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La grève du chômage

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Bonne nouvelle : l'économie française n'a pas officiellement détruit d'emplois au troisième trimestre. L'Institut national de la statistique et des études économiques devait en effet publier hier le dernier chiffre trimestriel de l'emploi et puis… rien.

Ni statistique ni étude économique, pas même d'institut d'ailleurs, et d'institut «national» moins encore. Pour cause : afin de protester contre l'intention qu'a Nicolas Sarkozy de délocaliser à Metz plusieurs services de la statistique publique (INSEE, Dares, DREES), les fournisseurs d'accès à l'information économique ont provisoirement fermé le robinet à chiffres. Il faudra donc attendre mardi pour connaître ceux de l'INSEE sur les pertes d'emplois du troisième trimestre, et se contenter, en attendant, de ceux, très divergents, de l'ACOSS — l'organisme central des URSSAF — et de l'Unedic, régime d'assurance-chômage => lire en commentaire.

Que l'INSEE se transforme, contre sa nature, en «grande muette», ce n'est pas une mince ironie puisqu'il s'agit, pour les services concernés, d'aller remplacer les militaires bientôt perdus par la préfecture de Moselle. Depuis quelques jours, les pacifiques statisticiens utilisaient l'arme de la dérision en publiant de fausses études. L'une d'elles, datée de janvier 2012, intitulée «INSEE dernière» au lieu d'«INSEE première», révèle ainsi que, à cette date, «grâce à l'action de l'Etat, le chômage a été complètement résorbé» dans les zones urbaines sensibles de Lorraine. Une autre, consacrée à la hausse des effectifs de médecins, montre une courbe régulièrement ascendante jusqu'à 2007, date à laquelle elle prend la forme d'un point d'interrogation. La preuve par l'image qu'une «statistique publique indépendante et de qualité est indispensable au débat démocratique».

Etre privé d'information statistique serait une calamité pour la presse économique. D'un autre côté, il faut bien reconnaître que, en temps de crise, cela aurait du bon. L'emploi demeurerait stable, à son niveau de la mi-année. Stabilisé à 7,3%, le taux de chômage arrêterait de grimper. Et la croissance cesserait de s'effondrer. La grève des mauvaises statistiques, c'est un peu celle des tristes réalités.

(Source : Les Echos)

Pour en savoir plus => www.sauvonslastatistiquepublique.org

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Mis à jour ( Vendredi, 12 Décembre 2008 14:18 )  

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