Heureux d'avoir préservé l'indépendance du régime d'assurance-chômage, les partenaires sociaux ont malgré tout conscience d'avoir entre leurs mains une coquille quasi vide depuis qu'a été actée la fusion de l'ANPE et des Assedic. Jeudi, lors du bureau de l'Unedic, ils ont pu prendre l'exacte mesure de ce qui allait advenir de l'organisme paritaire, amputé de son réseau Assedic et de ses 650 antennes à compter du 1er janvier 2009. La note de «réflexions sur l'organisation future de l'Unedic» qui leur a été transmise par la direction, n'a pas manqué de les inquiéter.
Sur les effectifs d'abord : selon la direction, le nombre de salariés employés par l'Unedic sera compris entre 100 et 200 à partir de 2009, contre 14.000 aujourd'hui. Les salariés des Assedic (environ 10.000) sont évidemment appelés à rejoindre le nouvel organisme, connu sous le nom provisoire de «France Emploi», pour assurer l'indemnisation des chômeurs. Mais des économies sont également attendues dans les services juridiques et de ressources humaines...
«C'est l'Etat qui décide»
Le partage des recettes (cotisations employeurs et salariés) entre l'Unedic et «France Emploi» est aussi contesté. Lors de la rédaction de la loi, en pleine crise patronale, les partenaires sociaux avaient accepté de confier 10% de leurs recettes à «France Emploi». En aparté, certains syndicats ne cachent pas leur sentiment de s'être «fait avoir» : «Nous aurions pu être plus vigilants», estime plus sobrement Alain Lecanu (CGC). De fait, indique la même note, les dépenses de l'assurance-chômage - hors indemnisation - ne représentent pas plus de 8,3% à 8,6% des sommes collectées. Certains syndicats estiment donc faire cadeau de 1,4% à 1,7% du montant des cotisations à «France Emploi», soit plus de 400 millions annuels.
Les partenaires sociaux sont d'autant plus inquiets qu'ils estiment avoir perdu nombre de leurs prérogatives au cours des derniers mois. De fait, malgré la garantie qui leur a été donnée de fixer librement les règles d'indemnisation, ils ne décident déjà plus grand-chose en matière d'assurance-chômage. La définition de l’«offre raisonnable d'emploi» leur a été imposée par le gouvernement il y a quelques semaines. Le transfert d'une partie des cotisations Unedic vers les caisses de retraite semble, lui aussi, non négociable. «On nous propose des pistes d'évolution, mais nous savons bien que nous n'avons pas la maîtrise des sujets. C'est l'Etat qui décide», résume Eric Aubin (CGT).
Prévue pour l'automne, la négociation sur la convention d'assurance-chômage sera d'autant plus modeste que les partenaires sociaux ont pris beaucoup de retard en raison de l'affaire de l'UIMM, et que les élections prud'homales du 3 décembre brident leur marge de négociation — les chômeurs étant, eux aussi, des électeurs.
(Source : Les Echos)
Articles les plus récents :
- 06/06/2008 14:14 - Les investisseurs étrangers créent de moins en moins d'emplois en France
- 06/06/2008 02:03 - Logement social : le Conseil de l'Europe critique la France
- 04/06/2008 17:57 - Des salariés de Bosch renoncent à leurs RTT
- 03/06/2008 14:56 - 13% de chômeurs aux Etats-Unis ?
- 03/06/2008 14:27 - 2% de «faux chômeurs» seulement
Articles les plus anciens :
- 02/06/2008 14:27 - Quatrième édition de la Semaine du Microcrédit
- 01/06/2008 17:24 - Sarkozy manipule les chiffres… et l’opinion
- 01/06/2008 17:17 - Un «droit opposable» à l'alimentation ?
- 01/06/2008 04:29 - Projet de loi sur les 35H : la CFTC dénonce un leurre
- 29/05/2008 17:19 - Produits alimentaires : les prix resteront élevés pendant au moins dix ans !