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La formation professionnelle, salut des seniors (et de tous les chômeurs)

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Pour une fois qu’un UMPiste profère des considérations sensées sur le chômage des «seniors» - considérés comme tels dès l’âge de 40 ans par le marché du travail -, cela mérite attention...

«Il est urgent de réformer un système dispendieux, complexe et de plus inefficace, pour le mettre au service des seniors», estime Jacques Kossowski, député-maire de Courbevoie, secrétaire national de l'UMP en charge de l'emploi des seniors.

On ne compte plus les dispositifs mis en place par les gouvernements successifs pour résoudre le problème de l'emploi des seniors : sensibilisation, incitation, obligation... Force est d'admettre que jusqu'à présent, tous se sont révélés inefficaces. Et si la solution était sous nos yeux ? D'un côté, de nombreux seniors sont démotivés dans des entreprises qui ne leur offrent aucune perspective d'évolution. De l'autre, plusieurs milliards d'euros sont investis dans la formation professionnelle, pour des résultats plus qu'incertains.

Il est temps de sortir de cette aberration en faisant des seniors la priorité de notre système de formation professionnelle continue. Chaque année, plus de 23 milliards d'euros sont consacrés en France à la formation professionnelle. Face à de tels montants, nous sommes en droit de nous demander : à quoi sert cet argent, et pour quels résultats ? Du côté des entreprises, les dépenses sont considérables - 8 milliards d'euros de cotisations obligatoires par an -, mais le taux d'utilisation est très insuffisant. Si la France est le pays d'Europe où les entreprises dépensent le plus dans ce domaine, seuls 45% des salariés bénéficient chaque année d'une formation, contre 60 à 70% dans d'autres pays. D'autre part, ce sont bien souvent ceux qui en ont le plus besoin qui en profitent le moins - seulement 25% des titulaires d'un BEP ou d'un CAP y ont accès. C'est dire l'ampleur du gaspillage humain et pécuniaire.

Lorsqu'une formation est effectivement financée, la vérité, c'est que les entreprises ont avant tout le sentiment de devoir rentabiliser les cotisations versées plutôt que de les utiliser à bon escient. Signe de ce désintérêt, la quasi-totalité d'entre elles n'assurent pas de suivi, d'évaluation ou de bilan de compétences à l'issue des formations payées à leurs salariés. Les salariés eux-mêmes ne sont pas dupes et restent sceptiques quant à l'utilité des formations suivies, souvent associées à des "vacances" bien plus qu'à un besoin professionnel réel servant leurs intérêts et ceux des entreprises.

Au niveau de l'Etat et des régions enfin, comment vérifier que cette manne financière est utilisée à bon escient ? Comme l'a souligné avec force la Cour des comptes, la complexité du système n'a d'égale que la difficulté d'accès aux informations sur les circuits financiers empruntés par les sommes collectées. Une situation qui semble dépasser l'Etat lui-même, dépourvu de tout moyen d'évaluer l'efficacité du dispositif. Pour l'économiste Pierre Cahuc, il s'agit bien d'un "système à la dérive".

Il est temps de mettre fin au gâchis, tant en termes de cotisations des entreprises que de dépenses publiques, en remettant à plat le système de formation continue. Pour ce faire, il faut se poser les bonnes questions en commençant par la plus importante : qui doivent être les destinataires prioritaires de la formation professionnelle ? A l'évidence les salariés les plus fragiles, c'est-à-dire les plus jeunes et les seniors. A travers l'apprentissage, les jeunes bénéficient d'opportunités qui leur ouvrent la porte de l'avenir professionnel. Cet effort indispensable doit bien sûr se maintenir.

La première décision à prendre c'est de faire des seniors, au même titre que les jeunes, le public prioritaire du système de formation. Aujourd'hui, 64% des entrepreneurs déclarent qu'il est plus difficile pour un senior de pouvoir évoluer sur de nouveaux postes. Mais leur en donnent-ils la possibilité ? Alors que les seniors sont les salariés qui ont les besoins les plus importants en matière de formation, il leur est quasiment impossible d'y accéder. La plupart des entreprises refusent d'investir dans la formation de personnels dont les perspectives de carrières leur semblent limitées, voire inexistantes. Ainsi, il est inadmissible que chaque salarié ne bénéficie pas obligatoirement à partir de 45 ans d'un bilan de compétences, d'évaluations régulières puis d'un plan de formation adapté pour évoluer.

Il est désormais urgent de réformer un système dispendieux, complexe et de plus inefficace. Pour y parvenir, nous disposons d'une énorme manne financière dégagée par les cotisations de formation. Sachons l'utiliser en concentrant l'effort de formation continue sur les seniors et en les plaçant directement au cœur d'un dispositif renouvelé.

(Source : La Tribune)

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Mis à jour ( Mercredi, 04 Juin 2008 21:51 )  

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