Travailler 48 heures par semaines, voire 60 heures, ou plus ? Alors que le président de la République Nicolas Sarkozy a décidé de sortir du «carcan» des 35 heures hebdomadaires au nom du slogan «travailler plus pour gagner plus», la durée du travail à la carte est dans l'air du temps. En effet, dans la nuit de lundi à mardi, après douze heures de discussions, les ministres de l'Emploi des 27 pays de l'Union européenne ont choisi de fixer les règles autorisant les Européens à travailler jusqu'à 60 heures ou 65 heures par semaine.
Les Britanniques ont déjà ouvert la voie avec l’«opt out» (lire en commentaire). D'autres pays de la communauté pourraient suivre, à condition que le Parlement européen donne encore son feu vert. Et c'est loin d'être assuré.
De quoi s'agit-il ? Cet accord conclu par les ministres européens (à la majorité) prévoit tout d'abord que le plafond hebdomadaire de 48 heures de travail reste la règle. En clair, c'est la durée maximale autorisée dans tous les pays d'Europe. En France, par exemple, bien que la durée légale soit fixée à 35 heures, un salarié peut être amené à effectuer jusqu'à 48 heures de travail (rémunérées en heures supplémentaires).
La nouveauté, c'est que l'accord prévoit de porter le temps de travail jusqu'à 60 ou 65 heures (dans certaines conditions) pour les salariés qui l'acceptent à titre individuel. Autrement dit, sur la base du volontariat. Des durées qui pourront être portées à 70 heures voir plus si les conventions collectives des pays concernés l'autorisent.
Ce texte a-t-il des chances de passer ? Il faut l'unanimité au Parlement. Si certains pays voient dans ce texte «des avancées sociales», d'autres à l'inverse sont très critiques comme l'Espagne, la Belgique, la Grèce, la Hongrie et Chypre et appellent à un arbitrage musclé du Parlement, qui doit se prononcer d'ici à la fin de l'année.
Dès hier, l'Espagne s'attelait à l'organisation d'un «front démocratique» contre un projet «rétrograde». «Nous sommes au XXIe siècle, dans l'ère de la conciliation du travail et de la vie de famille, pas à l'époque de l'exploitation et du semi-esclavage», pestait une représentante du Parti socialiste espagnol annonçant une mobilisation de son pays. Côté syndical, aussi. La Confédération européenne des syndicats (dont la CFDT et la CGT font partie) a jugé cet accord «inacceptable».
Un dossier chaud que Nicolas Sarkozy aura à traiter dès le 1er juillet, date à laquelle il prendra la présidence de l'Union européenne.
Cela va-t-il s'appliquer en France ? Non ! a juré Xavier Bertrand, qui a pourtant poussé à cet accord lors des discussions à Bruxelles. Le ministre du Travail s'est employé hier à rassurer les Français, en précisant que cette dérogation individuelle au temps de travail «n'est pas pour la France» où ce sont les conventions collectives qui priment. «La France n'a pas la vocation d'abandonner la moindre de ses garanties sociales», a-t-il conclu.
(Source : Le Parisien)
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