D’où viennent ces chiffres ?
«500.000 emplois non pourvus ? Ça monte encore plus vite que le cours du pétrole !», ironise Marc Moreau d’AC! Agir contre le chômage. En 2004, François Fillon, alors ministre du Travail, avait lancé le chiffre de 300.000 offres d’emplois non satisfaites. Pour arriver à cette évaluation, l’ANPE avait mixé le nombre d’annonces déposées à l’agence qui n’avaient pas trouvé preneur et les résultats d’une étude qualitative sur les difficultés de recrutement des employeurs. «Nous avions fait le tri entre les annonces non pourvues parce qu’elles avaient été retirées par l’employeur lui-même, et celles qui n’avaient pas trouvé de candidats adéquats», explique-t-on aujourd’hui à l’Agence. Le ministère en a fait une extrapolation : puisque seules 30 à 40% des offres d’emploi du pays passent par l’Agence, une simple règle de trois partant du résultat obtenu, et on obtient le chiffre de 300.000.
Un calcul pour le moins approximatif... Selon la direction de l’ANPE elle-même, les offres d’emplois non pourvues tombent à 200.000 durant l’année 2005. Or, en juin de cette même année, Villepin parle cette fois de 500.000 emplois non pourvus ! C’est le même chiffre que Sarkozy a repris jeudi. Le ministère de l’Economie affirme avoir multiplié par trois (toujours parce que l’ANPE ne voit passer qu’un tiers des offres) le nombre d’annonces réitérées par les employeurs faute de candidats à la fin 2002 (170.000, selon le ministère). Ça date.
A quelles fins sont-ils utilisés ?
Le nombre d’offres d’emplois non pourvues est un instrument très utile pour l’ANPE : ventilé par région et par secteur (en 2006 le bâtiment, le gardiennage, le nettoyage ou l’informatique étaient les plus touchés), il permet par exemple d’orienter la formation des chômeurs. Son usage politique en revanche est délicat. 500.000 emplois, mais à quel salaire ? A quelles conditions ? Peut-on demander à un coiffeur toulousain d’accepter un poste à Charleville-Mézières ? Pris dans sa globalité, ce chiffre ne signifie donc pas grand-chose, mais permet aux gouvernements de faire passer l’idée que si vraiment les chômeurs voulaient travailler, ils le pourraient.
(Source : Libération)
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