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Accueil La revue de presse Délation : Ça balance pas mal à la CAF

Délation : Ça balance pas mal à la CAF

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En une année, plus de 3.000 lettres de dénonciation ont été reçues par les services des allocations familiales. Lues et conservées, elles peuvent être utilisées contre les personnes qui ont été dénoncées.

En dégainant son numéro vert garantissant l’anonymat à toute personne susceptible de fournir des informations à la police, le préfet de Marseille n’a rien inventé. Il a perpétué une vieille tradition qui a connu son heure de gloire sous l’Occupation et qui continue de distraire d’honnêtes citoyens en mal de justice et d’équité : Sa Majesté la délation.

Des pratiques de l'ombre

Pour la seule année 2011, la Caisse nationale des affaires familiales a enregistré pas moins de 3.200 lettres de dénonciation récoltées par ses 102 antennes départementales. «Elles ne sont pas jetées, elles sont lues et peuvent être utilisées si elles apportent des faits éclairants», explique un porte-parole de la CNAF.

À en croire Anne-Lise Ulmann, maître de conférences au Conservatoire national des arts et métiers et co-auteure de “Citoyens et délateurs” (paru en 2005 aux éditions Autrement), ce mal social embarrasserait au plus haut point cette institution. «Pratiques de l’ombre par excellence, ces lettres gênent parce qu’elles font obstacle à l’idéal de transparence humaniste, relève-t-elle. Face à ce phénomène, les contrôleurs que j’ai pu rencontrer sont partagés entre la volonté d’ignorer et le sentiment d’accomplir, grâce à ces lettres, une action de rééquilibrage salutaire. On prend aux fraudeurs pour redistribuer à ceux qui en ont vraiment besoin.»

Faut-il encore se mettre d’accord sur la définition du mot «fraudeur»... «Un retard dans la mise à jour de votre situation, un courrier confus et vous pouvez rapidement vous retrouver dans cette case», avertit-elle.

"Un bon Français"

Dans les lettres qu’Anne-Lise Ulmann a manipulées, apparaissent le plus souvent «des situations de concubinage non déclarées ou des revenus cachés». «Le papier utilisé peut être une petite feuille arrachée d’un carnet à spirales, une feuille quadrillée de cahier» et, toujours selon elle, la syntaxe incohérente et les phrases incomplètes trahiraient «la passion indignée» ou la «frustration insupportable» de l’auteur.

Si ces délateurs ont un problème de forme, pas de souci. Ils peuvent se tourner vers Internet et demander, par exemple : «Comment dénoncer anonymement une personne à la CAF ?» Les utilisateurs des nombreux forums de discussion (Aufeminin, Yahoo…) en sont particulièrement friands. Et avec seulement 4 euros en poche, ils pourront s’offrir un «modèle de lettre de dénonciation» (sic) auprès du site marchand Modele-lettre.com.

En plus de l’orthographe et de la syntaxe, les délateurs s’achèteront une bonne conscience. Jugez plutôt : «Il est tout à fait révoltant de constater de telles tricheries qui mettent en péril notre système de solidarité nationale envers les personnes les plus démunies et portent atteinte aux contribuables et citoyens honnêtes que nous sommes», conclut, sans rire, la lettre type adressée à «Monsieur l’inspecteur de la CAF». Et signée «Un bon Français» !

Montants minimes

«Les dénonciations sont des lettres de désespoir», corrige Anne-Lise Ulmann. «Avec la baisse des moyens, de moins en moins d’intervenants vont voir ces personnes perdues, isolées et qui ne connaissent souvent pas leurs droits.» En face, on trouve des dénoncés souvent tout aussi largués et qui vont devoir rembourser des sommes vitales.

«En plus, les montants sont généralement minimes», note l’enseignante. Aux finances et à la répression des fraudes, ça dénonce aussi. Mais là-bas, on a fait le choix de ne pas communiquer sur le phénomène. «Les lettres, pas des tonnes quand même, sont reçues par les directions départementales, mais nous n’avons pas de politique précise en la matière», affirme une porte-parole de la Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF). Étonnant, d’autant que les témoignages de commerçants «victimes» de dénonciations ne tarissent pas. Mais on ne vous filera pas leurs noms : on n’est pas des balances.

(Source : L'Humanité)

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Mis à jour ( Dimanche, 07 Avril 2013 17:21 )  

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