité, aimerait s'abstraire de toute responsabilité dans la prise en charge du chômage, sinon pour gérer, à travers une Unedic aux responsabilités limitées, la mobilité des chômeurs immédiatement employables.
Cette exigence est inacceptable. Il faut au contraire responsabiliser les entreprises en leur imposant, en contrepartie d'une flexibilité plus forte, de financer des garanties collectives plus étendues pour les salariés privés d'emploi. Il leur reviendrait alors de fixer le bon niveau de compromis entre ce qui doit être supporté par chaque entreprise, en fonction de son comportement et de sa situation spécifique, et ce qui doit l'être par l'ensemble des entreprises via le financement du service public de l'emploi. Le patronat, qui est tout sauf stupide, ne manquerait pas d'en conclure que son intérêt bien compris est de refuser une flexibilité extrême qui permettrait aux employeurs les moins vertueux de faire supporter par l'ensemble de leurs collègues des pratiques de gestion de la main-d'œuvre inacceptables.
Philippe Frémeaux pour Alternatives Economiques
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