Conformément à la loi Grenelle 2, des "Zapa" (Zones d'actions prioritaires pour l'air) vont être expérimentées à partir de 2012, et pour trois ans, dans huit grandes villes de France : Paris, Saint-Denis, Lyon, Grenoble, Clermont-Ferrand, Bordeaux, Nice et Aix-en-Provence. Objectif : instaurer des zones d'interdiction des véhicules polluants afin d'améliorer la qualité de l'air. Au bas mot, 10 millions de véhicules sont visés. Explications.
En quoi consistent les Zapa ?
Il s'agit de zones urbaines où l'accès et la circulation sont interdits aux véhicules les plus polluants. Cette interdiction peut porter sur des périmètres réduits (le centre-ville, certains quartiers touristiques par exemple) ou sur l'ensemble de l'agglomération. Par exemple, à Paris, la zone devrait s'étendre jusqu'au tracé de l'autoroute A86, super-périphérique qui forme une boucle complète jusqu'à 7 km autour de la capitale. L'interdiction peut concerner une seule catégorie de véhicules (les poids-lourds par exemple) ou toutes (deux roues, utilitaires et véhicules particuliers), et varier dans le temps (à certains horaires ou à certaines périodes comme l'été).
Quel est l'objectif ?
Réduire la pollution atmosphérique pour respecter les valeurs limites de la réglementation européenne, principalement celles relatives au dioxyde d'azote NO2 (gaz brun-rouge toxique suffocant dégagé par les véhicules qui n'ont pas de pots catalytiques) et aux particules PM10 (particules en suspension, sorte de micropoussières cancérigènes émises par les voitures). Les émissions de CO2 et de gaz à effet de serre ne sont pas concernés, puisqu'il s'agit uniquement d'améliorer la qualité de l'air que l'on respire, pas le réchauffement climatique. L'enjeu est avant tout sanitaire : l'Organisation mondiale de la santé estime que la pollution de l'air est à l'origine de nombreux problèmes en Europe (difficultés respiratoires, asthmes, troubles cardiaques, etc.). Les particules fines seraient ainsi responsables d'une diminution de neuf mois de l'espérance de vie des Européens.
La qualité de l'air est-elle si mauvaise en France ?
"La qualité de l'air extérieur s'est améliorée en France au cours des vingt dernières années pour certains polluants, notamment le dioxyde de soufre, le monoxyde de carbone, le plomb et le benzène, explique Joëlle Colosio, chef du service Qualité de l'Air à l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie). Mais les concentrations de particules fines et d'oxydes d'azote dans certaines grandes agglomérations sont encore trop élevées." On enregistre en effet régulièrement des dépassements des valeurs limites européennes, notamment du seuil de 35 jours de dépassements de la valeur limite journalière pour les particules fines. La plupart des villes qui vont expérimenter les Zapa sont visées par un contentieux européen pour non-respect des normes de qualité de l'air. Selon l'OMS, il y aurait 42.000 morts prématurées en France chaque année du fait de problèmes de qualité de l'air.
Quels sont les véhicules concernés par cette interdiction ?
La liste des véhicules interdits s'appuiera sur une nomenclature établie à partir des normes européennes. Le critère retenu est la date de mise en circulation du véhicule (juillet 2004 pour les deux et trois roues et quads, octobre 1997 pour les voitures personnelles, octobre 1997 et 1998 pour les utilitaires légers selon leur classe, et octobre 2001 pour les poids-lourds). Selon Le Parisien, 8 millions de voitures personnelles, 1,6 million de deux-roues et 300.000 poids lourds sont dans le viseur. L'ADEME estime que les véhicules polluants constituent encore 20% du parc automobile français.
Comment les véhicules polluants seront-ils repérés, et que risquent-ils ?
Les moyens de surveillance déployés sont la clé de la réussite du dispositif. Il existe deux façons de repérer les véhicules en infraction : la vidéosurveillance (c'est le cas de Londres où la lecture du numéro de la plaque d'immatriculation par les caméras renseigne sur la date de mise en circulation via la confrontation à une base de données) ou le contrôle visuel par la police (cas de l'Allemagne où une vignette collée sur le pare-brise renseigne sur la conformité). La vidéosurveillance est plus coûteuse mais aussi plus efficace. Selon Le Parisien, l'amende en cas d'infraction pourrait atteindre 68 euros.
Ces Zapa existent-elles ailleurs ?
Oui, et la France est à la traîne. L'interdiction d'accès à une ville pour les véhicules polluants, dispositif couramment désigné sous le terme de "Low Emission Zone" (LEZ), est à ce jour mis en oeuvre huits pays européens. La Suède a été le premier pays européen à l'expérimenter en 1996. D'autres pays européens ont suivi comme l'Allemagne et le Royaume-Uni depuis 2008. A ce jour, environ 180 zones à faibles émissions sont recensées.
Et cela marche ?
"Les exemples européens montrent que la mise en place de ces zones ont une réelle efficacité en termes de réduction de la pollution atmosphérique, indique Joëlle Colosio. L'effort n'est bien sûr pas suffisant pour faire disparaître totalement la pollution, mais cela participe vraiment à l'amélioration de la qualité de l'air." En Suède, pays pionnier en LEZ, les émissions de dioxyde d'azote ont diminué de 10%, celles de particules fines de 40%. En Allemagne, où 43 villes opèrent des zones à faibles émissions, la moyenne annuelle des émissions de particules fines a baissé de 2%.
(Source : L'Expansion)
NDLR : On l'a compris, les détenteurs de vieilles voitures n'ont qu'à éviter ces zones, sinon troquer leur "poubelle" contre un véhicule plus conforme afin de pouvoir circuler librement.
Si le but de la mesure est honorable (réduire la pollution), elle pénalise les plus modestes (Smicards obligés de prendre leur voiture pour aller travailler) qui n'ont pas les moyens d'acheter un véhicule récent et risquent, de surcroît, une amende de 68 € s'ils se font pincer dans ces "zones interdites". En parallèle, l'amélioration et le développement des transports en commun n'est toujours pas une priorité !
Ceci est d'autant plus injuste que les pauvres polluent moins que les riches : ils consomment moins, font durer les choses, les réparent. Ce sont eux qui souffrent le plus de l'obsolescence programmée dont les dégâts sur l'environnement sont considérables, et contre laquelle rien n'est entrepris. Au contraire, ceux qui ont les moyens d'avoir un véhicule "propre", de s'acheter des produits "bio" ou le lave-vaisselle dernier cri peu gourmand en énergie sont ceux qui peuvent également prendre l'avion plusieurs fois par an pour partir en week-end ou en vacances...
La pratique de l'écologie, dans sa version capitaliste qualifiée de "bobo", est un "tri sélectif" antisocial, plus ou moins coercitif, et visiblement réservé à ceux qui en ont les moyens.
La véritable écologie, ce n'est pourtant pas ça : elle doit se planifier et agir à la source (notamment auprès des industriels) au lieu de culpabiliser les consommateurs qui ne peuvent pas faire autrement. Elle doit être accessible à tous, et permettre à chacun de faire selon ses moyens.
SH
Aux dernières nouvelles, le projet Zapa est repoussé à 2013...
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